Comment pouvons-nous analyser le monde qui nous entoure et auquel nous participons totalement ?

COMMENT POUVONS-NOUS ABORDER LA GEOSTRATEGIE COMME COMMUNISTES ?

Il n’y a pas de point de vue de Sirius qui nous permettrait de juger de l’extérieur. Alors comment arriver à la fois à une connaissance de la réalité et à un point de vue politique ?

Il  faut d’abord être marxistes, à la manière dont Marx affirme dans l’idéologie allemande que la seule chose dont on ne peut faire abstraction (sauf en imagination et c’est cette imagination que dénonce stelio comme « intellectuelle ») est la manière dont les êtres humains doivent produire et reproduire leurs conditions matérielles d’existence. Si l’on transforme en « idées » ces conditions matérielles, l’état de sous développement, l’exploitation des rapports de production, non seulement nous « planons » mais nous le faisons avec hypocrisie le plus souvent, le coeur en écharpe, le démocratisme en bandoulière ou la charité…

Partir de la base matérielle dont on ne peut faire abstraction.


Donc quand nous analysons un pays comme la Chine qui appartient au Tiers-Monde nous devons partir de cette base là. 
Un ami cubain Jorge Risquet m’a dit une chose essentielle. Certains ont vu le personnage dans l’émission d’Arte consacrée à Cuba en Afrique, c’est un mélange de bon sens, d’humour, de passion communiste et de malice.  A cause de son rôle en Angola et dans la négociation avec l’Afrique du sud il est un spécialiste de l’Afrique mais pas seulement. Comme il a des origines non seulement espagnole, africaine mais aussi chinoise, il est trés souvent envoyé en Chine pour des missions diplomatiques et un jour où nous parlions de la Chine, il m’a dit: « ne cède pas aux travers de ceux qui ne savent rien et croient tout savoir, comprendre ce pays continent est trés difficile, ceux qui parlent ne savent rien, et ceux qui savent se taisent. » Il a ajouté : » si tu veux être un homme d’Etat crédible, il faut que tu saches qu’il y a pour ton pays des contraintes incontournables et que tu ne peux pas négliger. Un dirigeant cubain qui ignorerait une minute l’existence à sa porte de l’ennemi étasunien serait irresponsable, la Chine a une autre contrainte incontournable: elle doit nourrir un milliard d’êtres humains ou sa situation, celle du peuple chinois prendra des allures d’apocalypse. »

J’ai tenté de réflechir à cette approche venant d’un homme d’Etat mais aussi d’un militant communiste internationaliste .
Il faut d’abord respecter la souveraineté des nations sur les ressources de leur pays, militer pour un nouvel ordre international sans droit néo-colonial des occidentaux et de leurs multi-nationales, et cela passe par le respect des souverainetés nationales. C’est vrai pour la politique de nos gouvernants, pour les forces d’opposition mais aussi de notre propension subjective à donner des leçons au reste de l’humanité. le café du commerce français est spontanément convaincu de notre superiorité sur le reste de l’humanité.

Donc il faut  tenir compte des contraintes essentielles, ne pas jouer les imbéciles qui de Paris sur Seine font de la morale, les Kouchner mais d’autres également. Si je me retrouve souvent avec Bricmont et sa dénonciation de « l’impérialisme humanitaire », c’est sur cette base là. C’est pourquoi je suis souvent irritée par le démocratisme des communistes français, les dirigeants du PCf comme de la ligue, pour moi ce sont les mêmes, des irresponsables et des lâches, qui ignorent tout des pays et qui jouent les donneurs de leçon pour se faire tolérer par le capital… Ils entretiennent dans le peuple français des illusions sur l’occident et ils le payent en manque de crédibilité. Ils sont aussi bêtes que les dames patronesses qui exigent le salut des pauvres qu’exploitent leurs époux dans l’usine. Ce ne sont pas des communistes et c’est normal que le peuple français leur préfère un capitaliste qui parle clair et net.

le capital a des intérêts, ce qui les rend souvent intelligent (au sens d’adapté à la réalité) alors qu’il n’y a rien de pire que le petit bourgeois égoïste et prétentieux qui a de vagues teintures de tout, sans aucune intelligence de l’action, les socialistes sont assez représentatifs de cette catégorie et plus les communistes deviennent socialistes plus ils leur ressemblent. Comme le disait déjà Bourdieu Ségolène Royal illustre assez bien cette non-intelligence de la catégorie, combiné avec un goût excessif pour le politicien.

LE REALISME DE CE QUI EST NE SUFFIT PAS

Mais il est vrai que le communisme européen s’est effondré autour d’un certain réalisme dogmatique que l’on définit comme le « stalinisme », qui nie toute subjectivité : le pape combien de division ?

Comme là encore l’a analysé Marx, le réalisme utilitariste se combine trés bien avec l’idéalisme, comme il le dit l’économiste Ricardo transforme les êtres humains en objets (en chapeaux dit-il) tandis que hegel les transforme en idées. ce qui disparait alors c’est le concret. Ce n’est sans doute pas un hasard si au dogmatisme stalinien et trotskiste a succédé ce crétinisme démocratique, parlementariste de nos « dirigeants » du PCF et de la ligue à partir du moment où les uns et les autres n’ont pas plus de projet socialiste qu’un membre ordinaire de la direction du PS.
Il y a de nouvelles questions qui ressurgissent  dans ces temps de mondialisation et qui exigent que l’on revoit le point de vue de classe, qu’on l’élargisse  au moins dans deux sens : premièrement justement la prolétarisation de la mondialisation, le Tiers monde qui peu à peu s’installe y compris au nord, avec des questions centrales non résolus l’immigration et les délocalisation, la mise en concurrence à l’échelle mondiale de la force de travail, sa flexibilité. Deuxième problème allant en sens inverse le poids nouveaux de la science et de la technique, les hautes qualifications, l’éducation et la recherche, désormais cette force de travail hautement qualifiée appartient à la classe ouvrière, comme l’immigrant. pourtant c’est peu dire qu’il existe entre des différences, des contradictions. Ne serait-ce que le fait que la consommation et la vie relativement confortable de cette classe ouvrière hautement qualifiée est assurée à moindre coût pour le capital par la surexploitation de la force de travail du Tiers monde et immigrée.
A cela il faudrait encore ajouter le passage définitif du rural à l’urbain, en ce moment nous avons franchi un seuil, puisqu’il y a plus d’urbains que de ruraux. C’est une révolution démographique qui continue à pousser vers les villes des gens qui ne trouvent pourtant ni travail, ni logement. Je renvoie là-dessus à l’ouvrage saisissant de Mike Davis, le pire des mondes possibles.  Mike Davis qui n’a aucune sympathie pour la Chine, montre néanmoins que le seul endroit où l’urbanisation est relativement maîtrisée (dans cette double dimension :des prolétaires venant de la campagne vers la ville et y trouvant de l’emploi, et de gigantesques conurbations autour du développement des transports et des communications avec des gens hautement qualifiés) c’est la Chine.

Le communisme comme transcendance 

Oui mais voilà cela ne me suffit encore pas , c’est essentiel, incontournable mais en tant que communiste j’exige encore plus, une transcendance et c’est là que je me mets en colère contre Stelio qui ne perçoit pas cette transcendance, cette aspiration prométhéenne qui est pourtant fondamentale chez Marx et qui le fait haïr le matérialisme vulgaire. Et c’est là encore que je retrouve l’humanisme cubain.

Le communisme est athée mais porte une transcendance humaine, quelque chose d’encore inconnu mais qui rejoint l’Omega de Theilhard du Chardin, c’est là que le « messianisme » d’un Walter benjamin, l’utopie concrète reste présente. J’espère que notre livre permettra de comprendre là encore l’originalité de la pensée cubaine et celle de Fidel.

Mais l’utopie pour un marxiste ne peut ignorer la médiation concrète, celle sur laquelle s’exerce l’action politique transformatrice et là nous devons retourner au premier aspect, la transcendance ne peut éliminer les conditions matérielles, celles du sous développement, celles de l’exploitation, l’émancipation, la libération humaine.

il faut comme le font les Cubains, à la suite du Che admettre que le socialisme a  un point de vue de classe et plus encore avec le Tiers-monde, (ce qui peut être défini alors comme les « vaincus » de walter benjamin) et tenir sur ce point de réalité incontournable.  Ce point de vue est large comme je l’ai indiqué plus haut.

Si on relit les textes sur ce blog de Franssen sur la Chine, on s’aperçoit que de ce point de vue le rôle de la Chine est grandement positif non seulement pour les Chinois mais pour tout le Tiers monde. Et je crois que c’est ce que reconnaissent les gens de taiwan, mais aussi les progressistes de toute l’Asie. En Russie de nombreuses voix s’élèvent pour dire nous aurions du suivre l’exemple de la Chine, pas nous jeter dans les bras de l’occident. Oui mais pour la Chine ce point de vue est impitoyable, sans état d’âme alors que les Cubains se payent le luxe de l’humanisme.

COMPRENDRE AVANT DE JUGER

Si l’on considère de surcroît qu’il y a désormais un autre pays communiste en Asie qui tire la croissance, je veux parler du Viet Nam, depuis son adhésion il y a un an à l’OMC, le Viet Nam accélère sa croissance à 8,5 % les capitaux affluent et cette année il est prévu une croissance de 9%. Puisque nous parlons de Taiwan, le géant taiwanais Hon Hai, le premier fabriquant mondial d’électronique va implanter un gigantesque centre de production pour un coût d’un milliard d’investissement. Nike est le premier employeur du Viet nam. Ce n’est pas le socialisme, certes mais comment sortir du sous développement… De surcroît si l’on fouille bien la situation on s’aperçoit qu’au Viet nam comme partout ailleurs en asie, la croissance se combine avec la montée en puissance d’une main d’oeuvre hautement qualifiée que les entreprises ont du mal à garder et qui exige des hausses de salaire. L’effort en matière d’éducation dans les pays communistes est considérable, au Viet nam deux tiers des employés de l’Etat travaillent dans le secteur de l’éducation. Nous ignorons tant de choses sur ces pays que la fèvre colonisatrice européenne au XIX e puis au XX e siècle avaient mis à genoux, qui se sont rebellés, comment ils ont choisi le communisme et comment tentent-ils de surmonter les destructions massives, le sous développement.

Il y a tant à apprendre avant de faire la leçon…
Il y a la question incontournable pour l’immense majorité de la planète d’assurer la survie ne serait-ce qu’alimentaire.Sans en tenir compte, sans placer la justice sociale au coeur du développement comme de la préservation de la planète on n’avancera pas.

 C’est pourquoi je propose d’abord que l’on tienne compte en tant que communistes de l’analyse que font les communistes du pays, on l’a vue ici même à propos de la Birmanie et du Soudan, ils nous demandaient d’abord de leur foutre la paix, nous les occidentaux. Que nous arrêtions d’appuyer avec nos pétitions et protestations humanitaires (type l’arche de zoe ou les femmes afghanes) les invasions et les pillages militaires.

Donc écouter d’abord ce que les communistes ont à nous dire, analyser, connaître nous mêmes. C’est pourquoi je propose une méthode d’analyse, elle a besoin de tous sans exclusion.Et je voudrais bien que dans ce blog on essaye de comprendre avant de juger. cela changera du travers français.

Parce que quand je vois qu’aujourd’hui AREVA a otenu un accès à l’uranium du Niger, je sais qu’on le doit à l’intervention de Khadhafi alors que nos crétins des médias, les socialistes qui ne disent rien contre l’Arabie saoudite se sont conduits d’une manière non seulement indigne mais dans la tradition mondaine française « comment peut-on être Persan! » disait déjà Montesquieu des petits marquis de la cour de versaille.

En ce moment va monter la pression contre la Chine sur le thème des droits de l’homme pour bien encadrer les jeux olympiques, alors que tout le monde se tait sur l’Arabie saoudite… bandes de minables… Et les deux EPR que AREVA allié à Suez et à Total propose à Ryad, où Bush tente de lancer sa croisade contre l’IRAN…
 Il faut tirer la leçon de l’expérience, celle en particulier de notre incapacité à nous français, à nous communistes français de contribuer si peu que ce soit à l’avancée de nos idées dans le monde comme dans notre propre pays.

Danielle Bleitrach

2 commentaires

  1. Et si on retrouvait la boussole :

    Le système marchand a une logique, des lois, qu’il s’agit de remettre en question. Ce n’est donc pas la mondialisation libérale ou néolibérale qui est à remettre en question, mais bien la mondialisation marchande.

    Or, on peut le constater tous les jours, les organisations politiques,y compris “communistes”, comme les organisations antimondialistes, ne remettent jamais en question la mondialisation marchande.

    Pourquoi ? Le rapport marchand, ou rapport salarial, est considéré comme un acquis définitif qui ne saurait être remis en question.Or c’est la base du capitalisme…

    ……Changement social veut dire changer les relations entre les individus dans l’acte de production et de redistribution des richesses. L’Histoire nous montre qu’un changement de rapports sociaux ne se fait que lorsque de nouveaux rapports sociaux prennent concrètement, et même idéologiquement, le relais.

    Ce n’est pas la possession de l’État qui permet seule ce changement, de même que le volontarisme politique n’est pas suffisant pour changer les rapports sociaux (voir l’échec de l’expérience soviétique).

    C’est donc un remaniement total de nos conceptions, de nos pratiques politiques que nous devons faire. C’est à une analyse des limites du salariat que nous devons procéder.

    L’organisation politique, au sens large, n’est qu’un moyen dont l’objectif est la mise en place concrète de nouvelles relations économiques et sociales : des pratiques concrètes d’échanges, de production, de nouveaux rapports producteurs – consommateurs,
    representants – representés, hommes-femmes, salariés-”chomeurs”,nations “riches”-nations “pauvres”,dominants-dominés, etc.

    C’est en repensant la forme des luttes, par la remise en question de la marchandise : dans les services (santé,education,culture etc), par exemple, la lutte pour la gratuité ,sur la question salariale et la cooperation par le revenu garanti, que l’on développera la conscience collective de tous les acteurs de ces luttes et même des usagers, autrement dit des citoyens-nes.

    C’est à cette pratique économico-sociale concrète que nous devons nous atteler pour prévoir le changement…

    LE COMMUNISME EST LE MOUVEMENT REEL QUI COMBAT ET “ABOLIT”d’abord par sa critique et puis sa pratique EN PERMANENCE LES RAPPORTS SOCIAUX CAPITALISTES et ainsi permet l’emergence de plus en plus consciente par tous, de nouveaux rapports sociaux pour qu’ils deviennent un jour dominants dans le monde entier.

  2. je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous, certes le capital se présente comme une accumulation de marchandises, y compris la force de travail elle-même marchandise mais tout le travail de Marx a justement consisté à en finir avec les catégories anarchistes, proudhoniennes, etc… et à mettre en évidence la loi de la valeur dans la production et pas dans l’échange…

    Quant à l’autarcie à l’albanaise, vous me permettrez de douter, le problème est encore et toujours la domination capitaliste, mais aussi la loi de la valeur, et même si la planification permet des corrections, des maîtrises, en finir avec le marché est plus facile à dire qu’à faire.

    Avec l’ALBA, Cubains, vénézuéliens tentent de nouveaux rapports internationaux plus solidaires et moins marchands mais en multipliant au contraire les interdépendances entre pays du sud.

    Autre chose est la possibilité d’un socialisme de marché tel que le définissent les Chinois, les Cubains parlent plutôt d’un socialisme dans le marché comme une contrainte liée à la loi de la valeur et au fait que le socialisme nait dans la domination du mode de production capitaliste.Ce qui a d’ailleurs été l’erreur à partir de Khroutchtev selon le Che de croire que l’on pouvait édifier le socialisme voir le communisme alors que le trois quart de l’humanité était dans le sous développement et la planète tout entière y compris les pays socialistes subissant les rapports capitalistes. Là encore il y a eu beaucoup de débats, d’analyses qui mériteraient d’être connues, discutés, sur le plan théorique comme sur celui des faits nous sommes trés en retard et nous disons à peu près n’importe quoi…

    voici par exemple à propos de l’ALBA qui est une tentative concrète pour sortir non pas des rapports marchands mais pour les infléchir dans un bloc régional (celui de l’Amérique latine avec la banque du sud et les nouveaux circuits de l’énergie) vers le développement humain et les solidarités, voici les dernières nouvelles et l’échange syndical de l’amérique latine en Chine le 12 janvier 2007 :
    M. Raymundo Navarro, membre du Secrétariat de la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC) lors d’un forum syndical tenu à Beijing, a été pour le projet de l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA) vis-à-vis des projets du néolibéralisme.

    Le représentant de la CTC a souligné que, alors que l’ALCA répond aux intérêts du capital transnational, l’ALBA met en exergue la lutte contre la pauvreté et contre l’exclusion sociale.

    M. Navarro a été l’un des dirigeants syndicaux qui au nom de Cuba, a pris part au IIIème Forum international sur la mondialisation économique et les syndicats 2008 tenu à Beijing où ont participé aussi des dirigeants de la Chine, de l’Inde, du Mexique, de l’Argentine, du Portugal et d’autres pays.

    En parlant au nom de la CTC, M. Navarro a précisé que le projet ALBA donne la priorité à l’intégration latino-américaine et aux négociations des blocs sous-régionaux ouvrant ainsi de nouveaux espaces pour des consultations.

    Il a noté que le but en est de permettre d’éliminer les asymétries existant entre les pays de la région et de parvenir à un développement national et régional qui efface la pauvreté, les inégalités sociales et qui assure un croissant niveau de la qualité de vie.

    danielle Bleitrach


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