Interview d’Alain Badiou sur FR3

Je dors chez une amie, je squatte son ordinateur (entre autres), j’ai été piller la FNAC des halles, il y a un vendeur chilien que je vous recommande…. je suis en train de lire le livre de Badiou: » de quoi Sarkozy est-il le nom? ». A ne pas rater mais cela me confirme qu’après ZIZEK et d’autres, il y a la recherche de nouvelles voies vers l’engagement. Bonne nouvelle. Mais comme il y manque une perspective politique, nous risquons  un nihilisme-marxiste-lacanien… Vaut mieux ça que la mélasse ordinaire…Vraiment à lire, roboratif.. Ca fait du bien après la bouillie qui nous tient lieu de pensée depuis quelques temps, les mauvais journalistes qui se baptisent philosophes, et se balladent ce qui leur tient de coeur en écharpe, dieu qu’il est bon de retrouver quelqu’un qui appelle un chat un chat et un fripon, un fripon et qui dans le même temps est juché « sur les épaules de géants » Marx, Lénine, Hegel mais aussi Platon… En ce qui me concerne il a réussi à me convaincre de ne pas aller voter aux prochaine municipales à marseille, comme il le dit à propos de l’élection présidentielle: »j’ai souligné le peu de foi qu’il convient d’accorder à cette procédure irrationnelle, et analysé sur le vif les conséquences désastreuses du fétichisme parlementaire qui nous tient lieu de « démocratie ».  Il ne m’a convaincue que parce que j’étais un esprit préparé sur lequel le hasard fut-il d’une lecture produisait rencontre et découverte… je vous les souhaite… En attendant de lire cet irremplaçable livre, dégustez cet interview de l’auteur.

Danielle Bleitrach

Alain Badiou/ Frédéric Taddéï

à propos de la sortie de son livre :

De quoi Sarkozy est-il le nom ?

25/10/07 France 3

FT Vous êtes le penseur le plus critiqué actuellement, peut-être aussi le plus redouté Alain Badiou. On vous redoute peut-être à cause de votre influence. Vous êtes quelqu’un qu’on ne voit pas à la télévision, vous ne touchez pas le grand public habituellement mais vous avez de l’influence sur les étudiants, sur les intellectuels. Vous êtes professeur de philosphie à Normale-Sup, vous avez des séminaires de philosophie dans toute l’Europe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et on vous compare à Robespierre et à Saint-Just, souvent. On vous accuse d’être le dernier penseur révolutionnaire….

AB Je n’ai quand même fait couper aucune tête

FT Pas encore, pas encore, disent vos adversaires…

AB C’est une comparaison qui à certains égards est honorable pour un penseur d’aujourd’hui. Vous dîtes que je suis redouté, tant mieux peut-être, je ne m’en rends pas vraiment compte, pour le moment je développe mon œuvre, je développe ma pensée, je dis ce que je crois être vrai… c’est ma fonction de philosophe

FT Quand on vous compare à Robespierre et à Saint-Just, vous savez bien ce que ça veut dire Alain Badiou, c’est qu’on dit que vous seriez capable de faire couper des têtes et que finalement dans vos écrits, il y a peut-être ça

AB Je n’ai pas l’impression que quand les gens lisent mes écrits ils ont la pulsion immédiate de couper des têtes. Ce sont pour la plupart des œuvres assez complexes, philosophiques, conceptuelles, plutôt dans la tradition de Platon ou de Descartes ou de Hegel et après tout la vérité est toujours quelque chose d’un peu redoutable, c’est peut-être elle qui fait peur, plutôt que moi.

FT Vous annoncez, est-ce la vérité ? le retour de la violence, est-ce que ça veut dire que vous la souhaitez ?

AB Je n’annonce pas le retour de la violence. Je dis que la violence est au présent. Ce n’est pas la même chose. Contrairement à ce qui est dit, notre société est une société de violence. Je suis lié quotidiennement à des ouvriers sans papiers des foyers, ils vivent dans le climat permanent de la violence qui leur est faite. Notre société n’est nullement pacifique, le monde l’est encore moins. Des guerres extrêmement sanglantes et violentes se déroulent sur le continent africain, en Irak, en Afghanistan, etc… Je constate simplement que la violence est là. Et on ne peut pas faire comme si elle n’était pas là par conséquent aussi bien en politique qu’en philosophie, il faut réfléchir à cette présence de la violence , à son devenir

FT Vous laissez entendre Alain Badiou qu’à cette violence que subissent les opprimés ils vont répondre par une violence encore plus grande

AB Ecoutez, ce n’est pas exactement ce que je dis mais je crois que d’une façon générale les opprimés n’ont qu’une seule arme , c’est leur discipline. Ils n’ont rien, ils n’ont pas d’argent, ils n’ont pas d’armes, ils n’ont pas de pouvoir. La seule force qu’ils puissent avoir c’est celle de leur organisation et de leur discipline. Ce n’est donc pas tant à la violence que j’appelle qu’à l’organisation, à la cohésion et à l’unité.

FT On vous a soupçonné aussi d’antisémitisme. On vous a reproché entre autres d’avoir organisé un séminaire sur le mot juif

AB D’abord factuellement c’est un mensonge pur et simple : je n’ai organisé aucun séminaire sur le mot juif et deuxièmement je voudrais être un peu grave là dessus : l’accusation d’antisémitisme à mes yeux est une calomnie absolument insupportable. Ce n’est pas un mot que l’on peut manier comme ça comme « dogmatique », « sceptique », ou etc… C’est une véritable insulte et je tiens à dire que quiconque dit que je suis antisémite sera considéré par moi comme quelqu’un qui m’insulte.

FT Vous publiez un livre Alain Badiou qui s’intitule « De quoi Sarkozy est-il le nom ? » Ce n’est pas une question que vous posez, ce n’est pas un livre de plus sur Nicolas Sarkozy. Donc on peut tout de suite répondre à la question. De quoi pour vous sarkozy est-il le nom, il est le nom de la peur et de la guerre. Alors la peur de qui ? et la guerre contre qui ?

AB Alors je pense qu’il est le nom d’une société qui a peur en effet et qui demande qu’on la protège. Je sens dans cette société la demande d’un maître protecteur qui sera justement capable d’user aussi de violence contre ceux dont vient la peur. Cette peur vient à mon avis de ce que la France est aujourd’hui après une longue histoire glorieuse, après tout , est aujourd’hui une puissance moyenne dotée de privilèges et de richesses considérables mais c’est une puissance moyenne dans un monde qui est dominé par des colosses émergeants comme la Chine ou l’Inde ou des puissances considérablement plus fortes comme les Etats-Unis. Par conséquent l’avenir de la France est incertain. Nous ne savons pas où va ce pays. Il sait qu’il a un grand passé mais il doute qu’il ait un grand avenir. Et ça crée un sentiment de peur, un sentiment de refermement , une demande de protection et Sarkozy est un des noms de ce phénomène. Le vote pour Sarkozy est une demande de protection.

FT Et la guerre ?

AB Et la guerre, alors là je pense qu’il y a une double guerre aujourd’hui, il y a une guerre menée à l’extérieur on voit de plus en plus nettement que Sarkozy c’est aussi le ralliement progressif de la France aux guerres qui sont menées dans le monde , l’engagement en Afghanistan, la soumission aux Américains dans les guerres qu’ils entreprennent notamment en Irak et que la guerre intérieure, c’est une guerre renforcée contre les plus faibles.

FT C’est à dire ?

AB C’est à dire ceux qui n’ont pas de papiers, ceux qui n’ont pas d’argent, ceux dont le travail est dur et ingrat, ceux qui viennent d’ailleurs parce qu’ils ne peuvent pas vivre là où ils sont, tous ceux là on va les ficher, leur demander des règlements nouveaux, les soumettre à des lois oppressives. La loi CESEDA sur la condition du séjour des étrangers est une loi que je n’hésite pas à qualifier de scélérate, c’est une loi de ségrégation, c’est une loi de persécution et il faut en demander l’abrogation. Sarkozy est le nom de tout cela. Après tout, avant d’être candidat aux présidentielles il a été longuement le chef général de la police.

FT Ministre de l’intérieur …

AB Voilà…

FT La peur, vous dîtes : c’est le pétainisme. On nous rejette toujours le pétainisme. Il s’est arrêté un jour le pétainisme ? Ou est-ce qu’il est là depuis toujours ?

AB Le pétainisme est une donnée fondamentale de la France à mon avis depuis la Restauration de 1815. Le pétainisme ce sont des gens qui préfèrent la vassalisation aux troubles intérieurs, c’est la réaction de gens qui ont peur de ce qui se passe à l’intérieur du pays et qui pour parer à cette peur acceptent des contraintes, des ségrégations ou des persécutions nouvelles. C’est ça le pétainisme dans sa signification la plus générale. Dans le cas de Pétain, c’est particulièrement prononcé parce que c’est évidemment les gens qui avaient eu une peur terrible du front populaire qui ont finalement préféré l’occupation allemande à la continuation de la lutte. Mais de manière générale, le pétainisme c’est ça, c’est la politique de la peur. Je pense que Sarkozy en est un représentant soft.

FT Alors Alain Badiou vous avez une théorie de « l’invariant ». On ne va pas rentrer dans les détails, c’est un peu compliqué on va laisser ça à ceux qui lisent vos livres. Néanmoins, il y a « l’événement », vous attendez les évènements. Les évènements plus importants que d’autres. En France, on pourrait dire que le dernier événement important ça a été Mai 68 à vos yeux…

AB A titre d’événement interne, je pense, oui…

FT Vous attendez le prochain. Comment va-t-on reconnaître cet événement ? Celui qui se prépare d’après vous ?

AB Oh vous savez, je ne sais pas si un grand événement se prépare de façon immédiate. Avant de préparer les évènements à venir, il faut être fidèle à ceux du passé. C’est à dire il faut être fidèle par exemple à mai 68 et donc s’opposer à une thèse fondamentale de Sarkozy qui est comme vous le savez qu’il « faut en finir avec mai 68 une fois pour toutes ». Nous pouvons opposer « être fidèle à ce qui a été enseigné de nouveau pendant mai 68 ».

FT Je vous interromps mais en mai 68 il y avait une tendance libérale-libertaire, plutôt bourgeoise, j’imagine que vous n’êtes pas favorable à cette tendance là ? Vous étiez plutôt de la tendance marxiste-léniniste, maoiste.

AB Oui. J’étais d’une tendance qui cherchait une liaison, une unité entre les intellectuels, les étudiants et les ouvriers et les gens du peuple, certainement. Je pense encore aujourd’hui que c’est de cette unité possible que dépendent les évènements véritables. D’un point de vue interne, c’est toujours de nouveaux trajets dans la société elle-même. C’est la rencontre entre des gens qui d’habitude ne se rencontrent pas. Mai 68, ça a été ça à grande échelle la rencontre entre des gens qui dans la vie sociale régulière ne se rencontrent pas. Et c’est cette rencontre qui fait l’événement. Tout événement est une rencontre. L’événement amoureux c’est une rencontre. L’événement historique aussi est une rencontre. La rencontre de gens qui n’ont pas l’habitude de se rencontrer.

FT Là ce serait qui, maintenant ?

AB Je pense que ce serait une partie de la jeunesse, des intellectuels, des petits salariés français et puis de ceux qui sont les persécutés premiers c’est à dire les gens de provenance étrangère, et puis ceux qui n’ont aucun travail.

FT Ce sont eux, pour vous les Sans-culotte de la prochaine révolution, ce seraient les immigrés, en particulier les clandestins, les sans-papiers, les réfugiés ?

AB Je ne sais pas si la prochaine révolution aura des sans-culotte. Rien ne se répète comme tel mais en tous cas, c’est ceux qui n’ont rien qui sont le plus capables de devenir tout. L’Internationale chantait cela, nous ne sommes rien, soyons tout. Je pense que n’être rien, devenir tout, c’est cela l’événement. Ceux qui n’étaient rien, qui n’existaient pas, qui n’apparaissaient pas, tout à coup on constate qu’ils sont là et qu’ils occupent une position essentielle.

FT Vous citez l’Internationale et votre livre se termine par cette prophétie, l’avenir pour vous c’est le communisme. Alors le communisme est-il pour vous celui de Lénine, celui de Mao, c’est le même ?

AB Non je pense que c’est un communisme en un sens général et invariant. Au fond j’appelle communisme, et c’était déjà le sens que lui donnait Marx au début, une société qui est délivrée de la règle des intérêts. Une société dans laquelle ce qu’on cherche, ce qu’on fait, ce qu’on veut n’est pas réglé de bout en bout par les intérêts individuels ou les intérêts de groupe. C’est ça le communisme. Le communisme c’est aussi la société où tout le monde est polyvalent. C’est à dire où il n’y a pas de division du travail organisée entre ceux qui sont intellectuels, riches etc… et ceux qui sont en bas. C’est une société où tout le monde fait un peu toutes choses. Le communisme c’est le nom de cela. De ce point de vue il existe peut-être depuis très longtemps. Je pense que dans la révolte des esclaves contre les Romains, la révolte de Spartacus, il y avait déjà un élément de communisme. Il y avait déjà la revendication que l’on compte tout le monde, que tout le monde existe dans une figure égalitaire et ça c’est une idée, ça n’a pas à être un programme mais sans cette idée, je pense que la vie politique n’a aucun intérêt. Elle n’a aucun intérêt parce qu’elle consiste à savoir comment on va négocier entre les intérêts des uns et des autres.

FT Vous ne croyez pas au suffrage universel ?

AB Le suffrage universel à mon avis est comme toute chose. Il faut le juger non pas du point de vue de sa forme mais du point de vue de son contenu. Je voudrais rappeler par exemple que c’est tout de même une assemblée tout à fait régulière qui a investi le maréchal Pétain en 1940, c’est une assemblée régulière qui a désigné Hitler dans l’Allemagne de Weimar. Le suffrage universel ça peut avoir des résultats tout à fait intéressants et ça peut avoir des résultats désastreux. Donc moi je juge sur pièces.

FT Le communisme, c’est la même chose, c’est une idée..

AB Evidemment

FT On l’a jugée sur pièce à la hauteur des cadavres, des prisonniers, des goulags…

AB Mais le communisme-léninisme a eu une formule particulière. Il ne s’est pas du tout résumé à ce dont je parlais. Il a proposé une formule de l’Etat. Il a proposé que le parti unique domine l’Etat. Ça a été le moyen de la victoire de l’insurrection en 1917 mais nous ne sommes plus en 1917. Nous n’avons pas les problèmes immédiats de victoire de l’insurrection, nous sommes délivrés de cette figure du communisme et nous pouvons revenir à ce que j’appelle le communisme générique, c’est à dire le communisme comme idée régulatrice de l’action.

FT Mais ce communisme là appelle un homme nouveau. On sait aussi que des communistes ont pensé l’homme nouveau en tous cas c’est comme ça qu’on explique le génocide des Khmers rouges par exemple. Est-ce que vous pensez que ce communisme dont vous rêvez nécessite un homme nouveau ?

AB Je ne pense pas du tout. Je pense qu’il faut faire avec les hommes tels qu’ils sont. Avec la capacité des hommes tels qu’ils sont. S’opposent deux visions de ce dont l’homme est capable. En réalité dans le capitalisme modernisé, la conviction est que l’homme est principalement capable de poursuivre ses intérêts. Et le communisme c’est au fond l’idée que l’homme est aussi capable d’autre chose. Il est capable de désintéressement, il est capable d’une organisation sociale qui a d’autres buts que celui de la perpétuation de sa puissance. Je pense que c’est avec cet homme capable de cela qu’il faut faire et non pas en forgeant un mythique homme nouveau.

9 commentaires

  1. Très agréable d’entendre ce monsieur. On croirait lire un interview de Marcuse encore en vie.

    La satisfaction des besoins intellectuels de l’homme en opposition à la notion de profit universalisée.

    Je cours acheter son livre!!!

  2. En fait ce que je cite de lui, à savoir son refus de continuer de participer aux élections est du pur Spinoza. Il en arrive à l’idée c’est tout le thème de son livre que ce que nous appelons la démocratie, essentiellement le vote est l’équivalent de ce que Sinoza définit comme « la servitude », c’est-à_dire la puissance des affects et l’impuissance de la raison.
    Si, toujours selon Spinoza, le domaine du politique c’est la paix et la sécurité, il (Badiou) démontre que le vote Sarkozy repose sur un double affect de peur (peur du bourgeois face à tout ce qui menace son ordre) et une peur parallèle, peur haine de ce qu’il représente mais peur impuissante à la Ségolène, peur de bobo… Ce sont ces affects là qui aboutissent à la recherche d’un bon tyran, d’un bon maître… Et qui nous donnent cet individu inculte agité de tic, lui-même en proie à la peur.
    Badiou et c’est pour cela que je parle de nihilisme politique nous jette hors sécurité, hors paix, face à la violence, l’illusion de la procédure démocratique n’est qu’une servitude parce qu’elle est impuissance de la raison.

    ce n’est pas du marcuse.
    Danielle Bleitrach

  3. Très bien cette interview que j’ai moi-même relayée sur une liste et sur un site. Cependant, il faut articuler tout cela avec les urgences du court terme sans quoi cela risque fort de demeurer une vision haut de gamme réduite à l’impuissance faute d’offrir aussi de sperspectives susceptibles d’être matérialisées et donc palpables rapidement et concrètement dans la vie des gens. Sinon tout semble toujours remis à un hypothétique « grand soir » qui quand bien même celui-ci reste un objectif incontournable, n’en demeure pas moins un horizon finalement assez désespérant pour le cmmun des mortels car en tant que tel il recule à mesure que l’on avance en croyant s’en rapprocher !!!

  4. Mon courriel du 6 novembre aux amis :

    En ce qui me concerne, et en parallèle du texte d’Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau sur les murs, un moment rare de connivence.

    A lire absolument

    ‘’L’hypothèse de l’émancipation reste l’hypothèse communiste’’.

    Entretien entre Rosa Moussaoui pour ‘’l’humanité’’ et Alain Badiou.
    Pages 12 et 13 de ‘’l’humanité’’ de ce mardi 6 novembre 2007.

    Suite à son dernier bouquin ‘’De quoi Sarkosy est-il le nom ?’’ Nouvelles Editions Lignes, 2007, que je m’en vais acheter et lire…

    je poursuis aujourd’hui,

    afin d’orienter, densifier un peu mieux mon et notre cheminement commun, communiste.

    Maurice Lecomte

  5. bonjour,

    Merci de votre interet pour Badiou,
    sa traversée du desert semble achevée,pour des raisons inconnues,l’air du temps ou bien les medias sont ils en manquent de “nouveaux philosophes” ?
    Il est pourtant present sur le terrain et l’Internet depuis des années par le site: l’Organisation politique (travailleurs des foyers):

    http://www.orgapoli.net/

    Dans la serie des textes ou auteurs inconnus ou maudits, au niveau des perspectives strategiques concretes immediatement operatoires; 2 contributions parmi d’autres, sont accessibles et meritent d’etre connues :

    l’APPEL (sous le manteau depuis 2005 ?) :

    http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=16018#I

    Une politique pour le XXIème siècle

    Par Jean Zin, mercredi 7 novembre 2007 à 19:00

    http://jeanzin.fr/index.php?2007/11/07/118-une-politique-pour-le-21eme-siecle

  6. Cette interwiew,sans doute poussée un peu plus loin et dans d’autres directions que l’entretien,que j’avais pu lire dans l’huma du 6 nov. complète l’image que je me faisais d’A.B.,Et je constate depuis quelques semaines,comme une volonté de faire resortir de l’ombre certains philosophes matérialistes,le choc prévisible de la mainmise idéologique du pouvoir, semble créer comme un sursaut,c’est en une semaine la deuxieme fois qu’est cité Slavoj Zizek,que j’avais eu l’occasion de découvrir voici quelques temps.Un vrai débat philosophique sur l’hypothèse communiste est-il en train de s’ouvrir?En tout cas je partage sur l’idée du principe de discipline de la vérité,et du processus lui même.
    Je partage ton analyse sur Marcuse,qui pour moi n’est pas une référence,même si je respecte ses travaux…

    Tu devrais venir nous voir de temps en temps au Pigeon..où nous apprécions tes écrits.

    Fraternellement

    Roger bretagne

  7. je suis allée faire un tour sur les sites recommandés par Vladimir, il y a partout des tentatives d’expérimentation sociale. Mais de ce point de vue aussi, je suis marquée par Spinoza que l’on peut considérer comme un démocrate et un républicain dans un temps où cela n’avait rien d’évident. Même dans les pays bas où il résidait, Guillaume d’Orange après l’assassinat des frères de Witt, avait instauré un pouvoir monarchique. Et qui pourtant examine quelques systèmes de pouvoir et propose d’apprfondir ce qui a déjà été réalisé plutôt que de chercher la nouveauté. Ce que je veux dire est que nous n’avons pas examiné à mes yeux suffisamment les causes de l’échec…
    C’est d’ailleurs pour cela que je préfère cet interview que celui de L’huma mené par Rosa Moussaiou, je le trouve insatisfaisant plus prétentieux et de ce fait plus en surface. Badiou énonce par exemple ce qui est un peu une tarte à la crème, à savoir que l’organisation léniniste est bien pour prendre le pouvoir, mais après ça ne va pas… je trouve ça un peu rapide, ce n’est pas la faute à Badiou mais l’interview aborde des questions trop complexes pour une initiation (ce que fait trés bien l’interview de FR3)et donc nous laisse sur notre faim avec de pareilles affirmations. La question de L’Etat mériterait d’autres développements.Ou on l’aborde, et on la traite à fond, parce que c’est vraiment un des problèmes essentiels. Cuba, la Chine, Chavez, tous sont confrontés à un problème, celui de l’appropriation des ressources nationales en vue d’un développement endogène. Que l’on m’explique comment on arrive à ce développement endogène sans l’Etat ? Le dernier congrès du PCCh a vu s’affronter d’une manière sourde diverses fractions dont certaines aimeraient bien pousser jusqu’à la fin de la proprité d’Etat, des collectivités, en finir avec la planification.
    Quand comme l’humanité on titre un intéressant dossier sur ce Congrès et sur la Chine en affirmant que la Chine est capaitaliste, alors que tous les articles de spécialistes de ce dossier montre l’existence d’nejeux, de luttes, y compris de luttes sociales, autour du pouvoir d’Etat, du développement endogène et d’une répartition plus égalitaire des ressources, ce que le Congrès définit comme « l’harmonie ».
    Donc je trouve malsain que sur des questions aussi centrales on aborde de manière aussi superficielle la discussion. Ou on fait de la vulgarisation comme FR3 et c’est juste, ou on entame un dialogue entre communiste et là il faut se respecter : on ne peut pas poser comme ça la question de l’Etat.

    Je crois qu’il y a un besoin urgent de réflexion, le vide intellectuel est abyssal, et c’est magnifique que certains sortent du placard, mais pour moi il y faut encore une étape, que s’ouvre un vrai dialogue à partir des questions qui nous sont posées, que faire? D’ailleurs je trouve que badiou mouille la chemise à partir de son analyse sur le prolétariat et sur la fin des institutions dites démocratiques.
    Danielle Bleitrach

  8. Je trouve Alain Badiou beaucoup moins proche de Marcuse que de Marx dans « La critique de la philosophie du droit de Hégel »…

    La notion qu’il développe de la démocratie – « le contenu » – me paraît être tout simplement la vieille (dans le sens basique) idée marxiste de la traduction (dans une forme particulière de l’Etat) du rapport des forces en contradiction.

    Lorsque le rapport des forces penche en faveur du capital, « le contenu » de la forme démocratique de l’Etat est différent (jusqu’à la limite où il y a remise des pleins pouvoirs à Pétain) du contenu lorsque De Gaulle est contraint à intégrer des ministres communistes à la Libération.

    Bref, les propos de Badiou sont intéressants dans la mesure où ils désacralisent la « démocratie » et nous rappellent de que disait Marx à propos de la religion (et là on peut y assimiler la démocratie): « exiger qu’il renonce aux illusions sur sa situation c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions »…

    Quant au statut de la philosophie et s ajustification historique de la domination de classe (voir Althusser) je ne peux m’empêcher de citer encore Marx dans le même ouvrage: « la tête de cette émancipation est la philosophie, son coeur le prolétariat. La philosophie ne peut se réaliser sans abolir le prolétariat, le prolétariat ne peut s’abolir sans réaliser la philosophie ». Il y a donc du pain sur la plache ! Mais çà on le savait !

    Enfin, bien d’accord avec Alain Badiou sur l’idée de la seule force et donc la nécessité de « discipline et d’unité » révolutionnaire ».
    Je vais acheter le livre de Badiou le plus tôt possible !

    NOSE

    Quant au statut

  9. Pour aller plus loin un intéressant dossier sur semimarx « Autour de Alain Badiou » : http://semimarx.free.fr/rubrique.php3?id_rubrique=25

    N’est ce pas troublant que deux des plus intéressants penseurs qui se revendiquent encore du communisme et de Marx, je veux parler de Badiou et de Losurdo, soient tous les deux issus du mouvement maoïste?


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