Daphna Whitmore : Inné contre acquis- les gènes contre l’environnement.

whitmore0Au même titre que le négationnisme du passé colonial, le tout génétique fait partie de l’arsenal idéologique de la droite « décomplexée » c’est-à-dire de la droite extrême qui s’assume. C’est pourquoi il mérite non seulement l’attention, mais aussi et surtout la critique, autant que les données scientifiques le permettent. C’est tout l’intérêt de la conférence de Daphna Whitmore, dont le texte est traduit ci-dessous. Cette dirigeante du Workers’ Party de Nouvelle-Zélande propose ici, plus qu’une réflexion systématique, une série de pistes permettant d’interpréter les résultats de la recherche en biologie et en génétique, d’une façon qui évite les représentations fausses que crée le marché (notamment télévisuel) de la vulgarisation. Après le coup infâme des tests ADN pour le regroupement familial, après les sorties sarkozystes sur la pédophilie soi disant congénitale, après les plans de « dépistage » précoce de la délinquance, je crois que l’analyse proposée par Daphna Whitmore à ses camarades néozélandais ne peut pas nous faire de mal. Marc Harpon. traduit par Marc Harpon pour changement de société https://socio13.wordpress.com/

nné contre acquis- les gènes contre l’environnement.

Conférence donnée par Daphna Whitmore au Séminaire  Marxiste d’Auckland en Juin 2008 (Publié le 19 novembre 2008 sur le site du Workers’PArty de Nouvelle-Zélande)

Chaque semaine un nouveau gène est soi-disant trouvé pour quelque chose. Cette semaine, le New Scientist avait un gros titre : ils ont découvert le gène de la religion. Creusez un peu et il devient clair que ces allégations sont grossièrement exagérées. Eh bien, il s’avère qu(ils n’ont en définitive pas vraiment trouvé un gène de la religion mais postulé qu’il existait. La théorie est basée sur un programme d’ordinateur qui prédit que si un nombre réduit de personnes a une prédisposition génétique à adhérer à des informations invérifiables, alors la religion va prospérer. Et cela passe sans qu’on sache comment pour de a science.

Les notions populaires de ce que font les gènes sont intéressantes.

J’ai pris en cours une émission à la télévision il y a quelques jours. Il était question des comportements des gens et de leur vie sexuelle. On demandait aux participants d’enregistrer le nombre de fois par jour qu’ils avaient une pensée sexuelle. Les résultats  étaient un peu mitigés mais l’un des mâles a eu un énorme nombre de pensées sexuelles, un autre mâle  en a eu un nombre modéré, qui était à peu près le même que l’une des femmes et l’autre femme en a eu très peu. C’était un échantillon réduit de seulement quatre personnes, et donc pas l’étude scientifique la plus rigoureuse. La conclusion tirée par le narrateur de l’émission était que «  les hommes pensent au sexe plus que les femmes, et c’est du fait que, en termes évolutionnistes, c’est un avantage. Une femme, une fois enceinte, ne gagne rien à une copulation supplémentaire, alors qu’un homme peut continuer à répandre ses gènes à droite et à gauche pour un grand avantage évolutif. »

Ce genre de théorisation est plutôt  courant ces derniers temps. Pourtant, dans l’échantillon, il y avait autant de différences entre les deux hommes qu’entre l’un des hommes et l’une des femmes. Mais, quoi, nous savons tous que les humains sont menés par le besoin de répandre leurs gène,s n’est-ce pas? Eh bien comment expliquons-nous cette pratique bizarre et anti-évolutive qu’est la contraception?

Le problème avec beaucoup d’explications génétiques vagues est qu’elles arrivent à travers une série de suppositions qui sont profondément teintées par le contexte social et historique.

Une large part de la conférence d’aujourd’hui s’appuie sur les travaux du biologiste dialectique Richard Lewontin. Il souligne que la science est une activité sociale accomplie par des organismes avec un système nerveux central limité et des organes sensoriels sévèrement limités. Elle est, de plus, accomplie par des organismes qui ont d’abord traversé une période considérable de socialisation individuelle et de maturation psychique avant d’être employés comme scientifiques, dans un milieu social qui a une histoire qui impose sa contrainte à la pensée et à l’action. « L’état de la science ne devrait pas être confondu avec l’état de l’univers »

Le débat sur la question de savoir ce qui- des gènes ou de l’environnement- influence le plus un organisme a été largement traitée de façon stéréotypée. Le pendule s’est balancé d’un côté puis de l’autre concernant celui qui joue le plus gros rôle. En ce moment, le pendule est dans le camp du gène, puisque toutes sortes de caractères sont, pense-t-on, liés aux gènes. Le problème est que la plupart des gènes dont ils parlent ont encore à être découverts! (Il y a aussi la position typique du « terrain d’entente », qui est aussi stéréotypée, qui dit que c’est essentiellement la combinaison de s gènes et de l’environnement.)

Une approche dialectique fournit une façon plus perspicace d’explorer le monde matériel. Ce dont on a besoin en effet, c’est une compréhension plus attentive du contexte de l’organisme entier ainsi que de l’environnement. La dialectique est un outil pour découvrir et comprendre les interactions et les interconnections.

La dialectique est une méthode pour observer et analyser le mouvement des contraires qui sont présents dans toutes les choses et procède du début vers la fin. A partir de cette analyse, on peut établir des façons de résoudre les contradictions. Ce n’est oas une formule pour prouver une proposition, c’est un outil pour l’exploration et l’investigation.

Donc je vais voir comment le pendule a balancé si fort du côté des gènes mais aussi avancer qu’il y a plus en jeu dans le développement que simplement les gènes et l’environnement.

Au XIXième siècle, il y a eu un débat entre l’école épigénétique et l’école préformationniste. Les préformationnistes croyaient qu’il y avait des versions miniatures entièrement développées à l’intérieur de chaque spermatozoïde, qui devenaient de plus en plus grosses, et que l’oeuf fournissait des nutriments. L’école épigénétique disait que c’était absurde, que chaque embryon ou organisme est graduellement produit à partir d’une masse indifférenciée par une série de stades et de niveaux durant laquelle de nouvelles parties sont ajoutées. Donc qui a gagné?

Etonnement, l’idée de l’homoncule a prévalu. L’idée que les gènes prédéterminent tout est une vue préformationniste. C’est la même chose que la notion que toute l’information nécessaire est dans le sperme et l’oeuf.

Tout l’information n’est pas déjà contenue dans l’oeuf fertilisé. Il y a d’autres facteurs importants dans la production d’un organisme. Il y a une séquence temporelle de l’environnement.

Comme l’a dit Héraclite, le philosophe grec, qui était un dialecticien : « On n’entre pas deux fois dans le même fleuve. » Il n’y a rien de statique dans l’environnement.

Le temps est un gros facteur.

Il y a un autre facteur, à savoir l’indétermination lors du passage d’un niveau quantique à un autre plus élevé. Cela ajoute un élément de hasard et a un effet profond. Donc une large part du développement n’est pas prédéterminée mais incertaine. J’entrerai plus tard dans ces considérations.

Un problème clé est la limitation associée à la spécialisation en science. Aujourd’hui, il est impossible d’être généraliste parce que le corps des sciences est si vaste, mais comment gère-t-on l’isolement des scientifiques travaillant dans un champ d’avec ceux  de champs différents? Cela a encouragé les gens à adopter une vue étroite.

LE DETERMINSIME GENETIQUE

Cela fait maintenant 55 ans que la structure de l’ADN a été révélée et il est temps de demander pourquoi la thérapie génique n’a pas progressé au-delà du stade des essais. (Il y a actuellement environ 100 thérapies géniques à l’essai clinique et orientées vers le cancer et des maladies telles que la fibrose cystique, l’hémophilie A, des maladies infectieuses- y compris le SIDA- et des maladies auto-immunes telles que l’arthrite rhumatoïde.

Le problème est que les cellules individuelles dans chaque organisme diffèrent assez les unes des autres, que pas deux ne traitent l’information de l’ADN exactement de la même façon, rendant beaucoup de thérapies géniques téméraires et difficiles.

Pour le cancer, par exemple, les traitements consistent encore presque exclusivement à l’enlever, l’empoisonner ou le brûler.

Ce que l’on découvre, c’est que l’ADN ne joue pas vraiment le rôle déterminant auquel on croit généralement et que les gènes ne sont pas pertinents pour [expliquer] certaines caractéristiques (l’asymétrie de l’oeuf).

La vision de l’évolution centrée sur les gènes a été popularisée par Richard Dawkins qui a inventé le terme de gène égoïste [son ouvrage le plus connu, Le Gène égoïste, est publié en traduction française chez Odile Jacob, ndt]. Il dit que l’évolution agit sur les gènes et que la sélection au niveau des organismes ou des populations ne surpasse presque jamais la sélection basée sur les gènes. Il pense que le coeur du problème est  la réplication des gènes, pas nécessairement ceux de l’organisme, et encore moins ceux d’une entité de niveau plus large. Les gènes sont le principal dans le processus de sélection naturelle. (La sélection naturelle est le processus par lequel les traits héréditaires favorables deviennent plus communs à travers les générations successives d’une population d’organismes capables de reproduction, et les traits héréditaires défavorables deviennent moins communs.)

Donc un pouvoir presque magique est attribué aux gènes. Ce qu’il y a de plus, c’est que la « génomanie »- une excitation frénétique à propos des gènes et de la thérapie génique (les années 90 ont été la décennie où elle a atteint son point culminant.) Tout cela a un contexte social qui maintient en arrière la science et ses progrès. L’ADN révèle beaucoup, mais il est seulement une partie d’un tableau plus large et ne doit pas être pris isolément.

L’hérédité implique beaucoup plus que les seuls gènes. Les scientifiques ont établi que les gènes sont pléiotropiques- c’est à dire qu’ils transportent des nombreux messages. L’heure et la nature de ces messages est déterminée non par eux mais par des enzymes et d’autres structures cellulaires qui ne sont pas génétiques.

Mais je ne vais pas  avancer inversement que nous sommes simplement, ni même largement, un produit de notre environnement. En premier lieu, même nos concepts de l’environnement sont formés par l’idéologie actuelle. « Préserver l’environnement » est un slogan accrocheur mais une absurdité en biologie. Lewontin, je pense, pose la question de savoir si les organismes s’adaptent à leur environnement ou si l’adaptation est une métaphore mal employée. On en dira plus à ce sujet bientôt.

Nous avons besoin de te garder une bonne fois la construction sociale du savoir scientifique.

Il y a des facteurs variés qui encouragent les scientifiques à des prétentions démesurées (C’est uen façon d’obtenir des financements) et vraiment trop souvent les gens qui publient les découvertes sont commercialement conduits à vendre des articles en simplifiant trop et en jouant sur le sensationnalisme.

LES GENES

Il y a environ 25 000 gènes dans un être humain. Les chercheurs ont plus ou moins achevé l’analyse finale du Human Genom Project [Le Projet Génome Humain, ndt] en avril 2003.

En 1991, des scientifiques « ont trouvé le gène de l’homosexualité »- ou c’est ce qu’ont tiré les gros titres. Ils ont en silence perdu la trace de ces gènes quelques années plus tard, quand leur étude n’a pu être répliquée. Aujourd’hui, il n’y a pas de gène connu pour l’homosexualité. Le mythe d’un gène gay a été embrassé par des orientations politiques variées. Les avocats des droits des gays ont été généralement satisfaits que ça ait été une cause naturelle, et non pas sociale, tandis que les anti-gays pouvaient la traiter comme une mutation génétique.

Et le gène de la prise de risque?

On a déclaré l’avoir découvert seulement pour le déclarer à nouveau introuvable. A ce jour, il n’y a pas de gènes ni d’ensemble de gènes qui ait été trouvé et qui soit lié à quelque aspect du comportement humain. Ils sont dans la pure spéculation, mais ils cherchent toujours.

Personne n’a trouvé les gènes de la couleur de la peau, de la taille ou du poids.

Le gène économe non plus n’a jamais été trouvé. C’est le gène que les Polynésiens sont supposés avoir et dont on dit qu’il prédispose à devenir obèse et diabétique  une fois qu’on a été dans une société occidentale pour quelques décennies. Un tel gène n’a jamais été trouvé et le généticien James Neel, qui a postulé la théorie en 1962 l’a évacuée en 1982. Il a conduit une recherche appropriée  et trouvé que les peuples indigènes n’étaient pas prédisposés- ils ont des teste de tolérance au glucose normaux. Il a fini par penser que la cause était l’exposition à un régime moderne, et non un quelconque gène. Par ailleurs, la pauvreté est un marqueur beaucoup plus fort de l’obésité que n’importe quel autre facteur. Elle augmente le risque d’environ 50%.

Pendant qu’ils y sont, ils devraient chercher un gène de la pauvreté!

S’ils avaient investi autant d’efforts dans l’élimination de la pauvreté que dans le séquençage du génome humain, l’effet sur la santé publique aurait été plus grand.

Il existe un phénotype économe (le phénotype étant l’apparence, par opposition au génotype). C’est la théorie suivant laquelle, dans des conditions nutritionnelles pauvres, le foetus est préparé pour  un environnement où les ressources sont rares. Si cet enfant naît ensuite dans un environnement occidental d’abondance, il y a une inadéquation. On pense que cela peut valoir cet effet à plusieurs générations.

Le gène du cancer du sein tient un peu mieux la route, mais pas beaucoup mieux. A ce jour, la plupart des cas de cancer du sein héréditaire ont été associés à des anomalies sur deux gènes. Mais ces anomalies rendent compte tout au plus de seulement 10% des cancers du sein. Si une vraie jumelle attrape  un cancer du sein, la probabilité pour l’autre d’en contracter un est seulement de 10% à 20%. Cela suggère que ce n’est pas qu’une histoire de gènes.

Il n’y a réellement qu’une poignée de maladies qui ont une composante clairement génétique. L’atrophie musculaire, l’anémie drépanocytose, la fibrose cystique, l’hémophilie. Il y  d’autres maladies génétiques mais elles sont extrêmement rares.

Autour d’un millier de tests génétiques sont disponibles pour diagnostiquer et prévenir les risques de maladie et il y a de gros sous en jeu là-dedans.

Conjointement à l’insistance erronée sur les gènes, chaque gènes est vu isolément, sans aucun doute dans la présentation populaire des choses.

Cette insistance erronée sur les gène pourrait être en train de détourner l’attention des infections en tant que grandes tueuses. La plupart des maladies sont causées par des infections : le choléra, la dysenterie, la malaria, la tuberculose et la variole. Mais elles sont des maladies du Tiers-Monde- liées à la pauvreté. Par exemple, nous ne mourons pas de la varicelle en Occident parce que nous avons un apport adéquat en protéines dans notre régime. La varicelle est une maladie gourmande en protéines et peut être mortelle pour les gens avec des carences ne protéines.

Un gène morbide qui ne réduit pas la survie et la reproduction devrait normalement s’éliminer de lui-même en un certain nombre de générations. Un exemple de cela est la schizophrénie ; les patients avec la maladie ont rarement des enfants, comme l’avance le biologiste évolutionniste Paul Ewald. Il pense que la schizophrénie peut être causée par le virus de Borna et avance que cette maladie aurait déjà été éliminée si elle provenait d’une cause strictement génétique.

On sait que la maladie de Creutzfeldt Jacob cause une déficience mentale extrême, de même que la syphilis. Donc ce n’est pas une idée si saugrenue que de penser que des maladies mentales puissent être causées par un pathogène, et non un défaut génétique.

Les gènes ne sont donc pas l’alpha et l’omega. Bien sûr, ils jouent un rôle important mais ils sont seulement un élément dans la façon dont les organismes se développent.

L’ADAPTATION COMME METAPHORE MAL EMPLOYEE

La plupart des gens acceptent que l’environnement joue un rôle. Cela est évident quand un organisme est cloné. Le clone ne peut pas être une simple réplique du parent. Pour commencer, il est dans un environnement différent et il y a un degré élevé d’incertitude et d’événements hasardeux, qui ont des différences pour résultat. L’évolution est un résultat aussi bien de forces liées au hasard que de forces sélectives. Michael Raglan donne un exemple de cela : « les humains n’ont pas les mêmes empreintes digitales sur leurs mains droite et gauche et la différence de figure peut être si grande qu’aucune similitude ne puisse être détectée. Pourtant les gènes des côtés gauche et droit sont les mêmes et aucun sens habituel du mot environnement n’autorisera que [l’on dise que] les mains gauche et droite d’un foetus dans l’utérus de sa mère ont des environnements de développement différents. » Cela s’explique au niveau mécanique quantique- le niveau submoléculaire. Les principes qui gouvernent le monde de l’infiniment petit sont ceux de la mécanique quantique. C’est cette mécanique quantique qui rend compte des raisons pour lesquelles l’ADN est une double hélice. Ce sont les liens en H entre les pirines et les pyrimidines qui sont responsables de la structure en double hélice  de l’ADN. Encore une fois, le mouvement hasardeux des particules est un facteur.

L’histoire, de même que le hasard, joue un rôle. Quelque chose qui pourrait avoir été sélectionné depuis longtemps peut influencer la façon dont les organismes prennent forme plus tard. Un exemple évident est constitué par nos membres- nous avons quatre membres, non parce que c’est la meilleure configuration possible, mais parce que nous descendons de  vertébrés amphibiens qui avaient des nageoires.

LA NOTION D’AVANTAGE EVOLUTIF

Il y a une tendance à traiter le processus évolutif comme un processus où tous les aspects de l’organisme sont parfaitement adaptés à l’environnement. C’est ce que l’on peut appeler adaptation optimale.

Cette façon de penser suppose que chaque caractère doit procurer un bénéfice pour la survie. Prenons la couleur de la peau. Actuellement, personne ne sait vraiment pourquoi les européens sont pâles, pourquoi les asiatiques ont les cheveux noirs, etc. Ah, bien sûr, avoir la peau foncée en Afrique veut dire que vous n’aurez pas de probabilité d’avoir un cancer de la peau, pense-t-on. Mais cela ne fait aucune différence pour la survie évolutive, étant donné que le cancer de la peau est quelque chose qui tend à arriver tard dans la vie, pas durant les années de reproduction. Une explication plus censée réside dans ce que Darwin a appelé sélection sexuelle.

Par exemple, les paons ont une queue large et brillante, qui ne fournit aucun avantage pour voler et pourrait réellement entraver l’envol, et donc attire els prédateurs. Cette queue spectaculaire a évolué parc qu’elle attire des partenaires potentiels.

Les gens en Europe étaient attirés par les personnes au visage pâle et les ont sélectionnées comme partenaires. C’est l’explication actuelle, aussi étrange que cela paraisse. Même chose en Asie- une apparence particulière avait la faveur des gens et a été sélectionnée. Cela nous semble bizarre parce que nous ne sommes pas habitués à réfléchir à la sélection sexuelle en ces termes.

La vue de l’esprit que nous sommes une finalité construite pour un environnement est la notion d’un environnement extérieur posant des « problèmes » que les organismes efficaces « résolvent ». cela est problématique parce que l’environnement d’un organisme n’existe pas avant cet organisme. Le monde physique existe, mais ce n’est pas [encore] l’environnement d’un organisme. De la même façon que l’air que nous respirons est le résultat d’organismes vivants, il n’y a pas d’environnement sans organisme et pas d’organisme sans environnement. Les organismes et l’environnement sont co-évolutifs. Chaque organisme est dans un processus de construction- par utilisation- de son propre environnement.

Lewontin donne un bel exemple en parlant de notre couche périphérique [boundary layer]. Autour de nos corps, il y a une couche d’air tiède et humide qui est créée par l’activité de notre métabolisme. Chacun d’entre nous a sa propre couche périphérique. L’effet chair de poule existe parce que le vent chasse la tiède couche périphérique. Chaque organisme consomme ce dont il a besoin et dépose des déchets. Les plantes affaiblissent le sol qui les aide, elles et d’autres organismes. Les champignons poussent sur une plante et en retour nourrissent cette plante. Tous les organismes le font tout le temps. Les organismes créent et détruisent. C’est une situation symbiotique.

Ce n’est pas que les organismes sont correctement taillés pour leur environnement, c’est plus qu’ils  ont interagi et développé un monde autour d’eux qui est taillé avec eux et évolue avec eux à tout moment. C’est un monde en mouvement, non un monde fixe, dans lequel ils entrent.

C’est pourquoi la notion de « Préservons l’environnement » n’a aucun sens en biologie. Chaque organisme a un environnement différent, qui change avec l’organisme.

Et l’organisme est un résultat unique des gènes comme de l’environnement, des caractères de l’intérieur comme des caractères de l’extérieur, et ceux-ci ne sont pas des entités séparées. Ils sont une unité et une lutte des contraires. Ce n’est pas que les gènes déterminent l’organisme, qui s’adapte alors à l’environnement. C’est beaucoup plus dynamique et interdépendant. : les organismes sont influencés dans leur développement par les circonstances et pour leur part créent et modifient et choisissent l’environnement dans lequel ils vivent.

LE SAVOIR DEVRAIT AVANTAGER L’HUMANITE

Nous ne devrions pas penser l’environnement comme quelque chose de délié des organismes qui le forment et le créent à partir de la matière première du monde physique.

Cette perspective nous rend capable de penser de façon plus constructive afin que nous puissions utiliser notre savoir pour promouvoir un changement environnemental qui prenne une direction avantageuse pour l’humanité. Cette sorte d’écologie est beaucoup plus attirante que celle qui veut limiter l’activité de l’humanité comme une tache sur la terre.

Les gènes ne sont pas tout-puissants. Il y a une interaction étroite entre les gènes, l’environnement et des événements liés au hasard du développement. Ils ne peuvent être séparés de l’organisme vivant et du territoire qu’il habite.

Un commentaire

  1. Article interressant à relire plusieurs fois et à méditer.Cela étant dit l’importance accordée par les réactionnaires au géne tient au fait que si certaines « inégalitées » sont supposées d’ordre génétiques il ne sert à rien d’adapter un environement créé par l’homme pour corriger des inégalitées « naturelles « .En fait les choses sont beaucoup plus subtiles et il y a interaction probablement complexe entre l »environement » et le patrimoine génétique.Cela vaut la peine de construire le meilleur environement possible pour l’étre humain.


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