Qui sont les Ossètes ? Peut-être des Scythes… En tout cas des Iraniens…

Je vais profiter de ce long week-end du 15 août pour me livrer à mes centres d’intérêt favoris, même si vous êtes encore près de 2000 par jour à fréquenter ce blog, je vais bagnauder, en espérant que l’actualité nous laissera en paix. je renonce en particulier à m’occuper de ce vieil hypocrite onctueux et calotin du Dalaï Lama… En revanche je suis littéralement fascinée par la mosaïque des peuples du Caucase, il me faudrait des pages et des pages pour vous expliquer ce que m’inspirent ces vagues successives de peuples que je connais par l’histoire ou les mythes (la magicienne Médée est originaire de cette région, la Colchide) qui parlent 43 langues différentes. J’ai l’impression d’être dans un musée des peuples depuis la plus haute antiquité chacun se nichant dans un repli de la montagne. Dans ce magnifique macramé des peuples, dont la trame est l’histoire et la chaîne la géographie hérissée de sommets, comment imaginer ce stupide G.W.Bush, l’absence de culture de notre propre président. Est-ce qu’ils savent même qui sont les Scythes? Ont-ils lu Hérodote ? Commaissent-ils la fine orfévrerie de ce peuple iranien de cavaliers ? Voici donc le texte de quelqu’un qui visiblement éprouve la même passion ethnologique que moi. Là s’arrête sans doute nos ressemblance puisqu’il s’agit d’un régionaliste occitan et  que moi je suis résolument jacobine. Il s’appelle Jean-Louis Veyrac, ce texte dont voici un extrait date de décembre 2004

LES OSSETES, UN PEUPLE PARTAGÉ
Nichée au coeur de la chaîne du Grand Caucase, de part et d’autre du mont Elbrouz, son point culminant (5642 m), l’Ossétie est un tout petit pays divisé entre deux Etats. Comme en écho à sa situation géographique particulière, l’ethnie ossète est elle-même très caractérisée parmi ses proches voisins.
Le pays
Dominée par les neiges éternelles de l’Elbrouz, l’Ossétie se répartit à parts inégales sur les deux versants de celui-ci : au nord, 8000 km 2; au sud, 3900 km2.

L’Ossétie du Nord (capitale : Vladikavkaz, en russe; Dzaudjikau, en langue ossète) est une république, membre de la Fédération de Russie depuis 1991.

Ses habitants se montent au nombre de 650 000 environ, les Ossètes représentant 62% du total et les Russes, 27%; Kabardes, Balkars, Ingouches, Avars et Tchétchènes, composent les 11% restants. De nombreux Russes vivent dans la capitale. Beaucoup demeurent également dans le district de Mozdok, curieuse protubérance au nord de l’Ossétie où ils cohabitent avec les Ossètes et d’autres minoritaires. Les Ingouches sont surtout présents dans le district de Prigorodnyi, à l’est de Vladikavkaz.

L’Ossétie du Sud (chef-lieu : Tskhinvali) est une simple région de la République de Géorgie, dite officiellement “Shida Kartli” (Géorgie centrale). Elle a perdu l’autonomie dont elle jouïssait depuis 1922, du temps de l’Union soviétique. En effet, dès la fin de 1990, année de l’indépendance géorgienne, le Parlement géorgien abolit le statut territorial particulier (Républiques et Région autonomes) des peuples minoritaires (Abkhazes, Adjars – des Géorgiens musulmans – et Ossètes). On dénombre 100 000 habitants aux deux tiers ossètes; le tiers restant se compose de Géorgiens, implantés principalement dans le chef-lieu et dans les districts de Znaouri et Aghalgori.

Pays de haute montagne, l’Ossétie est aussi faite de fertiles vallées dont les pentes sont couvertes de vergers, de vignes et de jardins. Dépourvue de ressources minières importantes, l’Ossétie n’est cependant pas vouée à l’agriculture et à l’élevage. Les Soviétiques manifestèrent leur bienveillance à l’égard des Ossètes, volontiers philo-russes, en industrialisant assez bien leur province. Sa position stratégique au coeur du Caucase en a fait une clef du contrôle militaire russe sur la région ainsi qu’un lieu de transit obligé des relations transcaucasiennes. Ce qui explique la prépondérance du secteur des services dans la structure de l’emploi en Ossétie. Mais la guerre osséto-géorgienne de 1991-92 a dévasté le Sud, et le Nord, obligé d’accueillir de nombreux réfugiés, est bloqué dans son développement.

L’ethnie
Pratiquement inconnus hors de leur région, les Ossètes n’en sont pas moins les descendants des prestigieux Scythes et autres Sarmates de l’Antiquité. Ces peuples iraniens nomades dominèrent des siècles durant la Russie méridionale. Ils en furent chassés par les Slaves et furent également entraînés par le flot des Grandes Invasions vers l’Europe occidentale.

Les Alains (ou Alans), ensemble apparenté aux Scythes, avaient bâti un empire près de la mer Caspienne. En 375, l’invasion des Huns disloqua celui-ci. Les Alains se scindèrent alors en trois groupements. L’un se fixa en Hongrie : les Alans y furent appelés “Yas” (les Slaves les nommant “Yasi”, de leur côté) et leur langue y survécut jusqu’au XVIème siècle. Un second se dirigea vers l’Andalousie et l’Afrique en compagnie des Vandales, un peuple germanique.

Le troisième se réfugia dans le Caucase où il se mêla à des tribus autochtones et y devînt l’ethnie ossète. Son nom est resté accroché à ces montagnes, au Dar-i-Al (Pays des Alains, en arabe), grandiose défilé du Terek, désigné par les Anciens comme étant les “Portes sarmates”.

Le terme “Alanie” est volontiers revendiqué par les Ossètes actuels pour désigner leur patrie. “Ossétie” est, lui, d’origine géorgienne (Ovs-et-i) et signifie “pays des Os”. Cet ethnique était connu au temps du géographe grec Strabon, à l’époque de Jésus-Christ, sous la forme “Asioi”.

Comme les autres Caucasiens, les Ossètes sont attachés au patriarcat, aux liens de parenté, au respect du code d’honneur. Comme chez leurs voisins, la structure tribale est encore prégnante. Les Ossètes se subdivisent en Alaghir, Digor, Kurtat et Tagaur, au Nord, les seuls Toual occupant le Sud.

Sur le plan religieux, l’ethnie ossète a conservé jusqu’au siècle dernier une partie de son héritage païen sous un vernis chrétien ou musulman. Majoritairement chrétiens orthodoxes depuis dix siècles, les Ossètes relèvent du patriarcat géorgien. Islamisés au XVIIème s., par leurs voisins kabardes, 25% des Ossètes professent un islam sunnite marqué par l’influence modératrice du soufisme. Mais les troubles de la région, particulièrement en Tchétchénie, ont favorisé l’émergence d’une tendance radicale d’inspiration wahhabite. Les musulmans ossètes, au Nord, seulement, y côtoient d’autres mahométans minoritaires, Avars, Ingouches, Lezgh, Kabardes, Balkars. Entre tous, ils représentent 30% de la population d’Ossétie du Nord. Dans l’ensemble, 70 ans de communisme ont passablement laïcisé les consciences. La résurgence des sentiments nationalitaires a cependant ravivé les traditions religieuses dans un sens identitaire.

Longtemps, les Ossètes ont vécu en osmose avec leurs voisins géorgiens. De nombreuses unions mixtes existaient, encouragées au plus haut niveau par les princes géorgiens. Cette tendance se perpétua jusqu’à l’arrivée massive des Russes qui la détournèrent en leur faveur. Fils d’un cordonnier géorgien de Gori, Staline avait pour mère, une Ossète. La propagande soviétique fera du “Petit Père des peuples”, l’”Ossète au large poitrail” !

Les 620 000 Ossètes vivent pour la plupart en Ossétie même, 410 000 au Nord, 70 000, au Sud. Leurs colonies se répartissent entre la Russie (60 000, surtout à Moscou), la Géorgie (50 000 à Tbilissi et dans la région de Gori, au sud de l’Ossétie) et les autres républiques de l’ex-URSS (30 000). On compte également quelques milliers d’Ossètes musulmans vivant au Moyen-Orient (Turquie, Syrie, Jordanie).

Avec la guerre en Ossétie du Sud (1991-92), de nombreux Ossètes de Géorgie se sont réfugiés dans leur patrie. Dans le même temps, de nombreux Russes ont quitté l’Ossétie du Nord par peur de l’instabilité caucasienne. Les Ingouches du fertile Prigorodnyi, eux, en ont été chassés par les Ossètes, au cours des troubles de 1992. On assiste donc à une concentration de l’ethnie ossète en Alanie, à l’instar de ce qui s’est passé en Arménie durant la période post-soviétique.

La langue
Alors que Géorgiens, Tchétchènes, Abkhazes et Circassiens parlent des langues caucasiques, alors que Karatchaïs, Balkars et Azéris sont turcophones, les Ossètes ont pour héritage une langue indo-européenne de type iranien oriental. C’est à dire que leurs plus proches parents sur le plan linguistique sont les Pachtoun, d’une part, les Pamiriens et les Yagnobi du Tadjikistan, d’autre part.

La langue ossète possède deux grands dialectes, l’iron, plus archaïque, à l’est et au sud, majoritaire, et le digoron, à l’ouest (bassin du fleuve Urukh et district de Mozdok). C’est la variété tagaur de l’iron qui est à la base de la langue littéraire et officielle. Au cours du temps, l’ossète a subi l’influence des idiomes voisins, caucasiques et turc, sur les plans grammatical et lexical. Le russe l’a évidemment marqué à une date plus récente.

Fort d’une littérature orale, riche des mythes caucasiens, cet idiome est attesté depuis le XVIIème siècle. Les missionnaires russes ont fait une traduction de la Bible au début du XIXème siècle. Les alphabets cyrillique et géorgien ont d’abord servi à transcrire la langue ossète avant d’être supplantés par l’alphabet latin, officiel de 1924 à 1938. Depuis lors, on est revenu à la tradition slavisante qui lie le peuple ossète à son protecteur russe. L’alphabet géorgien, temporairement utilisé au Sud, a été détrôné par le cyrillique, en 1954.

L’ossète a connu un développement certain sous les Soviétiques, car il fût enseigné et diffusé correctement. Environ 600 000 locuteurs le parlent aujourd’hui, la plupart (75%) demeurant en Ossétie même, le reste, en Géorgie et à Moscou. Mais la présence d’une forte communauté russe en Ossétie du Nord a contribué à accroître le bilinguisme et la russification des moeurs. Cette situation est à terme défavorable au maintien des positions de l’ossète chez ses propres locuteurs. Au Sud, l’ossète s’est mieux maintenu mais la politique autoritaire de la Géorgie à l’égard de ses minorités ethniques et culturelles représente un grand danger après sept décennies (1920-1990) relativement favorables.

Histoire
Au Moyen-Age, le peuple alano-ossète est christianisé par Byzance, au temps du patriarche Nicolas le Mystique (Xème siècle). Le pays des Alains est alors, le siège d’un puissant Etat féodal dominant le Caucase du Nord. Les Mongols de Gengis Khan le détruisent au XIIIème siècle.

Refoulés dans les montagnes, les Alains-Ossètes conservent leur autonomie. Ils tombent dans le giron russe à la suite du traité de Kutchuk-Kaïnardji (1774), signé par le Tsar et le Sultan ottoman. L’Ossétie voit le régime tsariste édifier la forteresse de Vladikavkaz (la “Maîtresse du Caucase”), en 1784. Dans la foulée, est construite la “Route militaire de Géorgie” vers Tbilissi (Tiflis, en russe), laquelle est achevée vers 1820. Remontant, vers le sud, le cours du fleuve Terek, cette route garde aujourd’hui, sa valeur stratégique et touristique mais, peu praticable, son intérêt commercial est resté médiocre.

Autrefois liés aux Géorgiens, les Ossètes vont progressivement devenir des partenaires pour les Russes. Ces derniers les laisseront s’étendre vers le piémont nord-caucasien au détriment de leurs voisins vaïnakhs (Ingouches) et circassiens (Kabardes). De nombreux Ossètes s’engagent dans l’armée russe, puis soviétique, au sein de laquelle ils s’illustrent.

Gagnée par les bolcheviks en 1920, la Géorgie accorde un statut d’autonomie interne à l’Ossétie du Sud, en 1922. Au nord, la région administrative du Terek qui inclut l’Ossétie, est érigée en République autonome, en 1918. A la fin de la guerre civile (1921), les bolcheviks regroupent cette dernière et des territoires confinants pour former la République autonome de la Montagne. Capitale de cette nouvelle entité, Vladikavkaz est rebaptisée Ordjonikidzé, du nom d’un révolutionnaire géorgien. La République des Montagnards est finalement démembrée en 1924 : les Ossètes sont associés aux Ingouches dans une même région autonome jusqu’en 1936. Une refonte a lieu alors, plus logique : la République socialiste soviétique autonome d’Ossétie du Nord est créée; pour leur part, les Ingouches sont intégrés à la RSSA de Tchétchéno-Ingouchie.
Figurant parmi les “peuples punis” accusés de collusion avec les nazis, les Ingouches sont déportés en 1944. Une partie de leur territoire ancestral, sur la rive droite du Terek, avec la partie orientale de Vladikavkaz (district de Prigorodnyi), est attribué à l’Ossétie du Nord. En 1957, rétablis dans leurs droits et autorisés à revenir chez eux, les Ingouches ne peuvent pas récupérer leurs terres devenues ossètes.

Avec Gorbatchev et la perestroïka, l’Ossétie du Sud s’agite. Ses représentants rassemblés dans le Front populaire ossète (Ademon Nykhas) demandent son rattachement à l’Ossétie du Nord. Pour eux, il est clair que son identité culturelle sera plus facile à défendre au sein de la Grande Russie que dans le cadre d’une Géorgie gagnée par la fièvre nationaliste.

Les Géorgiens ne l’entendent pas ainsi. Multipliant les provocations, le président Zviad Gamsakhourdia déclenche la guerre. Les Ossètes, soutenus en sous-main par Moscou, résistent de façon acharnée. S’ensuit une cruelle guerre faite de “purification ethnique” de part et d’autre, Ossètes et Géorgiens se concentrant dans leurs zones respectives. Durant le printemps 1992, le siège de Tskhinvali par les sinistres milices des “mkhedrioni” (les”chevaliers”) s’avère aussi terrible que celui de Sarajevo, la couverture médiatique en moins.

L’aide apportée par les Russes aux Ossètes ainsi que leurs pressions sur Tbilissi aboutissent à l’accord de Sotchi du 24 juin 1992. Les deux Etats réaffirment l’intégrité territoriale et l’intangibilité des frontières de leurs pays. La situation est gelée, Géorgiens et Ossètes campent depuis sur leurs positions, dans un calme garanti par Moscou. L’Ossétie du Sud est dévastée et ne peut compter que sur le maigre soutien du Nord, en proie à mille difficultés. Malgré ses sympathies pro-russes, elle n’est qu’un otage de la Russie, un pion dans sa stratégie de contrôle de la Transcaucasie.

Alors que ces événements tragiques s’apaisaient, le conflit osséto-ingouche prenait, lui, son essor. Le feu couvait depuis le dégel de la perestroïka. En 1991, l’affirmation indépendantiste tchétchène sous la houlette de Djokhar Doudaev se heurte au refus des Ingouches de quitter la Fédération de Russie. Bien que frères d’ethnie des Tchétchènes, les Ingouches sont plus russophiles que les premiers et ont quelques griefs à leur égard. Contrainte à la séparation, la République d’Ingouchie n’en oublie pas moins les torts subis en 1944 et non réparés à ce jour : les banlieues est de Vladikavkaz et le district de Prigorodnyi sont toujours ossètes.
Avec l’arrivée de réfugiés fuyant les combats d’Ossétie du sud, ils le deviennent plus encore. La tension monte entre les deux peuples. Chaque camp s’arme et la déflagration advient à l’automne 1992. Les Ingouches attaquent, mais, appuyés par les Russes qui les préfèrent, les Ossètes prennent le dessus. S’ensuit un “nettoyage ethnique” du district contesté. Plusieurs dizaines de milliers d’Ingouches sont chassés manu militari, leurs villages et maisons incendiés. On compte un millier de morts, la plupart, ingouches. En janvier 1993, un accord est signé entre les deux républiques. Un calme relatif revient, supervisé par l’armée russe. Le contentieux court toujours, quelques réfugiés ingouches ont réintégré leurs foyers mais le problème est loin d’être réglé.

Depuis ces terribles et sanglantes années, l’Ossétie-Alanie subit tous les contre-coups politiques, économiques, sociaux et culturels de l’état de guerre permanent dans le Caucase. Au mois de septembre 2004, elle va tragiquement se retrouver sous les feux de l’actualité internationale. Un commando composé de combattants tchétchènes et ingouches prend un groupe scolaire en otage. Dans la pire des confusions, sans donner du temps aux médiateurs, l’armée russe donne l’assaut. C’est le carnage : des adultes mais, surtout, de nombreux enfants périssent; on décompte plus de 350 morts. A la monstruosité illuminée des preneurs d’otages répond la monstruosité froide d’un Etat impérialiste.

Tétanisé, le peuple ossète voit ses certitudes vaciller et se sent abandonné de tous. La Grande Russie est impuissante à protéger des brigands, l’Ossétie. Ses élites politiques sont incapables d’exercer une quelconque influence, ni sur le pouvoir moscovite ni auprès des peuples voisins. Ravivant tous les clichés négatifs, ces derniers s’avèrent n’être que des barbares avec lesquels toute collaboration est, par avance, minée. Aujourd’hui, dans un environnement hostile, les Ossètes vivent avec la peur de l’avenir. Seule l’infime minorité islamiste peut encore espérer voir le monde évoluer dans son sens.

Jean-Louis Veyrac,

Mais ne croyez pas que je chérisse seulement les Ossètes, j’aime aussi la culture de tous les peuples de cette région en particulier celle des deux grands groupes, les Arméniens et les géorgiens, ce sont des civilisations fantastiques. J’ai lu les textes de xénophon, cette civilisation de buveurs de vin, même les musulmans qui dit-on durant les fêtes allignaient jusqu’à 125 récipients à boire différents. J’éprouve pour les peuples du Caucase la même tendresse que pour les peuples des Balkans revu par le merveilleux cinéaste Agelopoulos, par le regard d’Ulysse…

L’autre jour quelqu’un s’interrogeait dans ce blog sur ce qu’il pourrait advenir de l’être humain, n’est-il pas qu’avidité, égoïsme, destruction, est-ce que le capitalisme n’est pas le système qui convient à cette « nature » humaine… Je l’ai renvoyé à malaise dans la civilisation de Freud, à son pessimisme sur le devenir humain…

Et pourtant il me semble que je pourrais encore passer une centaine d’années à me livrer à cette passion de connaître l’inventivité humaine, la manière dont partout ils ont créé des civilisations fantastiques et cela me donne confiance.  Je voudrais tant qu’on les laisse se livrer à leurs créativité , en abandonnant tout de même leur goût (commun à tous les peuples de cette région) pour la vendetta. Parce que comme vous le voyez sur la photo, Ossètes, Georgiens, Tcherkess, et autres avaient tous la manie de se ballader avec de grands sabres, bon cavalier, ils avaient une certaine allure, mais ces machos ont eu pour plus grand roi une reine qui étendit la Georgie jusqu’à la caspienne au XII e siècle, elle administra avec tant de sagesse, compatissante aux pauvres que tous l’aimaient et l’admiraient. mais comme d’habitude on lui créa une mauvaise réputation, on raconte qu’elle attirait tous les soirs un beau jeune homme dans son lit et après une nuit passionnée elle le faisait exécuter comme dans les contes des mille une nuits , mais c’est inexact, ce sont des ragots, je soupçonne les éternel rivaux les Arméniens, et peut-être les Ossètes d’avoir répandu des racontars… Elle s’appelait Thamar…

Si je vous parle de tout ça, c’est pour tenter de vous faire partager mon point de vue, peut-être n’avez-vous pas le même engagement politique, mais je crois qu’il y a plus: une nécessité éthique. S’intéresser à l’humanité, à sa diversité, à son infinie ingéniosité c’est aussi savoir que nous avons agi nous les grandes puissances occidentales sans le moindre respect, sans la moindre amitiés pour les autres êtres humains, nous n’avons su que piller. Aujourd’hui je suis convaincue que non content d’être des pilleurs incultes et méprisants nous avançons comme des éléphants dans un magasin de porcelaine, nous prétendons gérer l’humanité alors que nous sommes incapables de nous gérer nous-mêmes, de trouver un mode de vie qui soit non destructeur et basé sur notre propre épanouissement et celui de nos contemporains. Il n’y a rien de plus abominables que des incultes qui partent en croisade…

Vous voulez que je vous dise, j’ai envie de créer un autre blog où je me livrerai à ma passion pour les civilisations , je vous parlerai de tas de peuples dans l’espace et dans le temps, de la diversité et de l’unité de l’espèce humaine… Il y a tant à connaître, une vie est insuffisante… J’adore raconter ça à mon petit fils…  A propos aujourd’hui il y avait des vagues et nous nous sommes régalés à les affronter.

7 commentaires

  1. toujours aussi captivante a lire madame ! le blog histoire mon amour c est pas mal aussi et egalement cliotextes

  2. Chère Danielle,

    Merci pour ce texte très intéressant. Je dois vous avouer que la lecture de votre blog est un véritable bol d’oxygène d’intelligence (ou plutôt d’intelligibilité) dans une environnement parasité par la désinformation.
    Lire les divers article que vous écrivez, traduisez ou simplement publiez amène une précieuse réflexion. je pense notamment à la question chinoise…
    Merci donc, et je me réjouis de vous rencontrer une fois si vous revenez sur Genève…

    Voici un texte des deux affreux « philosophes » Glucksmann et BHL, que les lecteurs français ont déjà eu l’occasion de d’avaler. Pour ma part il m’a tellement sidéré par sa niaiserie que je ne peux m’empêcher de le diffuser.

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    Le tournant le plus décisif en Europe depuis la chute du Mur

    N’allez pas croire à une affaire simplement locale: il s’agit probablement du tournant le plus décisif de l’histoire européenne depuis la chute du mur de Berlin. Ecoutez Moscou donner de la voix: «Génocide!» accuse Poutine qui n’avait pas daigné prononcer le mot lors du 50e anniversaire d’Auschwitz; «Munich!» évoque le tendre Medvedev, insinuant que la Géorgie, avec ses 4,5 millions d’habitants, est la réincarnation du IIIe Reich. Nous nous garderons bien de sous-estimer les capacités mentales de ces deux dirigeants. Aussi devinons-nous qu’en feignant l’indignation, et en la surjouant, ils manifestent leur volonté de frapper un très grand coup. Visiblement, les spin doctors du Kremlin ont révisé les classiques de la propagande totalitaire: plus mon mensonge est gros, mieux je cogne.

    Qui a tiré, cette semaine, le premier? La question est obsolète. Les Géorgiens se sont retirés d’Ossétie du Sud, territoire que la loi internationale place – rappelons-le tout de même – sous leur juridiction.

    Ils se sont retirés des villes avoisinantes. Convient-il qu’ils se retirent aussi de leur capitale? La vérité est que l’intervention de l’armée russe hors de ses frontières, contre un pays indépendant, membre de l’ONU, est une grande première depuis plusieurs décennies – très précisément, l’invasion de l’Afghanistan. En 1989, Gorbatchev avait refusé d’envoyer les tanks soviétiques contre la Pologne de Solidarnosc.

    Eltsine s’est bien gardé, cinq ans plus tard, de permettre aux divisions russes d’entrer en Yougoslavie pour soutenir Milosevic. Poutine lui-même n’a pas pris le risque de faire donner ses troupes contre la «révolution des Roses» (Géorgie, 2002) puis la «révolution Orange» (Ukraine, 2004). Aujourd’hui, tout bascule. Et c’est un monde nouveau, avec de nouvelles règles, qui risque d’apparaître sous nos yeux.

    Qu’attendent l’Union européenne et les Etats-Unis pour bloquer l’invasion de la Géorgie, leur amie? Verra-t-on Mikhaïl Saakachvili, leader pro-occidental, démocratiquement élu, viré, exilé, remplacé par un fantoche, ou pendre au bout d’une corde? L’ordre va-t-il régner à Tbilissi comme il a régné à Budapest en 1956 et à Prague en 1968? A ces questions simples, une réponse, une seule, s’impose. Il faut sauver, ici, une démocratie menacée de mort. Car il n’en va pas seulement de la Géorgie. Il en va aussi de l’Ukraine, de l’Azerbaïdjan, de l’Asie centrale, de l’Europe de l’Est, donc de l’Europe. Si nous laissons les tanks et les bombardiers casser la Géorgie, nous signifions à tous les voisins proches et moins proches de la Grande Russie que nous ne les défendrons jamais, que nos promesses sont des chiffons de papier, nos bons sentiments du vent et qu’ils n’ont rien à attendre de nous.

    Il reste peu de temps. Commençons donc par énoncer clairement qui est l’agresseur: la Russie de Vladimir Poutine et de Dmitri Medvedev, ce «libéral» fameux et inconnu censé pondérer le nationalisme du premier.

    Rompons, ensuite, avec le régime de la tergiversation et des vessies prises pour des lanternes: les 200000 tués de Tchétchénie, des «terroristes»; le sort du Caucase Nord, une «affaire intérieure»; Anna Politkovskaïa, une suicidaire; Litvinenko, un ovni… Et admettons enfin que l’autocratie poutinienne, née par la grâce des attentats obscurs qui ensanglantèrent Moscou en 1999, n’est pas un partenaire fiable, encore moins une puissance amie. De quel droit cette Russie-là, agressive, menaçante et de mauvaise foi, est-elle encore membre du G8?

    Pourquoi siège-t-elle au Conseil de l’Europe, institution vouée à défendre les valeurs de notre continent? A quoi bon maintenir les lourds investissements, notamment allemands, du gazoduc sous la Baltique pour le seul avantage – russe – de court-circuiter les tuyaux qui passent par l’Ukraine et la Pologne? Si le Kremlin persiste dans son agression caucasienne, ne convient-il pas que l’Union européenne reconsidère l’ensemble de ses relations avec son grand voisin? Il a autant besoin de vendre son pétrole que nous de l’acheter. Il n’est pas toujours impossible de faire chanter un maître chanteur. L’Europe, si elle trouve l’audace et la lucidité de relever le défi, est forte. Sinon elle est morte.

    Les deux signataires de cet article adjuraient publiquement, dans une lettre datée du 29 mars 2008, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy de ne pas bloquer le rapprochement de la Géorgie et de l’Ukraine avec l’OTAN. Une décision positive, écrivions-nous, «sanctuariserait les deux territoires géorgien et ukrainien. Le gaz continuerait d’arriver. Et la «logique de guerre», qui effraie tant nos Norpois, s’enrayerait aussitôt. A l’inverse, nous sommes convaincus que c’est notre refus qui enverrait un signal désastreux aux nouveaux tsars de la Russie nationale-capitaliste. Il leur montrerait que nous sommes faibles et veules, que la Géorgie et l’Ukraine sont des terres à conquérir et que nous les immolons de bon cœur sur l’autel de leurs ambitions impériales revenues. Ne pas intégrer ou, plus exactement, ne pas envisager d’intégrer ces pays à l’espace de civilisation européen déstabiliserait la région. Bref, c’est en cédant à Vladimir Poutine, c’est en lui sacrifiant nos principes, c’est en déclarant forfait avant d’avoir rien essayé, que nous renforcerions, à Moscou, le nationalisme le plus agressif». C’était envisager le pire, sans vouloir trop y croire. Mais le pire est advenu. Pour ne pas froisser Moscou, la France et l’Allemagne ont mis leur veto à cette perspective d’intégration. Poutine a si bien reçu le message qu’il a déclenché son offensive en guise de remerciement.

    Il est temps de changer de méthode. Les Européens ont assisté, impuissants parce que divisés, au siège de Sarajevo. Ils ont vu s’opérer, impuissants parce que aveugles, la mise en pièces de Grozny. La lâcheté va-t-elle nous obliger, cette fois, à contempler, passifs et poussifs, la capitulation de la démocratie à Tbilissi? L’état-major du Kremlin n’a jamais cru en l’existence d’une «Union européenne». Il professe que, sous les belles paroles dont Bruxelles est prodigue, grouillent les rivalités séculaires entre souverainetés nationales, manipulables à merci et se paralysant l’une l’autre. Le test géorgien vaut preuve d’existence ou de non-existence; l’Europe telle qu’elle s’est construite contre le rideau de fer, contre les fascismes d’antan et d’aujourd’hui, contre ses propres guerres coloniales, l’Europe qui a fêté la chute du Mur et salué les révolutions de velours, se retrouve au bord du coma. 1945-2008… Verra-t-on la fin de notre brève histoire commune se sceller dans les olympiades de l’horreur au Caucase?

    Cet article a paru dans «Libération».

  3. merci de vos encouragements, ce texte est effectivement incroyable mais il y a eu mieux.

    j’ai lontemps cru que ce BHL était comme il était par folie judaïque,ce qui pour moi aurait pu disons sinon l’excuser à tout le moins donner à ses égarements un sens autre que la pure vénalité, je ne le crois plus. Depuis que j’ai découvert la situation en Lettonie, je sais que ces gens là n’ont aucune peur des progromes et de l’extrême-droite, ils en font partie, parce que s’ils veulent réellement dénoncer l’horreur qu’il la dénoncent en Europe, chez les alliés des Etats-Unis que sont les lettons. voir larticle « les loups sont entrés dans Riga ».
    Il ne s’agit pas d’origine confessionnelle, de la grande peur qu’aurait laissé la shoa mais bien d’une orientation qui va avec celle des nazis de lettonie, la défense à n’importe quel prix du capitalisme et des multinationales nord-américaines…
    Que voient-ils dans la Russie, l’ex-URSS ? le concurrent, l’allié de la Chine ?
    Danielle Bleitrach

  4. Les BHL, Gluksman et autres créatures des USA sont à la philosophie ce que le Cocacola est au St Emilion. Qu’ils répandent leurs messages de haine et de mensonge relève de leur nature comme la bave relève de celle de la limace. Aucun commentaire, donc, sur leur écœurant ramassis de mensonges.

    En revanche, je voudrais, une fois encore, taper un peu sur la version officielle et choquante que les médias officiels ont donnée du massacre terroriste de Beslan.

    « Un commando composé de combattants tchétchènes et ingouches prend un groupe scolaire en otage. Dans la pire des confusions, sans donner du temps aux médiateurs, l’armée russe donne l’assaut.  »

    1 – Parler de « commando de combattants » pour une bande d’égorgeurs d’enfants est odieux. Ne pas préciser que cette horde d’assassins étaient des islamistes dirigés de l’étranger est mensonger. Ne pas ajouter que de hauts dirigeants des USA soutenaient ces salopards est un oubli coupable.

    2 – L’armée russe n’a pas donné l’assaut. Il suffit de voir les images. Les soldats n’avaient pas même enfilé leur gilet de protection, il y a des tankistes qui sauvent des enfants, etc. Un assaut aurait été donné par des unités de Spetsnaz. Les terroristes ont simplement commencé à rafaler dans le dos des enfants qui s’enfuyaient et on a assisté à des actions individuelles, chacun essayant de sauver un gosse. C’est justement pour n’avoir PAS organisé l’assaut, ni demandé l’aide des troupes fédérales, que le gouvernement local doit être blâmé. Un véritable assaut aurait sauvé beaucoup plus d’otages.

  5. Len alains sont tchetchenes. Je sais, vous ne savez pas – cela.
    Bonne nuit.

  6. Super intéressant. Me permettez-vous de faire un lien avec mon blog http://tziganes2.blogspot.com ? je cherche les origines des roms, et c’est peut-être les scythes. Bonsoir. Hélène Larrivé

  7. Donc un groupe de scythes-ossètes part en Andalousie en 375 sous la pression des huns, un autre en Hongrie, et un troisième dans le Caucase. Soit. Mais quid de ceux que l’on retrouve au Rajasthan à la même époque -avec les pachtounes dont la langue s’apparente à la leur- et qui seraient (?) peut-être les ancêtres des roms ? Merci; Hélène Larrivé


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