La Chine brise le silence sur l’afghanistan par M K Bhadrakumar

1468_651420234_asie_centrale_tadjikistan_h042228_l1Asia Times Online, le 25 février 2009
article original : « China breaks its silence on Afghanistan »

Dans l’environnement violent et létal dans lequel il a vécu et survécu pour conduire au bout du compte la marche de Pékin vers un socialisme aux caractéristiques chinoises, Deng Xiaoping avait de très grandes raisons d’être prudent. Eu égard à l’approche internationale de la Chine, voici ce que Deng disait : « Observons calmement ; assurons notre position ; faisons face aux affaires avec calme ; cachons nos capacités et attendons le bon moment ; faisons tout pour maintenir un profil bas ; et ne revendiquons jamais de leadership. »

Ainsi, la Chine n’a jamais fait connaître sa pensée sur le problème afghan. L’organe du Parti Communiste Chinois (PCC), le Quotidien du Peuple, vient à présent de rompre avec ce principe de base dans un commentaire hautement nuancé.

Aujourd’hui, alors que l’atmosphère menace de devenir très vite sulfureuse dans la région qui entoure l’Afghanistan, la situation devient très critique. Mais cela seul n’explique pas le moment choisi pour ce commentaire chinois, intitulé « Les ajustements de la stratégie anti-terroriste américaine seront-ils couronnés de succès ? »

Le contexte est particulièrement justifié. La Secrétaire d’Etat US, Hillary Clinton, vient juste de terminer une visite décisive en Chine. Pékin pousse manifestement un soupir de soulagement à propos du « sens de la certitude » dans les relations sino-américaines sous la présidence de Barack Obama. Qui plus est, Pékin a été séduite par le fait que Clinton a cité l’antique aphorisme chinois tongzhou gongji – « Lorsque nous sommes dans le même bateau, nous devons nous entraider » – comme étant l’esprit de notre époque troublée. Là, cela dépasse largement l’amour musclé que George W. Bush a témoigné à la Chine afin qu’elle « prenne des risques » dans le système international.

L’Afghanistan a sûrement fait partie des discussions entre Clinton et les dirigeants chinois, surtout que sa visite a coïncidé avec l’annonce d’Obama concernant un accroissement des troupes en Afghanistan.

Pêcher en eau trouble

Cependant, il y a deux autres messages sous-jacents. Les Etats-Unis changent manifestement de vitesse sur leur politique en Asie du Sud, comme le prouve la décision d’Obama de nommer Richard Holbrooke comme représentant spécial pour l’Afghanistan et le Pakistan. Et Holbrooke n’est pas étranger à Pékin.

Il est clair que Pékin, juste après la récente visite d’Holbrooke dans la région, a jugé que les relations entre les Etats-Unis et l’Inde entraient dans une nouvelle phase qualitative, laquelle a montré quelques signes de friction. Il est payant pour Pékin de pêcher en eaux troubles et d’accumuler plus de pression sur son voisin méridional.

Deuxièmement, le ministre russe des affaires étrangères a annoncé la semaine dernière que les invitations avaient été lancées pour la conférence, attendue depuis longtemps, de l’Organisation de la Coopération de Shanghai (OCS) sur l’Afghanistan, qui se tiendra à Moscou le 27 mars prochain. Le moment approche pour Pékin de prendre position sur le problème afghan. Les tergiversations formulées dans des homélies pieuses pourraient ne plus suffire.

La Chine a-t-elle le sens de la solidarité avec la Russie – ou avec les observateurs de l’OSC, tels que l’Inde et l’Iran ? Mais Pékin ne peut pas non plus se permettre de dissiper l’élan naissant d’un partenariat avec l’administration Obama. Et les Etats-Unis (ainsi que ses alliés) boycottent la conférence de l’OCS.

Dans la période à venir, nous pourrions donc assister à quelques numéros de contorsion étonnants de la part de Pékin. Le commentaire du Quotidien du Peuple a virtuellement appelé à l’extension du mandat d’Holbrooke, pour inclure le « problème indo-pakistanais ». Il est vrai que ce commentaire se retient de mentionner le Cachemire en tant que tel, mais il laisse peu à l’imagination que le Cachemire est précisément ce quoi il se référait – que les Etats-Unis devraient arbitrer une solution à ce que le Pakistan appelle la « question essentielle » dans ses relations tendues avec l’Inde.

Le commentaire chinois dit que le seul envoi de troupes américaines supplémentaires en Afghanistan ne peut aider Obama à atteindre ses « objectifs stratégiques », à moins que Washington ne stabilise l’Asie du Sud, en particulier le Pakistan et les relations indo-pakistanaises. L’éditorial se poursuit ainsi :
Il est clair que sans la coopération du Pakistan, les Etats-Unis ne peuvent pas gagner la guerre contre la terreur. Par conséquent, pour protéger ses propres intérêts dans la lutte contre le terrorisme en Asie du Sud, les Etats-Unis doivent garantir un environnement stable au Pakistan, à l’intérieur et à l’international, et apaiser les tensions entre le Pakistan et l’Inde. Vu sous cet angle, il est facile de comprendre pourquoi Obama a nommé Richard Holbrooke comme envoyé spécial pour les questions afghane et pakistanaise, et pourquoi l’Inde est incluse dans la première visite d’Holbrooke à l’étranger. En fait, le « problème afghan », le « problème pakistanais » et le « problème indo-pakistanais » sont tous liés. (Italiques ajoutées).

Ces mots ont été clairement pesés et ces remarques inamicales ne risquent pas de passer inaperçues à New Delhi. Les diplomates indiens ont frappé un grand coup pour veiller à ce que le mandat d’Holbrooke n’inclut pas l’Inde, malgré l’ensemble des opinions, au sein des think-tanks et de l’establishment américains, qui insiste sur le fait que des tensions sous-jacentes dans les relations indo-pakistanaises se poursuivront tant que le problème du Cachemire n’aura pas été résolu. Pékin s’est maintenant jeté dans le débat et la Chine exprime ouvertement son soutien à la position pakistanaise.

Ce qui est intéressant est que Pékin ignore totalement la cause profonde de « l’anti-américanisme » qui prévaut au Pakistan et qui a beaucoup à voir avec l’interférence étasunienne dans les affaires intérieures de ce pays, en particulier le soutien des Etats-Unis aux dictatures militaires successives, ou avec la psyché blessée des Musulmans – ou avec la guerre brutale que mènent les Etats-Unis en Afghanistan. En effet, le commentaire chinois est resté silencieux sur la question centrale de l’occupation étrangère de l’Afghanistan.

Pékin ne peut pas ignorer que l’Inde verrait d’un mauvais œil une intervention au Cachemire par une tierce partie, tout comme la Chine est profondément allergique aux opinions mondiales concernant le Tibet ou le Xinjiang. Une explication possible pourrait être que Pékin redoute que l’Inde puisse jouer une fois encore la « carte tibétaine », alors qu’approche le 50ème anniversaire du soulèvement tibétain (le 10 mars prochain).

Dans la dernière ligne droite avant cet anniversaire, Pékin est en train sévir contre les nationalistes tibétains. La Chine aimerait sans doute avertir l’Inde qu’elle pourrait également sortir la « carte cachemirie ». Somme toute, les stratèges indiens devront donc analyser soigneusement l’éventail des motivations chinoises, en appelant, à ce stade, à une médiation des Etats-Unis dans les disputes indo-pakistanaises, talonnant de près les discussions entre Clinton et les dirigeants chinois à Pékin.

En dehors de l’Inde, Pékin identifie la Russie comme une autre puissance régionale qui impacte négativement la stratégie des Etats-Unis en vue de stabiliser l’Afghanistan. (Soit dit en passant, ce commentaire ignore complètement l’Iran, comme s’il n’était pas un facteur important sur l’échiquier afghan.) Ce commentaire dit : « … Les Etats-Unis doivent s’assurer que la Russie est apaisée. La région d’Asie Centrale, où se trouve l’Afghanistan, avait l’habitude d’être l’arrière cour de la Russie… Tandis que les relations entre les Etats-Unis et la Russie montrent des signes de rétablissement après l’arrivée d’Obama au pouvoir, les réactions de la Russie vis-à-vis de la décision étasunienne d’accroître ses troupes en Afghanistan sont plutôt subtiles. »

Alors, que fait Obama ? Pékin fait la supposition suivante : « La détermination de la Russie de ne pas permettre que les Etats-Unis jouissent d’un contrôle dominant dans l’affaire afghane est plutôt visible. La façon dont les Etats-Unis feront face à la relation ‘coopérative et concurrentielle’ avec la Russie dans l’affaire afghane testera la capacité des Etats-Unis à réaliser ses objectifs stratégiques en Afghanistan. »

Mais alors, la Chine est également une partie intéressée dans les deux questions aujourd’hui controversées des relations américano-russes : l’expansion de l’ près de ses frontières d’Asie Centrale et le déploiement du bouclier étasunien antimissile. La Chine abhorre l’expansion de l’Otan près de ses frontières et s’oppose au bouclier antimissile qui réduirait à néant sa capacité de frappe nucléaire de qualité relativement inférieure.

Mais, ainsi que Deng l’aurait dit, pourquoi revendiquer le leadership de l’opposition à ces manœuvres étasuniennes lorsque Moscou fait déjà un travail merveilleux ?

Le commentaire du Quotidien du Peuple fait la distinction concernant les intérêts de la Russie en Afghanistan. Il conseille implicitement à Washington de ne pas prendre la conférence de l’OCS à venir comme une sorte de coalition sino-russe. Une fois encore, en affirmant que la fermeture de la base aérienne de Manas par les autorités kirghizes fait partie d’un « jeu stratégique entre les Etats-Unis et la Russie », le Quotidien du Peuple a effectivement démystifié la conférence de l’OCS à venir. Après tout, la raison d’être de cette conférence est que la situation afghane pose une menace à la sécurité de l’Asie Centrale. Mais le commentaire chinois n’aborde pas une seule fois cet aspect.

Bref, ce qui émerge est que peu importe la détermination de Moscou à défier le « monopole étasunien sur la résolution du conflit » en Afghanistan, la Chine ne se laissera pas entraîner dans un tel calcul. Comme Deng l’aurait dit, la Chine observera calmement et gardera un profil bas. Après tout, la Russie force le passage sur son arrière-cour afghane et, si elle réussit, non seulement l’OCS, mais également la Chine, seront les bénéficiaires nets. D’un autre côté, si les Etats-Unis snobent la Russie, cela ne fera qu’entamer le prestige de Moscou, pas celui de Pékin.

La Chine est-elle irrité qu’il y ait de nouveaux signes positifs dans les relations russo-américaines ? Il y a de quoi à ce que Moscou médite sur la raison pour laquelle le Quotidien du Peuple aurait rabâché la même chose sur l’animosité de la Russie vis-à-vis de l’influence des Etats-Unis en Asie Centrale, à un tel moment aussi délicat où l’administration Obama a décidé de ne pas faire de la fermeture de la base aérienne de Manas un élément des relations russo-américaines. Moscou trouverait embarrassant de se voir dépeint comme un « saccageur » de la stratégie d’Obama sur l’Afghanistan.

Etablir un contact avec les Islamistes

Ce qui est vraiment extraordinaire à propos du commentaire chinois est ses références indirectes à la question centrale des Taliban. Il y a des indications que Pékin n’aurait aucun problème en tant que tel si les Taliban, dans le cadre d’un règlement politique, étaient impliqués dans la structure du pouvoir en Afghanistan. De façon intéressante, ce commentaire conseille aux Etats-Unis d’être « pragmatiques vis-à-vis des conditions réelles de l’Afghanistan ». Il exprime également un soutien à l’argument selon lequel l’Afghanistan manque « pratiquement de toutes les préalables à la modernité ». Par ailleurs, il suggère que l’Afghanistan ne puisse pas être un Etat unitaire.

Ces commentaires doivent être considérés à la lumière de la nouvelle pensée qui règne dans les milieux influents aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, selon laquelle une approche « de la base vers la hiérarchie », impliquant la diffusion de la puissance de l’Etat en faveur des leaderships locaux, pourrait être la réponse aux problèmes en Afghanistan et sera le meilleur moyen d’impliquer les taliban dans la structure du pouvoir dans les régions pachtounes.

Le PCC a innové en invitant une délégation de l’influent Djamaat-e-Islami (DI) pakistanais à visiter la Chine la semaine dernière. Durant cette visite qui a duré tout un week-end, les deux camps ont signé un protocole d’accord énonçant quatre principes pour les relations sino-pakistanaises, incluant l’indépendance, l’égalité, le respect mutuel et la non-interférence dans les affaires intérieures de chacun des deux pays.

Pendant ce temps, le DI a garanti le soutien total à l’unité nationale et géographique de la Chine et a complètement soutenu la position de la Chine concernant Taiwan, le Tibet et la question du Xinjiang. Pékin a ensuite rendu la pareille avec sa « position de principe » sur la question du Cachemire et a « réitéré que cette position et cette coopération vitale de la Chine se poursuivra ».

Le socialisme – même avec les caractéristiques chinoises – ne se mélange pas facilement avec l’Islamisme. Il n’y a aucun autre moyen d’expliquer la coopération du PCC avec le premier parti islamique du Pakistan qu’un accord faustien ayant pour toile de fond l’ascendance dans la région des forces de l’Islam militant.

Le Quotidien du peuple admet que la conséquence de la stratégie étasunienne de « montée en puissance » en Afghanistan reste incertaine. Il prend note que les Etats-Unis font également un pas vers « un compromis avec les modérés au sein des Taliban », puisque le Président Hamid Karzaï, autrement, ne se serait pas aventuré dans cette voie. Le commentaire fait l’éloge d’une telle pensée comme étant une manifestation de l’utilisation de la « puissance habile », une idée « souvent mentionnée » par Clinton. Cela revient à dire que, tandis que l’accroissement des troupes étasuniennes est une « mesure forte », « une politique telle qu’aider le gouvernement afghan à consolider son régime pour stabiliser progressivement le pays serait la ‘mesure douce’. »

Pareillement, Pékin a conscience que l’agenda réel des Etats-Unis pourrait être stratégique, dans la mesure où l’Afghanistan est situé « au carrefour de l’Eurasie ». Tandis qu’écraser al-Qaïda constitue vraiment un objectif, la stratégie de Washington « accroîtra aussi la coopération et l’alliance de l’OTAN pour s’assurer que la première action militaire de l’OTAN hors de l’Europe n’échouera pas ». En retour, cela permettra aux Etats-Unis « d’élever le statut de leur leadership parmi leurs alliés et de renforcer leur présence au cœur de l’Eurasie en utilisant ces moyens ».

Il semble que la Chine n’ait aucun problème avec un tel agenda. La Chine « cachera ses capacités » – pour citer Deng – alors même que les Etats-Unis et la Russie entrent en collision et se contredisent mutuellement et que ces pays finiront par s’épuiser. Ainsi que le Quotidien du Peuple conclut, l’Afghanistan est connu comme le « tombeau des empires ». Par conséquent, la Chine doit se concentrer à assurer sa position et à attendre le bon moment – une stratégie que Deng aurait sûrement appréciée.

L’Ambassadeur M K Bhadrakumar a servi en tant que diplomate de carrière dans les services extérieurs indiens pendant plus de 29 ans. Parmi ses affectations : l’Union Sovétique, la Corée du Sud, le Sri Lanka, l’Allemagne, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Ouzbékistan, le Koweït et la Turquie.

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5 commentaires

  1. Une petite réaction : je sais que la diplomatie a ses arcanes (j’aurais préféré lire directement l’éditorial du Quotidien du peuple,et non les commentaires d’un diplomate indien), mais si telle est bien la pensée des dirigeants chinois, je la trouve bien peu « courageuse » au regard de la position de leur pays dans le monde et du poids que leur économie représente. Je me pose une question « naïve » : si ceux qui en ont les moyens ne « contredisent » pas l’Empire (Bush ou Obama, c’est toujours la logique impériale qui joue), semblent accepter comme allant de soi la prétendue « guerre mondiale contre le terrorisme » et les « droits » d’ingérence qu’elle implique au départ, et cherchent apparemment à tirer les marrons du feu en calculant les profits et pertes avec autant de soin qu’un apothicaire, je me dis que Washington, bien que blessé, a encore de beaux jours devant lui pour imposer sa politique à l’échelle mondiale.

    Moi qui ai été formé en matière d’analyse et de diplomatie internationales à l’école de la pensée de Fidel et de la Révolution cubaine en vertu de quoi on appelle chat un chat et Rollet un fripon sans tant de supputations et on ne transige pas sur les principes (exemple le plus éloquent : la crise des Missile d’octobre 1962), même au risque de recevoir un bombe atomique ou d’être envahi par la superpuissance, et, parallèlement, de perdre son principal allié), j’avoue ne pas m’y retrouver. Et je refuse de croire qu’il faille mettre cette diplomatie « frileuse » sur une éventuelle pensée orientale qui m’échapperait, faute des clefs requises… Je préférerais infiniment une politique plus risquée, moins calculatrice, surtout quand on sait que la Chine a maintenant, compte tenu de son poids économique, beaucoup de clefs en main.

    A moins que la nouvelle politique économique chinoise n’ait tant imbriqué le pays dans la trame capitaliste mondiale que la diplomatie chinoise (autrement dit, la vision du monde chinoise) n’ait plus aucun moyen de prendre en considération les intérêts de la « Révolution mondiale »…

    Ce sont de simples questions que je me pose, toujours parce que j’ai été formé à une autre école et dans un autre contexte. En fait, je crois me rappeler que même au plus fort de la guerre contre le Vietnam, la Chine, sous d’autres dirigeants, avait trop souvent pesé le pour et le contre de ses engagements (d’où de graves frictions avec la Révolution cubaine à cause de cette posture) et n’avait même pas hésité en 1979 à envahir le Vietnam… Oui, bien évidemment, ce sont deux modes de penser et d’agir.

    Un autre exemple de « diplomatie » cubaine : l’appui à l’Angola et à la SWAPO et la guerre contre l’apartheid, quinze longue années durant (et 2 077 morts à la fin), alors que le moindre concession aurait ouvert les portes d’une amélioration des relations avec Washington… Mais, comme le dit Fidel, Cuba ne cherche pas à tirer profit en vendant les peuples qu’elle aide.

    J’avoue préférer infiniment cette diplomatie-ci à cette diplomatie-là. Et qu’on ne vienne pas me rétorquer que Cuba, parce que petit pays, n’a pas les responsabilités de la Chine, pays immense, et a donc plus de libertés. Ça me semblerait justement le contraire…

    • quand j’inscris un texte cela ne veut pas dire que je partage nécessairement ce qu’il dit mais que cela apporte un éclairage intéressant, et là … sur quoi? Pas nécessairement sur la Chine mais sur l’Inde trés inquiète dans la transition… Qui lorgne le pakistan allié traditionnel de la Chine.
      Il y a un côté « grand jeu » assez loufoque dans la zone correpondant à l’Organisation de Coopération de Shanghai. Tu te souviens « le grand jeu » est bourré d’aventuriers, d’espions à la solde des grandes puissances qui se font enlever, vendre comme esclaves voire décapiter sur la place publique, il y a un côté Michel Strogoff voire Rudyard kipling, je crois que c’est d’ailleurs dans kim que l’on trouve l’expression. Et ce texte est un peu un retour à cet esprit là… Le grand jeu concerne au premier chef britannique et Indien mais aussi les russes qui l’appellent « le tournoi des ombres »… Tant qu’il y a l’Union Soviétique tout paraît stabilisé, mais l’attaque a lieu par l’Afghanistan, comme l’Inde se voulait recemment l’alliée de Bush… A la chute de l’Union Soviétique tout est reparti en Asie Centrale mais avec des Etats délimités dans le cadre de la dite Union Soviétique.

      Tu parles de l’Amérique latine, l’Asie centrale, y compris, l’Iran, l’Afghanistan, le plateau du Tibet, la steppe, d’immenses déserts comme celui de Gobi, et même une part de l’Inde c’est un autre monde où les poussées révolutionnaires sont trés fortes avec un sous sol qui regorge de pétrole, de gaz et même de métaux rares et où les dirigeants pratiquent l’art des alliances multiples. Je ne pense pas que sans se référer aux stéréotypes de l’incomprehensible Asie on puisse tout à fait comparer… La Chine c’est encore un autre monde que l’Asie centrale. je me souviens quand j’étais au tadjikistan il y avait deux épouvantail : « l’intelligence service » et cathay (c’était ainsi qu’ils appelaient la Chine)… En ce moment visiblement la Russie arrache l’Asie centrale à l’influence étasunienne. Un monde multipolaire est en train de naître et cela n’est pas inintéressant y compris pour l’Amérique latine. Ce qui est évident c’est que malgré toutes les analyses défavorables depuis le début l’organisation de Coopération de Shaghai tient bon, et se renforce, on prétend que l’Iran risque d’y rentrer lors de la réunion prévue à Moscou. Donc l’article qui table comme beaucoup sur un antagonisme de fait entre la Russie et La Chine n’a pas beaucoup d’élements allant dans ce sens. Ce qu’il dit sur le fond c’est que la Chine est alliée au Pakistan, ce qui n’est pas une nouveauté, qu’elle n’a pas envie de s’enferrer en Afghanistan, c’est évident et la Chine effectivement a une dimplomatie prudente qui évite le conflit tout en restant intransigeante sur l’unité de la nation et sa souveraineté. est-ce si éloignée des Cubains ? A-t-elle craint de venir à Cuba recemment ? Est-ce qu’elle change en quoi que ce soit ses rapports cordiaux avec les amis ou les ennemis des Etats-Unis. Mais elle n’intervient pas sur le fond, ne distribue pas les bons et mauvais points…
      Tu dis que la diplomatie cubaine est simple, c’est un Cubain que nous connaissons toi et moi et qui va trés souvent discuter en Chine qui m’a donné le conseil suivant « avec la Chine garde toi de conclure trop rapidement! La seule chose dont tu dois être convaincue c’est que ce sont des hommes d’Etat. Un homme d’Etat c’est quelqu’un qui n’oublie, jamais les contraintes spécifiques de son peuple. Un dirigeant cubain qui oublirait qu’il a à 150 km de ses côtes le pire des ennemis serait un fou… Un dirigeant chinois qui oublirait qu’il y a un milliard trois cent mille chinois à nourrir serait également un fou et les dirigeant chinois sont responsables. »
      Enfin, il faut bien voir que le grand déclin de l’Empire nord-américain se fait selon des lignes forces différentes en Amérique latine et en Asie centrale… Il est intéressant de confronter ce texte avec celui de ria novosti sur la visite d’ Hillary Clinton en Chine qui a d’ailleurs une chute intéressante sur le fait que les Etats-Unis n’ont plus les moyens de financer leurs « droits de l’hommistes » que l’auteur compare au réseaux communistes de la guerre froide…
      Je pense donc qu’il faut observer, prendre des points de vue divers et ne pas se hater de conclure que la Chine pense ça, mais qu’un Indien pense que la Chine pense ça dans un temps de transition où OBAMA fait songer aussi à Gorbatchev tentant de conserver l’URSS, tout en perdant pied dans le monde européen… Et de là on passe à l’article de The economist sur les pays de l’Est en train de s’effondrer et entraînant l’Union européenne.
      Moi personnellement je regarde sans conclure, j’essaye de comprendre…
      Danielle Bleitrach

  2. Non, moi aussi j’essaie de comprendre où va la Chine, qui est devenue une des composantes clefs du nouvel agencement du monde en train de se mettre en place. Il me paraît simplement, mais peut-être est-ce que je me trompe, que les dirigeants chinois d’un pays où le conducteur reste quand même le Parti communiste s’accommodent un peu trop de l’existence du capitalisme et d’un ordre économique international toujours au profit des puissants, même si ledit capitalisme a reçu un sérieux coup de plomb dans l’aile. Sans doute est-ce que je ne regrette de ne plus entendre beaucoup parler les dirigeants chinois de révolution, et donc de transformation de l’ordre en place. L’ennemi reste toujours le même, mais j’ai l’impression que ce concept même d’ « ennemi » ou d’ « adversaire » a justement disparu de la vision du monde des Chinois.

    Je ne dis pas que la diplomatie cubaine est « simple » : je dis que la Révolution cubaine prend bien plus de risques, malgré sa situation géographique et le fait qu’elle ait l’Empire collé à ses basques. Si la Chine en prenait un peu, peut-être les choses avanceraient-elles plus vite… C’est juste un regret du « bon vieux temps » où le mot « Révolution » avait un sens.

  3. Le premier ministre chinois a récemment dialogue avec les internautes chinois qui lui ont posé plus de 33.000 questions, essentiellemen,t sur la situation économique et si le PM a annoncé que le plan de relance commençait à donner des résultats et s’il a déclaré également qu’il était légitime de critiquer le gouvernement, il a fait état de ses préocuppations principales.

    Le PM chinois montre sa préoccupation pour les travailleurs migrants au chômage
    Le Premier ministre chinois Wen Jiabao s’est montré préoccupé samedi du sort des travailleurs migrants et d’autres personnes au chômage en Chine, les encourageant à prendre la voie du travail indépendant, lors de son dialogue avec les internautes.

    M. Wen a dit qu’il s’inquiétait profondément de la question du chômage, en particulier celui qui touche les travailleurs migrants, les diplômés universitaires et les familles vivant dans les villes.

    « L’emploi assure non seulement la subsistance d’une personne, mais aussi sa dignité », a-t-il rappelé.

    Selon des statistiques officielles, quelque 15,3% des 130 millions de travailleurs migrants dans les régions urbaines sont retournés à la campagne, dans le sillage du déclin économique mondial.

    Source: xinhua
    Ne pas oublier qu’il y a en ce moment outre les effets de la crise financière une terrible sécheresse, l’armée est mobilisée pour lutter contre, et surtout lme gouvernement tente que le prix des céréales ne soit pas affecté.

    La plus grande sécheresse connue par le nord de la Chine depuis 50 ans se poursuivra jusqu’au mois mars selon l’annonce de l’Administration météorologique d’Etat (AMC) du vendredi dernier 6 février.

    L’administration précise que la sécheresse dans certaines régions durement touchées serait légèrement atténuée par des faibles précipitations au cours des 10 prochains jours.

    En mars, les précipitations dans la plupart des régions septentrionales du pays où est cultivé le blé, seront légèrement inférieures voire proches de la normale.

    Toutefois, les récoltes de blé dans le Hebei, Shanxi, Shaanxi, Shandong, Henan et Anhui continueront à souffrir de la sécheresse, a annoncé lors d’une conférence vidéo Xiao Ziniu, directeur du Centre climatique national (NCC) sous l’égide de l’AMC.

    La Chine a émis un bulletin d’alerte rouge concernant la sécheresse jeudi dernier, ce qui correspond à un état d’urgence, alors que le bulletin d’alerte orange signalant une grande sécheresse était maintenu depuis novembre.

    La sécheresse a affecté environ 161 millions de mu (10,73 millions d’hectares) de cultures, avec 4,37 millions de personnes et 2,1 millions de têtes de bétail souffrant du manque d’eau pour la date du 6 février dernier, selon le Bureau du Centre national de lutte contre les inondations et la sécheresse.

    Le Président Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao ont ordonné d’intensifier tous les efforts pour lutter contre la sécheresse dans « le grenier à blé » national afin de garantir une bonne récolte cet été.

    Le gouvernement central a ajouté 300 millions de yuans (44 millions de dollars) à 100 millions de yuans de fonds d’urgence pour pallier au manque d’eau. Depuis décembre, plus de 5,26 millions de personnes ont participé à des travaux de lutte contre la sécheresse.

    Environ cinq millions d’hectares de cultures touchées, soit près de la moitié du total, ont été irriguées dans 8 provinces productrices de blé en Chine jusqu’au 5 février dernier, selon les données publiées par le Ministère de l’Agriculture (MOA) vendredi.

    Le ministère a annoncé qu’il compte proposer aux agriculteurs des subventions pour l’achat du matériel dans le but de les aider à lutter contre la sécheresse. La seule condition, c’est que le prix des équipements ne doit pas être supérieur au prix sur le marché de l’année dernière.

    Toutefois, les stations météorologiques ont averti les agriculteurs qu’ils doivent irriguer leurs champs d’une façon « scientifique » afin d’éviter le gel du blé au début du printemps.

    Si des mesures contre la sécheresse ne sont pas prises rapidement, un nombre croissant de plantes seront mortes à l’approche du printemps, ce qui diminuerait la récolte estivale.

    Les données du MOA ont montré que plus de 2,3 millions de mu de semis de blé dans les provinces du Henan, Anhui et Shandong avaient péri.

    La récolte de cette année est d’autant plus imprévisible que des maladies comme Puccinia striiformis ou la rouille, l’une des maladies qui porte le plus préjudice au blé, ont commencé à montrer des signes de propagation en Chine, a averti le MOA.

    La maladie dangereuse, qui pourrait causer jusqu’à 40% des pertes de la récolte, a déjà touché plus de 11,3 millions de mu (753 000 hectares) de blé dans sept provinces, alors que 4,6 millions de mu étaient touchés à la même période de l’année dernière. Le Gansu et le Ningxia, au nord-ouest du pays ont connu la plus importante déclaration de cette maladie depuis 19 ans.

    Source: le Quotidien du Peuple en ligne

  4. Il est toujours possible de développer des commentaires de commentaires mais l’essentiel est sans doute de souligner
    1- que l’auteur de l’article est un ancien diplomate indien qui a manifestement ses entrées dans l’administration indienne et continue à défendre les positions de son gouvernement
    2- que l’Inde et ses services secrets trés fortement impliqués dans la guerre afghane – côté OTAN -voient d’un mauvais oeil Pékin et Moscou s’y intéresser de plus en plus prés
    3- que le rapprochement entre la Chine et le Pakistan est en cours aprés lez débuts trés négatifs du Président corrompu ZARDIRI qui sur ordre de Washington a pendant les premiers mois de son mandat boudé son allié stratégique chinois

    Bref un point de vue officiel indien qui voit la situation diplomatique tourner progressivement à l’avantage des membres de l’OCS et qui souligne l’ambiguité permanente de la politique étrangère indienne


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