Etats-UNis : estimés à 250 milliards de dollars, les coûts des malaides et accidents du travail dépassent ceux du cancer, par J. Paul Leigh

 

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Source : The Economic Policy Institue

 

 

Traduit de l’anglais par Marc Harpon pour Changement de Société

 

 

J. Paul Leigh est Professeur d’Économie de la Santé à l’Université de Californie à Davis.

 

 

Les accidents et les maladies du travail sont des composantes négligées du coût total de la maladie, des accidents et des décès. Ma récente étude publiée dans Milbank Quarterly, « Economic Burden of Occupational Injury and Illness in the United States » estime ces coûts à environ 250 milliards de dollars par an. Cette somme dépasse le coût de plusieurs autres maladies, y compris le cancer, le diabète, et la Brocho-pneumopathie chronique obstructive l’année de l’étude.

 

 

Les coûts médicaux associés aux maladies et accidents professionnels (67 milliards de dollars) sont très élevés, mais dépassés par les coûts termes de productivité (183 milliards de dollars) qui incluent les pertes actuelles et futures de revenu, les allocations, et les tâches domestiques (c’est-à-dire la cuisine, le ménage, les soins aux enfants et le bricolage). Ces coûts ne rendent nullement compte de l’ampleur des douleurs et des souffrances causées par ce taux élevé d’accidents et de maladies. Ils cachent également l’horreur de beaucoup des accidents du travail vraiment terribles, comme l’asphyxie dans des silos à grain, la noyade dans les égouts, l’électrocution ou encore le fait d’être broyé par une machine.
Mais Rosamond et d’autres collègues (1) ont estimé que le coût total de tous les cancers, y compris les coûts en termes de productivité, à 2 milliards de dollars en 2007, 31 milliards de moins que le coût cumulé des maladies et accidents professionnels. Pourtant, d’après toutes les estimations, l’attention des chercheurs, des décideurs médicaux, et même du public envers le cancer, le diabète et la broncho-pneumopathie chronique obstructive dépasse de loin l’attention accordée aux maladies et accidents professionnels. Ce manque d’attention est particulièrement troublant alors que la nation fait face à un coût des soins élevé et en augmentation. Une politique de soin efficiente exige que les ressources médicales soient allouées à l’usage le plus profitable. Si l’intervention médicale « A » crée moins d’années de vie pour moins de gens que l’intervention « B » et si les deux interventions ont le même coût ; alors l’efficacité économique exige que certaines ressources marginales soient enlevées à « A » et dirigées vers « B ».

 

Alors que les chiffres des coûts des accidents et maladies professionnelles et du cancer sont des coûts totaux et non des coûts marginaux, étant donnée l’énorme attention accordée au cancer et l’attention relativement faible donnée aux accidents et maladies du travail, l’efficacité économique exige que la répartition des ressources entre ces deux types de maladies mérite d’être réexaminée. Par exemple, les derniers budgets annuels pour l’Institut National pour la Sécurité et la Santé au Travail et l’Institut National du Cancer étaient respectivement de 0,3 milliards et du plus de 5 milliards. Cela suggère un énorme sous-investissement dans la recherche pour prévenir les accidents et maladies du travail.

 

Des recherches connexes récemment publiées avec James Marcin («Workers’ Compensation Benefits and Shifting Costs fo Occupational Injury and illness ») répond à la question de savoir qui paie le prix des maladies et accidents du travail. Les fonds d’indemnisation des accidentés du travail remboursent d’après les estimations, 21% des coûts totaux. Concernant les coûts médicaux, d’autres assurances (extérieures au système d’indemnisation) en paient 48%, Medicare 24%, Medicaid 18% et les 10% restants sont payés par les travailleurs accidentés et leurs familles. Je conclus que la part du lion dans les coûts des accidents et maladies du travail passe du système d’indemnisation des accidentés aux travailleurs, à leurs familles, à leurs assurances privées et aux contribuables. Étant donné que des institutions publiques de la santé paient aujourd’hui plus de 40% des 67 milliards de dollars de coûts médicaux des maladies et accidents du travail, le retour sur investissement d’un plus fort financement de la prévention et de la recherche sera plutôt substantiel.

 

 

Un commentaire

  1. Bonjour,

    Si l’intervention médicale « A » crée moins d’années de vie pour moins de gens que l’intervention « B » et si les deux interventions ont le même coût ; alors l’efficacité économique exige que certaines ressources marginales soient enlevées à « A » et dirigées vers « B »

    Il est grand temps qu’on refonde les programmes scolaires pour rendre les enfants sensibles à ces questions. On pourrait leur faire faire des exercices de maths sur le modèle de celui-ci, par exemple :

    « Un aliéné coûte quotidiennement 4 marks, un invalide 5,5 marks, un criminel 3 marks. Dans beaucoup de cas, un fonctionnaire ne touche que 4 marks, un employé 3,65 marks, un apprenti 2 marks. Faites un graphique avec ces chiffres. D’après des estimations prudentes, il y a en Allemagne environ 300.000 aliénés et épileptiques dans les asiles. Calculez combien coûtent annuellement ces 300.000 aliénés et épileptiques. Combien de prêts aux jeunes ménages à 1000 marks pourrait-on faire si cet argent pouvait être économisé ? »


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