Dans la famille Fillon, on a du mal à trouver respectables les travailleurs qui "signent des lettres et réparent des ordinateurs" (sic).
Il y a des publications qui participent de l’unanimisme béat de l’opinion publique ou de ceux dont la parole compte assez pour être incluse dans ce concept flou. Elles donnent à quelques centaines de milliers de crétins l’impression de penser par eux-mêmes. Car penser par soi-même, ce n’est jamais que choisir entre différentes pensées ou, c’est le fin du fin paraît-il, choisir au cas par cas entre des approches incompatibles : sur tel dossier on préfère le Monde au Figaro et sur tel autre on choisit Libération ou, en se bouchant le nez, L’Humanité. La pensée autonome consiste ainsi en un « salmigondis de connaissances hétérogènes » comme dirait Marx (postface à la seconde édition du livre I du Capital), salmigondis dont la forme la plus pathologique se trouve peut-être dans l’éclectisme superficiel de journalistes qui, à force de faire comme s’ils comprenaient tout sur tout, font que personne ne comprend rien à rien.
Cet unanimisme des faiseurs d’opinion est l’un des fondements de la droitisation des esprits. L’accord sur les questions étant plus fondamental que l’accord sur les réponses, le premier pas vers la droite consiste à accepter les (fausses) questions constitutives de l’identité politique du camp patronal. C’est ainsi que la « gauche » en est venue à se transformer en une droite soft, proposant aux électeurs un libéralisme tiède comme solution alternative au libéralisme « sauvage ». Au passage elle a oublié les vertus révolutionnaires de ce même libéralisme qu’elle prétend adoucir, alors que les contradictions qu’il génère sont peut-être celles qui provoqueront l’explosion sociale dont on a besoin. Comme dit Marx : « En général, de nos jours, le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est destructeur. Il dissout les anciennes nationalités et pousse à l’extrême l’antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat. En un mot, le système de la liberté commerciale hâte la révolution sociale. C’est seulement dans ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange. » (Karl Marx, Discours sur le libre-échange, in Œuvres I, Economie I, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade. Edition numérique sur : http://www.marxists.org/francais/marx/works/1848/01/km18480107.htm)
Dans ce paysage logocide, passez-moi le néologisme, Le Point ne fait pas pâle figure. Lire la suite →
28 janvier 2011
Catégories : Actualité, La France, politique française . . Auteur : Marc Harpon . Comments: Laisser un commentaire