WALTER BENJAMIN : CONTEMPORAIN INDISPENSABLE par Jacques Richaud

 » Le passé contient de l’actuel  » affirmait Walter BENJAMIN . 41np1s942ml_ss500_.jpgAprès ROBESPIERRE qui usa de l’héritage de la République romaine pour abattre la monarchie.

Pour ADORNO, Walter BENJAMIN était celui qui « arrachait directement le contenu intellectuel, le contenu spirituel des détails, aux figures concrètes sans passer par le concept « , meilleure définition peut-être d’une philosophie de combat qui sans renier le commentaire des pensées antérieures, s’attaque au présent dans une audace qui éclabousse encore notre temps, longtemps après sa mort en 1940.  » Par cette mort, (écrivait le même ADORNO à l’automne 1940), j’ai vraiment très littéralement eu le sentiment que…la philosophie avait été mise à mort dans ce qu’elle pouvait espérer de meilleur.  » .


0.jpgSur ce blog Danielle nous a donné à lire un texte de Michael LOWY qui illustre l’apport majeur de cette pensée, comme une véritable eau de jouvence pour la lecture d’un présent complexe, déroutant et inquiétant. Ce « point de vue des vaincus dans l’histoire de l’Amérique Latine  » (https://socio13.wordpress.com/2008/01/10/michael-lowy-le-point-de-vue-des-vaincus-dans-l%e2%80%99histoire-de-l%e2%80%99ameriquelatine/#more-919 )était extrait du superbe travail de Michael LOWY:  » Walter Benjamin : AVERTISSEMENT D’INCENDIE – Une lecture des thèses sur LE CONCEPT D’HISTOIRE  » (Editions PUF. Pratiques-Théoriques, 2001 Paris)
Ce très grand penseur du temps, pas seulement de « son  » temps, mi-fin a ses jours à quelques pas de la frontière espagnole qui lui fut fermée en septembre 1940. Sa mémoire s’honore sur un frêle monument à PORT BOU, percé de la cruauté de l’accomplissement de ses prémonitions.
 

POURQUOI PROLONGER CETTE PRESENTATION ?
Benjamin est sans doute de tous les marxistes un de ceux qui ont eu la plus forte et la plus juste prémonition des tragédies que devait engendrer la civilisation industrielle sous domination capitaliste. Löwy nous permet par ce relais essentiel de percevoir l’actualité persistante de ces prémonitions, il nous empêche, après Benjamin, de penser que le pire est derrière nous.
Rappelons que « les thèses sur le concept d’histoire  » ont été éditées en 1940, juste au moment du pacte Molotov-Ribentrop (la non-agression entre le REICH et l’URSS) qui fut un séisme dans la pensée de ce temps « avant l’incendie « …Ces « thèses « , transmises à ADORNO en avril 1940, par l’intermédiaire de Hannah ARENDT ne « devaient pas être publiées  » selon leur auteur par crainte « d’une incompréhension enthousiaste  » qui en déformerait la portée. Il précise et qui plus est que la « gauche  » imprégnée de l’idéologie du progrès est fondamentalement dans « l’incompréhension du fascisme  »
Sans attendre 1940 en effet, ni fixer son regard sur le seul nazisme, Walter Benjamin avait contesté très tôt « l’idéologie du progrès  » pour regarder en face la « barbarie « , cette bête immonde toujours féconde comme le clama Bertoldt BRECHT, dont le visage peut muter au fil de l’histoire pour s’affranchir de ce que nous croyons avoir été la terrifiante caricature du totalitarisme réduite à quelques stéréotypes autour de la mémoire des « camps « …L’incendie de Benjamin n’est pas celui qui a laissé des cendres mais celui des feux qui couvent encore partout.
C’est bien en remontant le concept d’histoire que surgit cette évidence de la barbarie perpétuée. Les atrocités coloniales le furent sous le masque de la civilisation et de l’évangélisation présumée émancipatrice, on nous promet désormais une « politique de civilisation  » dans un ordre mondial qui ne fut jamais autant guerrier et il peut nous inquiéter de dépister le visage des monstres de demain derrière les paillettes de l’illusion anesthésiante. Il est probable que les bourreaux demain ne ressembleront pas aux bourreaux de jadis, l’humain « jetable  » passera plus facilement inaperçu que l’humain persécuté.
Il serait utile de nous interroger chacun sur la cause de la confidentialité, de la dissimulation même, d’une œuvre aussi dérangeante. La réponse est sans doute qu’on ne sort pas indemne de la confrontation avec l’évidence de la barbarie et l’évidence aussi de notre non-maîtrise d’une histoire que nous pensions contrôler au moins partiellement. Urgence donc à la répétition, la répétition encore, de l’indicible écrit par lui et de « l’avertissement d’incendie  » plus que jamais dernier acte avant les irréparables.
CULTURE ET CHANGEMENT DE SOCIETE ?
A notre époque ou le clonage des cerveaux anticipe, peut être de peu, le clonage des corps, il n’est peut-être pas indifférent de rappeler aussi qu’en ART, car il fut aussi critique d’Art, Walter BENJAMIN fut sans doute le premier à « penser  » l’importance que devait prendre la « duplication  » puis la reproduction infinie des œuvres que la technique rendait possible. Antérieurement toujours unique l’œuvre devenait universalisable, du tableau à la photo un paradigme s’effondrait remplacé par un autre mode que bien peu analysèrent en ce temps avec un regard « politique « . La reproduction à l’infini « dévalue  » le modèle, même si le génie de Andy WHAROL lui permit de faire commerce de cette duplication incorporée à l’œuvre elle-même.
Peut-être faut-il trouver là une des origines de l’attirance morbide pour les « semblables  » et l’extension de la suspicion pour les « singularités  » dans une société qui ne sait se voir totalitaire mais en adopte pourtant les rituels les plus communs. Le formatage de la pensée produit un conformisme élevé au rang de vertu et de destin indépassable, cette bataille EST politique, les situationnistes s’en étaient saisis, peu de marxistes le firent avec la vigueur et la force de Walter BENJAMIN. Lorsque chacun de nos semblables n’est plus qu’un « rien  » dupliqué à l’infini, c’est le sens même du genre humain qui est remis en cause, transformé lui-même en « produit  » aliénant son état de « sujet « . Ces « riens  » qui hantaient les « camps  » dont les semblables silhouettes décharnées se réduisaient à leurs pyjamas rayés anticipant les colonnes de BUREN et le code barre lié désormais à tout produit, fruit du travail humain ; et qui occupe déjà nos identités numériques qui résument notre « être  » post moderne disent certains, contournant tout questionnement sur le sens et l’incidence de la  » marque  » attribuée désormais à l’homme-bétail. Le code barre est devenu l’œuvre et l’identifiant suprême, remplaçant en version sage le tatouage du déporté. Tous codés, tous anéantis, tous persuadés que nous sommes « libres « ….C’était un des feux qui couvent que la pensée de Walter BENJAMIN nous permet de dépister, mais aurons-nous la détermination de l’éteindre ?
Le rappel de la « thèse VII  » par laquelle « chaque témoignage de culture est en même temps un témoignage de barbarie  » porte sa vérification historique depuis des millénaires, même si son évidence nous aveugle. On peut visiter les pyramides sans voir les esclaves ou les cathédrales en ignorant le servage, on peut même craindre l’arrogance de l’Empire par crainte que « notre  » ordre soit dérangé plus que par conscience des monceaux de cadavres accumulés partout, on peut voir dans APOCALYPSE NOW message de culture en oubliant que la fiction désigne « l’horreur  » qu’elle dissimule à la fois en la transfigurant en spectacle. Le monde entier est devenu « reality show  » et nous feignons de croire encore à une fiction ; certains GI s’étonnent sur leur blog de risquer « mourir vraiment  » car on ne leur a pas appris que la formule « game over  » était une imposture ; la culture tout entière contribue à l’abomination possible. C’est un autre « avertissement d’incendie  » que nous donne Walter BENJAMIN.
La thèse XII, celle de « l’idolâtrie pour le factuel  » et « l’admiration nue du succès  » n’était pas moins pertinente, admirable décryptage, avant BOURDIEU et avant BADIOU, de la lamentable inconsistance de notre société sarko-berlusconisée jusqu’au pathétique. Nous avons déjà évoqué cela (in https://socio13.wordpress.com/2007/12/18/nicolas-et-pimprenelle-dormez-bien-les-petits/ ) et je n’y reviendrai pas. Encore un « avertissement d’incendie  » qui touchait au plus profond de nos comportements sociaux et reste plus que jamais d’actualité. Le pantin n’a pas encore osé convoquer Walter BENJAMIN au service de sa « politique de civilisation  » mais le pire est possible si son « nègre  » Henri « guano  » tombait sur ce blog…
L’apport de Walter BENJAMIN interpelle sérieusement l’homo-touristicus que nous sommes parfois devenus. Nos « agences  » de propagande touristique sont des entreprises négationnistes qui nous vendent le circuit pour admirer des monuments qui ne furent érigés souvent que comme symboles de la puissance, l’oppression et parfois l’esclavage…La visite de la porte des esclaves en face de DAKAR sur l’île de GORE fait exception à ce défaut, compensée par la bonne conscience de tous ceux qui auront fait le « pèlerinage  » comme d’autres vont visiter AUSCHWITZ sans y repenser en votant demain pour le candidat de l’épuration ethnique et de l’identité nationale…Nos propres « merveilles  » gothiques et aussi le palais de VERSAILLES dissimulent la sueur de générations de serfs ou de prolétaires dont la subsistance n’était entretenue parfois que pour bâtir les symboles de leur propre oppression. Mais nous ne sommes pas éduqués à visiter les « temples de l’oppression  » ainsi, « par en bas « , pour voir le tailleur de pierre derrière la pierre ni le charpentier peut être mort d’être tombé de si haut en admirant les voûtes…Walter BENJAMIN nous a magistralement rappelé aussi que bien des « œuvres  » n’étaient que la face trompeuse de la « barbarie  » dissimulée derrière le prestige, la beauté ou la spiritualité…Il en déduit très fortement que « l’histoire de la culture doit être intégrée dans l’histoire de la lutte des classes  » et cela pour l’éternité. Quel message !
 

LIRE L’HISTOIRE A REBROUSSE POIL ?
C’est une singularité forte de Walter BENJAMIN que de nous rappeler que l’histoire peut aussi être écrite  » à rebrousse poil « , c’est à dire du point de vue « des vaincus « , comme l’a si bien évoqué Michael LOWY. Cet exercice pour BENJAMIN n’est pas accessoire mais central.
Le point de vue des vaincus inspire une large part de la littérature et les œuvres de ZOLA ou HUGO pour ne citer que ces deux là, ont joué un grand rôle dans la « conscientisation  » des sujets de leur temps et des temps qui suivirent. La « condition humaine  » fut décryptée jusque dans ses entrailles par un CELINE, mais c’est avec ce titre que MALRAUX obtenu le prix Nobel de littérature, tous « à rebrousse poil  » et à leur manière « avertisseurs d’incendie « . Des historiens aussi ont voulu reconstituer la « vie d’en bas « , celle qui construit des palais qui ne porteront jamais leur nom, mais leur exercice n’était qu’un « complément  » d’une historiographie souvent dédiée à l’histoire des vainqueurs, un vainqueur déchu c’est encore un vainqueur d’hier et WATERLOO est bien un grand moment de cette histoire. Mais les vaincus de toutes les batailles et de toutes les armées faux rivaux sacrifiés dans le crime contre l’humanité historique de la domination perpétuée SONT l’humanité réelle de leur temps qu’il nous faut apprendre à lire « de bas en haut  »   hier pour pouvoir encore le faire aujourd’hui. Ils ont « assassiné JAURES  » qui disait aussi cela que tous les hommes sont frères, avant « l’autre incendie  » de l’été 1914. Nous tendons les oreilles en attendant les nouveaux Jaurès, comme si chacun n’était capable de PORTER SA PROPRE CLAMEUR ; c’est aussi cela le message de Walter BENJAMIN.
Il était pertinent dans son œuvre de remonter à SPARTACUS auquel on prête cette déclaration « Je reviendrai, …et nous serons des millions « , authentique ou pas c’est encore le cri de tous les damnés de la terre.
Il interpelle aussi Rosa LUXEMBOURG qui eut, elle aussi, tous les pressentiments de l’effondrement du communisme allemand et paya de sa vie une détermination exemplaire, au plus prés de ce « bas en haut  » qui est la seule démarche historique et politique qui vaille confiance, même sans garantie d’aboutissement. C’était aussi l’approche de BLANQUI, un géant effacé de nos livres d’histoire pour avoir trop vécu « de bas en haut « …
 

LA LECON POUR LA REVOLTE
 

C’est bien avant Frantz FANON que Walter BENJAMIN percevait l’indispensable déplacement du regard sur l’histoire pour que les « damnés de la terre  » soient reconnus d’une humanité d’évidence et pas seulement sujet de compassion possible. Il n’est pas sur que les tribuns de nos « gauches  » multiples, presque tous ignorants du sort de ceux-là, aient conscience de leur « illégitimité  » profonde, parfois révélée par des propos consternants. Un George FRECHE en pleine dérive colonialiste n’est que la part émergée d’un iceberg qui fit la gauche colonialiste longtemps, un sacré manque d’histoire « à rebrousse poil  » pour en arriver là…
Mais nous même qui prônons un internationalisme sans faille et parfois sans complexe,

(https://socio13.wordpress.com/2007/12/01/l%e2%80%99internationalisme-ou-la-mort/#more-786 )

Echappons-nous à la critique et la suspicion d’illégitimité ? Certainement non si nous devions considérer pouvoir dicter aux uns des recommandations qui n’ont pas même réussi à « faire la révolution  » chez nous…La tentation « avant-gardiste  » fut au cœur de la troisième et aussi de la quatrième internationale, laissant parfois trop peu (c’est un euphémisme) de marge de manœuvre aux populations locales et même « l’autodétermination des peuples  » fut un slogan plus qu’une réalité dans le socialisme réel européen ou exporté. Il ne suffit pas d’évoquer la servitude pour mériter la reconnaissance et moins encore l’allégeance de ceux là qui sont aussi humains que nous. Frantz FANON a eu des mots très durs sur ce sujet. Il nous reste avec modestie la possibilité d’écouter et parfois d’amplifier ces voix. De ce point de vue le récent discours du Président Evo MORALES devant l’Assemblée de l’ONU en septembre 2007 fut un moment immense que ce blog peut avoir la fierté d’avoir fait partager, dans l’indifférence totale de tous les autres media :

https://socio13.wordpress.com/2007/09/25/discours-devo-morales-a-lonu/#more-459
Cette humilité dans le soutien à d’autres révoltes que les nôtres n’impose pas silence mais seulement de parler seulement en « notre nom  » pour redire qu’un « peuple qui en opprime un autre n’est pas un peuple libre  » et que le refus de cette complicité est un devoir humain supérieur à tous les autres. C’était déjà la démarche rappelée par Walter BENJAMIN de Bartolomé de LAS CASAS, que de redonner une humanité et donc le droit a être écouté à ceux que l’hispanique occupant n’imaginait qu’exploiter, convertir ou exterminer. Qui ne voit le parallèle avec l’arrogance occidentale à vouloir exporter ses mœurs prétendument démocratiques et convertir des milliard d’hommes aux lois du marché ? Ceci dans la négation des aspirations légitimes, des traditions et des cultures des peuples ; la mort même n’étant exclue pour ceux qui refusent la soumission…
LE TEMPS HUMAIN NOUS TROMPE
L’accélération du monde contemporain nous illusionne. Nous nous croyons modernes pour posséder des outils nouveaux, mais nous restons féodaux dans nos têtes. Nous nous croyons laïques et délivrés des superstitions mais acceptons encore des logiques d’inquisition, d’intolérance et d’exclusion. Nous nous croyons humanistes sans mesurer l’effarante importance de l’apartheid mondial qui fonde nos privilèges et la prospérité relative occidentale.
Nous osons dire « communiste  » en acceptant parfois de réduire cette espérance à l’amélioration du sort de quelques-uns ici et non là-bas…La dimension messianique de la pensée de Walter BENJAMIN se révulsait à cette idée, comme si l’universalisme de la pensée était une donnée irréductible, non négociable, de toute démarche humaine… La manipulation de la pensée dialectique présumée marxiste pour la défense d’intérêts catégoriels est le stigmate contemporain de notre incapacité à considérer cet « envers de l’histoire  » qui nous obligerait à nous reconnaître pour ce que nous sommes. Il a déjà été évoqué sur ce blog le superbe travail de Ken LOACH qui s’inscrit dans cette révélation de l’acceptation de l’oppression, même par ceux qui en maîtrisent toutes les ficelles pour l’avoir déjà subie.
Face au monde que nous avions rêvé d’asservir durablement et qui s’éveille nous osons l’euphémisme de dire qu’il existe une « rencontre de deux mondes « , comme si l’asymétrie du rapport devait être gommée juste avant le temps de rendre des comptes ; un peu comme si la « fin de la colonisation  » n’avait été qu’une simple révision d’un contrat de travail, ou si les « rencontres de NUREMBERG  » en 1946 avaient été la simple base de la réconciliation gommant l’atrocité commise …Notre pensée occidentale tout entière est acquise à une économie « révisionniste  » de la pensée, cette économie nous protège de ce que révéleraient nos miroirs si nous n’avions sur eux peint nous-mêmes l’image que nous souhaitons voir.
Le temps de l’occident, frénétiquement accéléré, n’est pas le temps du monde. Nous avons partout tenté d’imposer la vitesse, la performance, l’outrance et l’oubli, mais sans succès…Il nous est rappelé lors de l’indépendance ce jour ou les Indiens du Brésil ont « tiré sur l’horloge des vainqueurs  » (photographie de Carlos EDUARDO reproduite à la page 188 dans « avertissement d’incendie « ) ; il est rapporté le même geste à Paris lors de la révolution de juillet 1830 ! Ces fortes images nous montrent, comme Walter BENJAMIN le percevait, l’indicible volonté de résistance des hommes aux violences faites à leur destin et leur capacité à instinctivement découvrir les symboles qui méritent être abattus. Les humains savent que la frénésie compulsive du monde industriel est un obstacle au bonheur, ils savent que les fraternités sont toujours lentes à construire et ne veulent pas être « dépossédés  » de cette dimension de leur vie qui est le temps lui-même.
 

POUR PROLONGER PEUT-ETRE :

Lire aussi :

DANIEL BENSAID- Walter BENJAMIN, sentinelle messianique à la gauche du possible. Ed PLON Paris 1990.
THEODOR ADORNO- Sur Walter BENJAMIN. Ed GALLIMARD-ALLIA, FOLIO essais, 1999.
WALTER BENJAMIN – Œuvres tome I, II et III, Ed GALLIMARD-ALLIA FOLIO essais. 2000
MICHAEL LOWY – Walter BENJAMIN : Avertissement d’incendie- Une lecture des thèses sur le concept d’histoire. Ed PUF 2001 Paris.
PS : Dans son ouvrage Michael LOWY affirme dans sa conclusion :  » WALTER BENJAMIN était loin d’être un penseur utopiste…moins préoccupé par le ’principe espérance’ que par la nécessité urgente ‘d’organiser le pessimisme’…Pas loin d’une vision tragique du monde. C’est un penseur de la lucidité qui nous oblige aussi a accepter l’empirisme de nos actions, sans renoncer à un ‘projet révolutionnaire à vocation émancipatrice générale ‘ pour poursuivre ‘la promesse inaccomplie de 1789  »
Une des clefs est bien l’écoute de l’histoire et de la lire « de bas en haut « . L’autre clef est de s’autoriser un « nouveau commencement « sans ignorance du passé. Gilles DELEUZE disait « On recommence toujours par le milieu  » ; Walter BENJAMIN nous y invite et nous écarte du pari de PASCAL sur l’existence de dieu transposé à la foi marxienne, il nous oblige à considérer le réel comme base. Simplement ce réel englobe celui d’hier, pour dicter la « praxis  » d’un nouveau possible, dans l’incertitude du succès et assumant le pessimisme, mais avec la conviction du rôle déterminant que chacun d’entre nous est seul à pouvoir jouer.
JACQUES RICHAUD 12 janvier 2008

Un commentaire

  1. Puisque tu présentes Walter benjamin en parlant d’Adorno, je voudrais signaler à nos lecteurs qui par hasard ne le connaîtrait pas un des livres les plus fondamentaux du XXe siècle qu’Adorno a écrit avec Horkheimer: la dialectique de la raison. L’analyse part d’ailleurs d’une interrogation de benjamin : pourquoi alors que les êtres humains devaient être libérés par l’essor de la science et de la technologie, pourquoi ce progrès se combine-t-il avec la plus effroyable des barbaries ?
    Il faudrait également parler du dialogue entre Benjamin et Lukacs…
    Danielle Bleitrach


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