Yang dit à Clinton: « ce ne sera pas la faute de la Chine si la situation se déteriore »

Il n’y a pas que les grandes manoeuvres Etats-Unis/ Corée du Sud du côté de la Corée qui exaspèrent la Chine, le Ministre des Affaires étrangères chinois monsieur Yang a mis en garde madame Clinton, secrétaire d’Etat étasunienne au sujet de la Mer de Chine méridionale : Pékin repousse une « internationalisation » des disputes territoriales que Beijing peut avoir avec ses voisins sur la mer de Chine Méridionale.

La tension a monté à l’occasion du 17 e forum régional de l’ASEAN qui  s’est ouvert à Hanoï le 26 juillet 2019. Le forum annuel de l’ASEAN est le principal canal pour le dialogue et la coopération sur la sécurité multinationale dans la région asie-pacifique.  En effet, L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est(ANASE ou ASEAN) est une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix pays d’Asie du Sud-Est. Elle a été fondée en 1967 à Bangkok(Thaïlande) par cinq pays dans le contexte de la guerre froide pour faire barrage aux mouvements communistes, favoriser le développement et assurer la stabilité dans la région. Mais au fil du temps, l’organisation a évolué avec l’entrée du du Vietnam (1995), puis du Laos et de la Birmanie (1997) et enfin du Cambodge (1999).
L’ASEAN regroupe désormais la quasi-totalité des États d’Asie du Sud-Est. E. Le forum se déroule en présence d’autres partenaires de la zone du pacifique parmi eux la Chine, le japon, la Russie et les Etats-Unis.(voir carte en fin d’article)

Le contexte de l’ASEAN,  celui d’influence chinoise accrue ce qui permet de desserrer l’étau des Etats-Unis

En 2002, la Chine et l’ASEAN  ont signé un accord de libre échange avec entrée en 2010d’abord de Brunei, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines,la Thailande, Singapour alors que le cambodge, le Vietnam , la Birmanie ont demandé à attendre pour entrer dans la zone de libre échange jusqu’en 2015. Peuplée aujourd’hui de 1,7 milliard de personnes, la nouvelle zone représente un PIB de 2000 milliards de dollars. Quant aux échanges commerciaux bilatéraux entre les deux blocs, ils se montent à 1200 milliards de dollars. La Chine a réussi a apprivoiser cette zone et à y apparaître comme un partenaire qui tire le développement de la zone, grâce à la politique chinoise de non ingérence et d’accord mutuellement avantageux. L’ASEAN a également entamé des pourparlers avec le Japon et la Corée du Sud, dans le même esprit de libéralisation. Objectif : constituer un bloc régional uni, attractif pour les investisseurs et de moins en moins dépendant du marché américain.

Cette sourde concurrence est une première raison de conflit. mais il y en a d’autres. La question du terrorisme islamiste émerge après les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center.L’indonesie est la plus grande nation musulmanes.  L’ASEAN a signé trois accords antiterroristes avec la Chine, le Japon et les États-Unis. Ce dernier est le plus important des trois et a été signé suite à une pression considérable exercée par les États-Unis.

Les Etats-Unis perdent plus ou moins pied dans la région, alors que la Chine développe son implantation. ce dont les accuse la Chine c’est d’exaspérer les conflits territoriaux que la Chine peut avoir avec ses voisins pour se donner un pretexte d’intervention et imposer une négociation élargie au lieu des contacts bi-latéraux habituels.

La Chine est d’autant plus en colère devant l’attitude des Etats-Unis qu’elle s’est prononcée pour qu’à partir de ce sommet, la Russie et les Etats-Unis soient des membres permanents des sommets.

Le contexte de l’affaire nord-Coréenne, tout le monde est là!

En outre le forum s’est ouvert dans le contexte trés tendu de l’affaire de la corvette sud-Coréenne suivie des sanctions prises unilatéralement par la Corée du Sud et les Etats-Unis au grand déplaisir de la CHine.

A cette réunion étaient présents les six négociateurs de l’affaire de la Corée du Nord, le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi, le ministre des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) Pak Ui Chun, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, le chef de la diplomatie sud-Coréenne Yu Myung-hwan, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ainsi que le chef de la diplomatie japonaise, Katsuya Okada.

Les délégués à la réunion devraient  adopter le Plan d’action de Hanoï visant à mettre en application la Déclaration de Vision du Forum régional de l’ASEAN d’ici 2020. La déclaration contient les directives sur les politiques du forum régional dans le but de mieux développer et de contribuer à la paix et à la sécurité dans la région.

« La liberté de navigation, l’accès ouvert à l’espace maritime commun en Asie et le respect des lois internationales en Mer de Chine Méridionale sont de l’intérêt national des Etats-Unis », a dit Mme Clinton lors du plus grand dialogue sur la sécurité en Asie.

Washington a demandé un accès sans limites à la zone et accusé Beijing d’adopter une attitude de plus en plus agressive sur le sujet de la haute mer.

On rapprochera cette demande de la déclaration du ministre de la défense Robert gates à propos des satellites chinois qui ont surveillé le trajet du porte avion Georges washington depuis le japon jusqu’au port sud Coréen de Busan, il a effectivement déclaré que la Chine devrait s’habituer à ce que les Etats-Unis se sentent partout chez eux en mer de Chine.

on appréciera d’autant plus la mise en garde de la Chine

Le Ministre chinois des affaires étrangères a mis en garde dimanche certains pays contre une « internationalisation » des disputes territoriales que Beijing a avec ses voisins au sujet de la Mer de Chine Méridionale, suite aux commentaires faits par la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton sur le sujet lors d’une réunion sur la sécurité régionale.

« Quelles seront les conséquences si ce sujet est transformé en problème international ou multilatéral ? Cela ne fera que rendre le problème plus complexe et sa solution plus difficile », a dit M. Yang, dont les propos ont été cités dans un communiqué de presse publié dimanche sur le site internet du Ministère.

« Les pratiques internationales montrent que la meilleure façon de résoudre ce genre de conflits est d’avoir, pour les pays concernés, des négociations bilatérales », a-t-il dit.

M. Yang a fait ces remarques après que Mme Clinton se soit exprimée lors du Forum Régional de l’ASEAN (Association of Southeast Asian Nations, Association des Nations de l’Asie du Sud-Est) qui s’est tenu au Vietnam, où elle a déclaré que la résolution des disputes concernant la Mer de Chine Méridionale était « essentielle » à la stabilité régionale et suggéré l’établissement d’un mécanisme international pour résoudre le problème.

La Mer de Chine Méridionale est actuellement une zone pacifique ou règne la liberté de navigation, a dit M. Yang. « Dans cette région, le commerce a connu une croissance rapide et la Chine est devenu le partenaire commercial No1 de nombreux pays de la région », a-t-il ajouté. « Lors de mes discussions bilatérales, tant avec mes collègues de l’ASEAN qu’avec d’autres, tous ont dit qu’il n’y avait aucune menace à la paix régionale et à la stabilité ».

Il a également dit que ce n’était pas la Chine, mais d’autres pays qui « forçaient » les pays de la région à prendre parti sur ce sujet, et que l’Asie peut résoudre ses propres problèmes sans interférences de pays extérieurs à la région.

L’ASEAN n’est pas non plus un forum approprié pour résoudre le problème, a dit M. Yang.

« La Chine et certains pays de l’ASEAN ont des disputes en matière de droits territoriaux et maritimes, parce que nous sommes voisins. Et ces disputes ne devraient pas être considérées comme des disputes entre la Chine et l’ASEAN en tant que telle, pour la seule raison que les pays concernés sont membres de l’ASEAN », a-t-il dit.

M. Yang a précisé que la Déclaration sur le Comportement des Parties en Mer de Chine Méridionale signée par la Chine et les membres de l’ASEAN en 2002 a joué un rôle précieux dans la prévention des conflits régionaux, et des réunions à haut niveau auront lieu quand les conditions s’y prêteront. Dans cette déclaration, les pays signataires se sont engagés à « agir avec retenue et à ne pas en faire un problème international ou multilatéral ».

« Les canaux de discussion sont là, et ils sont ouverts et aisés », a dit M. Yang.

Une douzaine de délégués d’Asie se sont dirigés vers M. Yang après son discours, disant que les remarques faites par M. Yang offraient une explication claire de la politique de la Chine au sujet du problème de la Mer de Chine Méridionale.

Les Etats-Unis font à nouveau rouler leurs muscles en mer de Chine méridionale pour prendre les ressources

Su Hao, Chercheur en études sur la Région Asie-Pacifique à l’Université de Diplomatie de Beijing, a dit qu’il y avait eu de nombreux « changements subtils » au sujet du problème de la Mer de Chine Méridionale l’année dernière, avec des pays comme le Vietnam ayant adopté une attitude beaucoup plus dure et Washington qui se départit de son ton modéré d’avant.

« Je suis certain que les Etats-Unis sont la raison de base derrière ce changement ; ils soutiennent les pays de l’autre bord », a dit M. Su.

« Durant une récente visite au Vietnam, j’ai dit à un officier vietnamien, qui avait une formation diplomatique, que feu notre leader Deng Xiaoping avait dit ‘puisque nous ne pouvons pas résoudre le problème de la Mer de Chine Méridionale, nous pouvons laisser ce soin à la génération suivante, qui sera plus intelligente’ », a-t-il dit.

Et l’officier a répondu à M. Su que c’était justement pour cela qu’il fallait résoudre le problème maintenant.

« Si la situation se détériore, ce n’est pas la faute de la Chine », a dit M. Su.

D’après Shi Zhan, Chercheur en études internationales à l’Université de Diplomatie de Beijing, les Etats-Unis font à nouveau jouer leurs muscles en Mer de Chine Méridionale en partie du fait des ressources présentes dans la zone.

La Chine et à ce titre son point de vue est à rapprocher de celui des acteurs d’autres zones de tension ne souhaite pas que les Etats-Unis prétendent imposer leur « médiation » musclée dans le cas de conflits qui jusqu’ici ont été traité par la négociation entre parties concernées. Cette attitude réclamant la régionalisation des conflits est proche de celle rencontrée actuellement en Amérique latine mais aussi en Afghanistan. En gros la plupart des protagonistes repoussent une intervention qui sous prétexte de ramner paux et sécurité divise pour mieux régner et le fait y compris à coup d’interventions militaires.

présentation par danielle Bleitrach du contexte et des positions exposées dans  le Quotidien du Peuple en ligne du 26 juillet.

Sont notés en rouge les pays membre de l’ASEAN et en jaune les pays assistant au forum en tant que membres de la zone pacifique et étant liés par différents accords avec l’ASEAN

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