Le peuple grec résiste aux attaques de la troïka, par Afrodity Giannakis

  

Les manifestants de la Place Syntagma.

source : Green Left Weekly, 29 Octobre 2011

traduit de l’anglais par Marc Harpon pour Changement de Société

Une diminution de 50% d’une partie de la dette grecque a été décidée par un sommet de dirigeants européens le 26 Octobre. L’accord implique que des mesures d’austérité à long terme soient imposées au peuple grec.

Des représentatnts de la « troïka » (L’Union Européenne, la Banque Centrale Européenne, et le Fond Monétaire International- FMI) seront en poste permanent dans tous les ministères grecs pour superviser la façon dont les politiques seront menées.

S’ils arrivent à l’imposer à la Grèce, cette nouvelle forme d’occupation pourra s’étendre à d’autres pays.

Pendant ce temps, le peuple grec résiste. Il montre, par ses actions, que le gouvernement du Mouvement Socialiste Panhéllénique (PASOK) n’a pas de mandat populaire pour mettre en oeuvre les politiques de la troïka.

Ces dernières semaines, il y a eu de nombreuses manifestations contre les décisions du gouvernement. De nombreux syndicats y ont pris part.

Parmi les manifestants, il y avait des fonctionnaires, des clochards, des chauffeurs de taxi, des dockers, des douaniers, des avocats, des employés de banque, des professeurs, des journalistes, des médecins hospitaliers, des petits commerçants et des employés du commerce.

Il y a également eu une vague de sit-ins d’étudiants du secondaire et de l’université.

Les manifestations populaires ont pris de multiples formes : grèves, arrêts de travail, manifestations, occupatrions de bâtiments officiels et défilés de véhicules avec entre autres des ambulances, des camions de voirie et des taxis.

L’objectif principal des manifestants a été de se débarasser du gouvernement et de la troïka.

Les manifestations ont atteint leur apogée avec deux journées d’action du monde du travail les 19 et 20 Octobre, coïncidant avec le vote par le parlement de nouvelles mesures contre les manifestants.

Ces manifestations intervenaient après une série d’attaques brutales contre le niveau de vie des grecs ces dernières années. Les pires mesures ont été introduites ces deux dernières années- c’est-à-dire depuis l’intervention prédatrice de la troïka en Grèce.

Les nouvelles lois comprennent des baisses sans précédent- allant jusqu’à 50%- des pensions et des salaires du secteur public.

D’autres régulations dans la loi font que les augmentations de salaire dépendent de promotions. Il y a six échelons de rémunération.

La montée en grade est décidée par des évaluations. L’évaluation est subordonnée à la réalisation de certains objectifs, de même qu’à l’appréciation de la conduite des employés par leurs supérieurs.

La loi stipule que seulement un certain pourcentage d’employés par bureau pourra monter à la fois à l’échelon supérieur. Ces dispositions constituent une attaque insidueuse contre la dignité et le sens de la solidarité des gens.

La loi affecte aussi le secteur privé. Elle inclut un article qui autorise les accords par entreprise au détriment de l’Accord Général National Collectif.

Comme toujours, les mesures anti-ouvrières dans le secteur public sont accompagnées ou suivies par l’érosion des droits des travailleurs dans le secteur privé.

Cela réfute l’idée que les fonctionnaires sont un groupe « privilégié », dont les intérêts sont différents de ceux des travailleurs du secteur privé.

Ce point de vue a été intelligemment cultivé par les gouvernements et les médias durant de nombreuses années. L’objectif a été de monter les gens les uns contre les autres dans le but de mettre en oeuvre plus facilement des mesures anti-ouvrières.

La participation à la mobilisation de deux jours du monde du travail a été très élevée, dépassant les 90% dans certains secteurs. C’étaient le taux de participation le plus élevé dans une grève et les plus grosses manifestations de travailleurs depuis la fin de la dictature en 1974.

Les manifestations à Athènes se sont déroulées à l’extérieur du parlement et dans la zone voisine de la Place Syntagma.

Les militants du PAME, l’organisation de travailleurs du Parti Communiste de Grèce (KKE); étaient rassemblés à l’extérieur du Parlement depuis le début du jour le 20 Octobre.

Tenant des bâtons et portant des casques, les membres du PAME se sont assurés que personne ne pourrait s’approcher du Parlement.

Comme l’a dit un dirigeant du KKE le jour suivant au parlement, les membres du PAME étaient là pour empêcher l’action militante d’autres manifestants. Cela coprrespondait à la cconviction de la direction du KKE que la situation n’est pas encore mûre pour le changement politique.

Aux environs de 15h00, le contingent du PAME a été attaqué par un groupe d’environ 400 manifestants armés de pierres, de morceaux de bois et de cocktails molotv. La réponse des membres du PAME a été féroce.

Des dizaines de personnes des deux côtés ont été sérieusement blessées. C’est par pure chance uniquement qu’il n’y a pas eu de morts.

Un homme de 53 ans est décédé plus tard d’une crise cardiaque. Le décès a été attribué à l’inhalation de gaz lacrimogène.

Le plus probable est que la mort de ce monsieur a été provoquée par l’utilisation violente de produits chimiques contre le peuple par les forces du gouvernement.

En dépit de l’agitation et du décès, les députés, à l’intérieur du parlement, ont continué à suivre leur ordre du jour.

Les 153 députés du PASOK ont voté en faveur du projet de loi. Un parlementaire PASOK qui a voté contre l’article concernant les accords par entreprise a été exclu du parti.

Les députés du PASOK n’ont pas tenu compte de la revendication populaire de renverser le gouvernement, la troïka et les mesures d’austérité. D’autres partis conservateurs ont voté contre la loi, prenant en considération l’opposition du peuple.

Les manifestations ont provoqué l’inquiétude du gouvernement. En conséquence, certains de ses représentants ont fait des déclarations demandant aux gens d’être compréhensifs.

Toutefois, le gouvernement du Premier Ministre George Papandreou s’accroche au pouvoir et essaie de remplir sa mission délétère. Les minisitres du gouvernement décrivent celle-ci comme le « salut » de la Grèce.

Le gouvernement opte pour le soutien à ses alliés au sein du grand capital national et international, par des choix qui détruisent les vies de la vaste majorité du peuple grec.

Certains élus, y compris les parlementaires, ont ouvertement déclaré qu’ils étaient prêts à en assumer le coût politique.

Celui-ci est énorme. Le PASOK a une côte de popularité de 10% dans les sondages.

Les mensonges du gouvernement ne parviennent plus à convaincre. Ses actions sont éloquentes. L’effet de ses politiques sur les vies des gens est terrible.

Les effets de la crise financière et des mesures d’austérité ont conduit à une augmentation de 10% des suicides en Grèce, plaçant le pays en tête des pays européens en la matière. Les désordres psychologiques ont augmenté de 25%.

Les politiques du gouvernement ont rapidement démantelé l’économie, augmenté le chômage, la pauvreté et la misère. Elles entament sévèrement les droits des travailleurs, imposent des taxes insupportables, détruisent la santé, l’éducation et d’autres services sociaux.

La violence d’Etat et la rt$épression ont atteint des niveaux inédits. La répression est nécessaire pour imposer des mesures impopulaires.

Ces deux dernières années, il y a eu une augmentation de 5% des effectifs de la police et de 2,1% de ceux de l’armée. Dans le même temps, les travailleurs du reste du secteur public perdaient leurs empolois.

Au lieu de taxer les plus aisés, le gouvernement continue à transférer l’argent des pauvres vers les riches. Les Banques ont reçu récemment plus de 100 millions d’euros.

Le gouvernement a violé la constituition de multiples façons. La prise de décisions qui dureront des années après la fin de l’administration du PASOK n’est qu’un exemple de cela.

La crise de la dette est utilisée comme un prétexte pour vendre la Grèce et son peuple aux enchères. C’est pourquoi la troïka dévaste le pays et prive les travailleurs de toute protection.

Le peuple grec résiste aux politiques en cours et à toutes les politiques similaires qu’on leur garde en réserve. Toutefois, il n’a pas trouvé de moyen efficace de réussir dans sa lutte.

La gauche doit répondre à beaucoup de questions à ce sujet. Dans cette période de crise, avec la chute radicale de la popularité des deux grands partis, la gauche aurait pu gagner la confiance du peuple.

Elle aurait pu mener des luttes victorieuses. Pour cela, l’unité et l’élaboration de tactiques appropriées sont décisives.

Nous allons probablement au devant d’une lutte longue et difficile. Le but devrait être de se débarasser de ce système inhumain qui montre maintenant ses limites de façon si criante.

Dans la situation présente, les gens sont capables de le comprendre. Les conditions objectives sont mûres, mais la gauche n’est pas à la hauteur de la tâche.

Les problèmes quotidiens des gens ordinaires de pays différents créent un potentiel pour une action coordonnée. L’ennemi est le même pour tous.

Aujourd’hui, cela pourrait créer des formes d’unités inattendues.

Les choses ne se feront pas toutes seules, toutefois. L’organisation consciente et l’action militante unie sont une condition sine qua non pour remporter cette bataille.

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