Communiqué :L’Académie des sciences s’inquiète du risque de démobilisation des jeunes chercheurs

Sarkozy 

L’Académie des sciences souhaite faire état de la vive émotion soulevée parmi ses membres par l’appréciation portée récemment sur l’état de la recherche scientifique dans notre pays, en référence à la concurrence internationale. S’il n’est pas contestable que certains secteurs de la recherche connaissent d’importantes difficultés, justifiant des réformes dont l’Académie elle-même a depuis longtemps souligné la nécessité, ceci ne saurait être retenu comme représentatif de la situation générale. Les études bibliométriques les plus récentes témoignent en effet que, dans de nombreuses disciplines, la recherche française se place dans les premiers rangs de la recherche mondiale. L’ignorer serait non seulement injuste, mais aussi gravement démobilisateur pour les jeunes récemment engagés dans la recherche, ou qui s’apprêtent à le faire. L’Académie souligne que la disparité d’appréciation de la recherche traduit les grandes difficultés d’une évaluation objective de domaines scientifiques très différents : ce sujet fait l’objet de sa part d’une réflexion approfondie, dont elle fournira les conclusions dans les mois qui viennent.


Jeudi 5 février 2009

Ce communiqué répond à un discours d’une rare violence de Nicolas Sarkozy en date du 22 janvier 2009. Il annonçait ce jour là le lancement comité chargé d’élaborer une « stratégie nationale de la recherche et de l’innovation ». Pour mesurer une part de l’émotion qui a secoué le monde de la recherche, il faut regarder ce résumén(5 minutes) du discours présidentiel composé par une équipe de chercheurs marseillais.

La vidéo de 5 minutes est visible ici:

http://www.youtube.com/watch?v=iyBXfmrVhrk&eurl=http://video.google.fr/videosearch?hl=fr&q=discours%20%20%20de%20Nicolas%20Sarkozy%20%2022%20janvieriurl=http://i2.ytimg.com/vi/iyBXfmrVhrk/hqdefault.jpg

Pour consulter ce discours en entier, il faut aller sur le site de l’Elysée. C »est assez abominable et l’on comprend l’émotion qui a saisi les chercheurs, cet homme qui se croit compétent sur tout ce qui est d’une rare niaiserie témoigne dans cette affaire à force de conviction autoentretenue tant sur ses capacités que sur le mépris général du reste porte une politique celle de la droite, celle du patronat, mais il le fait d’une manière indécente de surcroît.

Il pense que sa mission est de tout transformer, on a trop tardé, le CNRS serait  un simple héritage de 1945 (ce qui par parenthèse n’est pas un si mauvais cru) un système de recherche, un peu toiletté en 1959 et bloqué depuis les années 80.  Résultat, toujours selon lui, le système de recherche français serait « infantilisant et paralysant ». »une organisation désastreuse qui multiplie les structures et gaspille les moyens ». Ce qui aurait éjecté la France du peloton de tête de la science mondiale. Nos « bons résultats en mathématiques, physique ou sciences de l’ingénieurs » seraient « l’arbre qui cache la foret », « alibi des conservateurs de droite et de gauche ». Et empêcherait une bonne valorisation économique de sa recherche publique. Au passage, comme d’habitude ses chiffres sont tronqués et la forme est insultante.
 Il faut comprendre que cela fait des années que cela dure, j’ai été pendant 5 ans dans le groupe des 25 chercheurs de ma discipline (la sociologie) chargé justement de l’estimation des carrières, des laboratoires, et déjà il fallait resister aux pressions du « pilotage par l’aval ». Le fond en est comme le montrent les chercheurs marseillais un sacrifice systématique de la recherche par la droite et une absence de volonté réelle de la gauche de redresser la barre. Le CNRS partage avec l’université française un problème terrible d’absence de moyens par rapport au reste de l’Europe, une situation jamais résolue de grandes écoles concurrençant recherche et enseignement.
L’optique de Sarkozy est claire,  il s’agit une fois de plus d’avancer sur la voie d’un secteur  public finançant la recherche privée, mais ce n’est pas la politique des petits pas, c’est la rupture et pour cela le CNRS doit  être complétement détruit. le CNRS , selon Sarkozy,  regroupera désormais des Agences de Moyens, il n’emploira plus de chercheurs  et distribuera les crédits. Qui va gérer la politique nationale ? Le Ministère ? Sarkozy lui-même ? C’est la politique de droite, celle du patronat mais menée avec une brutalité particulière et une rare incompétence vulgaire.  Une politique à courte vue, de celle à qui nous devons la crise qui déferle sur la planète et cela touche l’avenir du pays, une voiture folle avec un pilote ivre.

Le discours de Sarkozy qui s’adressait à un parterre d’universitaires, scientifiques, chef d’entreprise, est consultable sur le site de l’Elysée. Il faut écouter la vidéo, c’est effrayant, cet homme est en train de créer le plus beau désordre avec une incompétence maximale dans ce qui représente l’avenir de la France. Qui va produire une vision nationale cohérente, à long terme sur des sujets concernant le climat, la génétique, voire l’énergie puisque les sciences dites humaines n’ont aux yeux de ces gens là aucune importance? Comme le soulignent les chercheurs avec inquiétude que deviendront des secteurs sensibles de la récherche par exemple dans le domaine de l’atome?

Pourquoi cette attaque frontale, c’est une vieille méthode rendue encore plus odieuse par la vulgarité de cet homme, il s’agit de montrer son mépris pour des pans entiers de la recherche, attaquer les personnels pour mieux tailler dans la dépense publique entre ce qui est rentable pour le privé et ce qui ne l’est pas. Sarkozy veut du pilotage, politique, économique et pour cela comme bien d’autres cela passe par cette médiocre attaque contre les personnels.

Et son projet de bouleversement devrait prendre acte selon lui à partir de 2009. C’est proprement effrayant. Ce type prétend juger de tout et introduit le désordre partout avec son populisme qu’il prend pour du bon sens.L’académie des sciences a fait ce communiqué inhabituel parce que l’inquiétude grandit et elle annonce un rapport mais qu’en sera-t-il fait ? Aura-t-il le même sort que les Etats-Généraux de la recherche.

Je voudrais ajouter une chose, le métier d’enseignant chercheur est pour ceux qui l’exercent le plus beau des métiers, ses membres sont tellement passionnés par ce qu’ils font qu’ils ne comptent pas leurs heures et sont peu exigeant, mais un être aussi vulgaire, aussi inculte que Sarkozy et ceux qui l’entourent ne vallent pas mieux que lui, ne peuvent pas comprendre cette passion de comprendre, de chercher, de diffuser les connaissances. Si le CNRS, si l’Université française sont ce qu’ils sont ils le doivent à cette passion, cet amour du métier malgré des conditions matérielles indignes. Qu’il me soit permis un témoignage: je considère qu’avoir fait ce métier a été la chance de ma vie parce qu’il aide à avoir d’autres valeurs, il créé en lui-même la propre récompense de tous les efforts, et c’est comme cela que je comprends le communiqué de l’académie des sciences: la principale richesse c’est la motivation du chercheur, du jeune chercheur puisque c’est là que la productivité est maximale et que se dessine tous les engagements.

2 commentaires

  1. La vidéo de 5 minutes est visible ici:

  2. Dans le même ordre d’idée que les propos vulgaires et outranciers du Président à Strasbourg, il y a ceux prononcés lors de la remise de la Légion d’Honneur au Premier Ministre Québéquois et qui ont profondément choqués aussi bien les souverainistes que les autres.
    Un bon compte rendu de cette affaire est disponible ici:

    Pour Sarkozy, les aspirations du Québec ne sont que « sectarisme », « enfermement sur soi-même » et « détestation de l’autre »


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