Danielle Bleitrach: la preuve est faite, il faut nationaliser les banques…

180px-privilegesLa colère de la rue est palpable. Peu à peu est découvert l’effarante réalité non seulement du monde de la finance, des pratiques bancaires mais qui doit payer. Les licenciements commencent à peine. Si les Français n’en sont pas comme les italiens à crier dans les rues « Nous refusons de payer pour votre crise! » c’est parce que le politico-médiatique joue bien son rôle d’anesthesie, leur coupe bras et jambe. Face à une gauche qui a éclaté en chapelles concurrentes,un émiettement hostile,une explosion, une direction du parti communiste qui met tout son art à empêcher sa base d’avoir le droit à la parole, la rue doit garder sa colère pour elle. Et encore, elle a du mal à mesurer la réalité de l’arnaque. les chiffres sont si monstrueux qu’ils ne représentent plus rien, si ce n’est cette phrase dite et redite à satiété: « Il n’y a plus d’argent pour la sécu, plus d’argent pour l’hôpiatl mais pour les banquiers, ils en trouvent! » La seule solution est de remettre en cause la propriété privée et le profit.

Alors ce seraient les banquiers ?  On vient de déverser dans leur escarcelle des sommes fabuleuses pour éviter le manque de liquidité, la thrombose du crédit et de l’économie… Et pourtant ils continuent à resserrer le crédit, alors que les entreprises et les ménages sont au bord de l’asphyxie.

Mais est-ce la faute aux banquiers? Le banquier ne peut agir qu’à travers un seul critère celui du profit capitaliste. Il lui est impossible de changer et pour en donner l’exemple le plus criant mais pas le plus coûteux pour l’économie  le public découvre avec effarement l’étendue de certaines pratiques bancaires et par exemple le montant des bonus octroyés, cette année encore, aux plus privilégiés de la profession. Le gouvernement sarkozy en tête peut parler de « moralisation », c’est du pipeau: on ne « moralise » pas le capital parce que si le capital ne fait pas de profit, s’il n’exploite pas, il disparaît en tant que tel et laisse la place à un concurrent.

La faute n’est pas celle des banquiers, le banquier fait de l’argent pour lui et ses actionnaires. Si l’on veut que le crédit ait une autre fonction, celle de servir l’intérêt général; on doit leur enlever la gestion. Ou alors on continue à croire que le marché, le libre renard capitaliste dans le libre poulailler des salariés, fait le bonheur de l’un comme des autres.

C’est pour cela que la direction du parti communiste, sans parler du reste de la gauche qui n’ose pas prononcer le mot nationalisation nous prend pour des imbéciles. Que cette nationalisation soit totalement insuffisante et même nocive suivant la manière dont elle est menée -par exemple par la gauche sous Mitterrand- est parfaitement exact, mais si l’on ne donne pas à l’Etat, à la nation la propriété des banques, on ne pourra jamais changer les critères d’attribution des crédits et créer les conditions du contrôle par les travailleurs et les usages.

Nous venons d’en faire l’expérience:

Les banquiers, après avoir reçu  un  plan de soutien de 360 milliards d’euros voté par le parlement, qui de fait a  délégué à un directoire de surveillance de ces crédits aux dits banquiers assortis de ministres complaisants,   se sont engagées à ce que les crédits progressent de 3 à 4 % sur l’année et l’Etat, aidé par l’armée du corps préfectoral et des trésoriers-payeurs généraux, sont censés y veiller . Mais les banques, dans leur immense majorité, aujourd’hui durcissent considérablement leurs conditions de prêts : elles prêtent des sommes moins élevées, moins longtemps, en réclamant plus de garanties. Et, faut-il s’en étonner, elles ne s’en portent pas plus mal : au moment où tous leurs clients ou presque s’enfoncent dans la crise, leurs marges bénéficiaires progressent !

D’où les questions. Pourquoi avoir aidé les banques si celles-ci serrent la vis ? Où sont les fameuses contreparties ? Que vaut le « pacte moral » conclu entre la collectivité et la profession bancaire lors du vote du plan de soutien de 360 milliards d’euros ? On le sait, l’intervention des Etats, en France comme ailleurs, visait à éviter un blocage total du système bancaire, donc une paralysie complète du financement de l’économie. Le pire a été évité. Mais les banques, comme cela était prévisible ont recherché le profit et non l’intérêt général, la dette qu’ils ont contracté à l’égard de la collectivité, ils ont jugé en fonction de leurs profits.

C’est pour cela qu’il faut nationaliser, arracher à la propriété privée, changer les critères d’attribution des crédits et créer un contrôle démocratique réel.

Danielle Bleitrach

13 commentaires

  1. Bonjour,

    excellent article. Je venais justement de me pencher sur la question en découvrant l’excellent film de Paul Grignon, l’argent-dette (dont certains diront qu’il est complotiste)…

    Pour référence, on peut le trouver là :

    Comprendre comment fonctionne l’argent…

    On dirait que ce grand feuilleton ne fait que commencer …

  2. J’ai vu ce film et j’ai eu l’impression qu’il confondait le capital et l’argent, les banquiers avec les capitalistes, la critique avec la morale. Ses auteurs sont très choqué par l’idée que les banquiers émettent de la monnaie et veulent une nationalisation du crédit.

  3. voilà ce que je déteste, qui me met dans des colères noires et me donne envie de laisser tomber ce blog…
    Je centre un article sur les nationalisations, sur ce qu’il convient donc de FAIRE POLITIQUEMENT et j’ai deux zoziaux qui viennent parler d’un film dont je me fiche parfraitement vu que la question n’est pas de savoir si l’argent c’est le capital ou un rapport social mais quelle action politique…

    ce blog est en train de ressembler à une ode au socialisme, avec fond d’appel au grand lénine? et tout ce que cela provoque c’est ce genre de discussion mondaine…

    Danielle Bleitrach

  4. c’est la saint Gilles aujourd’hui on me dit jamais rien à moi
    oui je sais Danielle, tu vas m’arracher le clavier

  5. Je n’en ai pas après Gilles qui en général est toujours centré sur le sujet, mais au fait que je me décarcasse pour arriver à l’idée « évidente » que le pire des socialismes vaut mieux que le meilleur des capitalismes »(1) et je tombe sur deux amateurs des cahiers du cinéma…
    Quant à toi Alain sur ce plan là tu serais plutôt dix pas en avant des masses… et puis j’ai besoin de ton rôle d’éditorialiste de l’illustration… A propos j’ai trouvé un blog où quand on ouvre on entend du jazz, alors moi j’aimerais ouvrir sur du Theleonius Monk (mon pianiste préféré) et la semaine d’après sur du Chucho valdes. Est-ce possible, cette musique là adoucit mes moeurs…

    Il faut dire que je suis particulièrement contente des articles que je vous ai préparés, dans les temps héroïques après cela il ne vous restait plus qu’à prendre la carte…

    Danielle bleitrach

    (1) Phrase d’Ernst bloch, et il expliquait que dans le pire des systèmes socialistes il demeurait « le principe espérance » alors qu’il n’y en avait aucune (espérance) dans le capitalisme. Et il disait cela après avoir quitté la RDA pour la RFA.

  6. HUmmm, merci pour le « zoziau » et « l’amateur des cahiers du cinéma », deux compliments dans la même journée c’est intéressant…

    Il me semblait qu’il était toujours intéressant d’offrir à tout le monde un maximum de pistes pour s’éduquer un peu … est-ce que la pratique de la vulgarisation ne fait pas partie intégrante des sciences dites humaines ou sociales ???

    Vraiment désolé de rabaisser le niveau, j’aimais bien l’idée de commencer par le bas avec la volonté de remonter. Enfin, …

  7. je veux bien reconnaître que zoziau est peu aimable mais amateurs des cahiers du cinéma ne l’est pas… Du moins du temps des couvertures jaunes (j’avais la collection complète). Ensuite vous mettre dans le même sac que Gilles Questiaux est un trés grand compliment parce que Gilles Questiaux est quelqu’un pour lequel j’ai une grande estime politique et intellectuelle. mais vous ne pouviez pas savoir. cela dit j’aime beaucoup que l’on débate du sujet traité comme vient de le faire luonge sur le sujet new deal et Chine.
    C’est mon côté prof..
    Danielle Bleitrach

  8. « une direction du parti communiste qui met tout son art à empêcher sa base d’avoir le droit à la parole » purée mais c’est quoi cette embrouille ? Je pense plutôt que la base du parti est anesthésiée et qu’à la tête, ils n’arrêtent pas de secouer… sans résultat, avec en plus des donneurs de leçon.

    Car Anastasia, l’ennui m’anesthésie.

  9. à tous!

    quand il y a des interventions comme celles de Jacques, totalement provocatrices non argumentées, par exemple il évite soigneusement la question: “Pourquoi la direction du parti n’avance-t-elle pas la nécessité des nationalisations?” et alors il peut s’inventer une direction active, révolutionnaire et une base amorphe. Donc quand quelqu’un intervient sous une forme aussi autiste c’est-à-dire ignorant totalement le sujet pour suivre son trip, en général je me dis c’est un provocateur. Donc j’envoie une demande de confirmation au courriel indiqué. Sur neuf cas sur dix l’adresse est fausse et le courriel me revient, donc je ne donne pas suite. Ainsi il y a le marti qui s’est transformé en havanna club et d’autres adresses, toujours sur le même thème : je vis ou j’ai vécu à Cuba et là c’est le discours stéréotypé niant là encore le sujet à savoir le blocus…
    Mais dans le cas de jacques l’adresse étant juste, j’ai donc passé ses interventions même si elles sont totalement hors sujet et ne répondent surtout pas à l’article, en l’occurrence la question des nationalisations. de surcroît je trouve assez “drôle” qu’il parle d’anesthesie (anestasia la censure) alors que la direction du parti et de l’huma a désormais poussé la censure jusqu’à m’interdire à la cité du livre. Donc je trouve que jacques est soit un innocent, soit un gogo, soit quelqu’un de mauvaise foi ou le tout…

    Danielle bleitrach
    PS. Grand soir a publié ce texte, je dois dire que les réponses qu’il a suscité sont plus centrées sur le sujet que celles que l’on trouve ici et cela me désespère réellement. Je ressens cela comme un échec, tout le monde parle d’autre chose, résultat je ne sais pas s’ils publieront sur grand soir mes réponses mais je trouve celle que j’ai faite sur la crise politique et le socialisme tout à fait intéressante parce que le dialogue m’aidait à penser, là c’est le fiasco total, entre ceux qui parlent d’autre chose (un fim sur l’argent qui n’a aucun rapport), un autre qui évite aussi le sujet pour dire son enthousiasme sur la direction du parti, c’est bien triste…
    Si je trouve cela triste c’est parce que je crois que l’on trouve sur ce blog grâce à un effort collectif une qualité de textes assez exceptionnel. Il y a d’autres sites qui publient des textes intéressants mais trés souvent ils sont un peu répétitifs, ils n’apportent que trés rarement des perspectives nouvelles, des réflexions inédites… Ici nous sommes arrivés à quelque chose de novateur, une perspective communiste et qui est créative, critique… Alors je vous en prie faites un effort pour lire, pour enrichir et pas jouer les trolls après avoir survolé les textes.

  10. Bonjour Danielle!
    Sur ton blog majorité de communistes lecteurs et en ce moment toutes nos énergies sont focalisées, tendues sur la préparation des congrès (section, fd, national)ce qui peut expliquer que notre attention et réflexion sur les grands sujets que tu nous proposent ne sont pas à la hauteur de ce que tu attends.
    Enfin je me trompe peut-être…mais c’est mon cas et celui de certains camarades que je côtoie.
    En ce moment besoin d’un maximum de clés de compréhension et d’outils pour peser positivement sur les débats, j’en ai trouvé sur les derniers articles et posts de réponses sur le sujet et l’article très argumenté et construits sur la conjonction Mélanchon et les liquidateurs du parti.Le puzzle s’est mis en place et on pourra ainsi le donner à voir aux camarades qui auraient tenus leurs yeux fermés.
    Nous sommes dans une grande urgence, non?
    Toi, Alain, Gilles et j’en oublie aident énormément, ainsi que les expressions de Gérin.
    Voilà Danielle, et merci pour ton opiniâtreté et ton exigence de tous les jours, ta patience et impatience aussi!
    Marie

  11. je suis d’accord marie, mais je crois que la question des nationalisations, celle posée dans cet article sont au coeur du débat, parce que ce qui est important c’est non seulement la perspective mais LES MOYENS pour l’atteindre, et les nationalisations ce sont justement les MOYENS, mais comme tous les outils ils doivent être peaufinés, adaptés à la tâche…
    Les MOYENS ce sont les nationalisations mais c’est aussi l’ORAGANISATION, de quel parti avons-nous besoin, un lieu déchiré par le « parlementarisme » où l’on raconte n’importe quoi sous couvert de démocratie et où les décisions réelles se prennent dans les couloirs ? Est-ce que la démocratie au sens plein du terme ce n’est pas le fait que les couches populaires, celles qui ne sont pas propriétaires des Moyens de production et que la bourgeoisie a toujours tenté d’éliminer, ou de marginaliser, aient leur mot à dire, interviennent y compris jusqu’à l’insurrection (article 35 de la déclaration des droits de l’homme de 1793)…
    Ce ne sont pas de « grandes questions » ce sont celles qui sont au coeur de la vie quotidienne de chacun, de sa possibilité de travailler, de s’éduquer, de se soigner, etc..;
    amitiés à toi marie

    danielle bleitrach

  12. bonjour,

    J’ai toujours pensé que le ‘sauvetage’ précipité des banques avait un arrière goût de … protection des avoirs des rentiers et amis des oligarques. En effet, quand on entend que les marchés financiers ont perdu 25 000 Mds ; ce n’est pas l’ouvrier de chez citroen ou le postier ( pas encore ) qui a vu son compte en banque fondre, vu qu’il est déjà vide à la seconde quinzaine du mois.
    Je crois qu’un autre réalisateur, américain, a écrit un papier sur ce vol organisé par les tenants du système capitaliste.

    Mais quel est ce système où des banques se prêtent entre elles pour prêter encore et encore et encore et …
    Ne serait-ce pas le rôle d’une banque centrale de prêter ?

    Dans tous les cas Oui à une nationalisation.

  13. Comme l’expliquet F. Lordon ici ( http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1539) les débats que soulève le petit film de  » l’argent dette  » est passionnant et mérite débat. Mais en attendant quoi faire au milieu du gué de cette crise ?
    Ce n’est pas encore la fin du Capitalisme mais sans doute la fin d’un certain type de capitalisme. En attendant le Marx du XXI eme siècles n’est pas encore arrivé.
    Les banques c’est l’argent. et la capitalisme c’est la bourse.
    Alors faut il contrôler la bourse ou les banques ?


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