Le chemin de la ruine du FMI, De la lettonie à la grèce par Max Weisbrot

CounterPunch

Cet article montre que la situation de la Grèce en Europe laisse présager d’autres crises, de peuples qui continuent à vouloir s’unir à la zone euro, selon l’article, la Grèce pourrait pourtant leur montrer le pris à payer d’adhérer à une monnaie détachée des critères de production et favorisant simplement la spéculation. On voit également l’apparente absurdité  d’une conception économique qui impose un « redressement » dont l’économie en question ne retire que ruine à long terme. L’absurdité n’en est pas une si l’on considère qui paye « l’erreur », le peuple, les travailleurs, les plus pauvres, et qui en bénéficie, les profiteurs et les spéculateurs. Note et traduction de l’anglais par danielle Bleitrach pour changement de société

En deux ans, la Lettonie a subi la pire chute économique qui se puisse imaginer, et a perdu plus de 25% du PIB. Le pronostic est défavorable: le PIB baissera encore plus durant la première moitié de cette année, avant de commencer  une récupération lente, dans laquelle le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que  même pas en 2015 le pays  arrivera à son niveau de production de 2006-neuf ans après.
Avec un chômage de 22 %, une forte augmentation de  l’émigration et des coupes sombres dans le financement de l’éducation qui ne peuvent manquer à long terme d’avoir des conséquences néfastes, les coûts socieux de la dite trajectoire  sont élevés.

dans le souci de maintenir sa monnaie liée à l’euro, le gouvernement renonce à l’opportunité de permettre une dépréciationqui stimulerait la croissance après avoir amélioré la balance commerciale. Mais y compris le plus important c’est que par le maintien  de ce lien fait que la Lettonie ne peut pas utiliser une politique monétaire expansive, ou une politique fiscale expansive, pour sortir de la récession. (Les Etats-Unis ont utilisé les deux : en plus de sa stimulation fiscale  et le fait de ramener les taux d’intérêt à près de zéro ils ont  a créé plus de 1,5 milliards de dollars depuis qu’a commencé la récession.)

Ceux qui croient qu’une politique opposée à celle  les pays riches peut donner des résultats- c’est-à-dire pro-cycliques-politiques pointent  l’Estonie comme l’exemple d’une réussite . L’Estonie a maintenu sa monnaie liée à l’euro, et comme la Lettonie essaie d’obtenir une « dévaluation interne. »En  d’autres mots, avec une récession suffisamment profonde et un  chômage suffisant, les salaires et des prix peuvent être réduits. En théorie cela permettrait que l’économie recommence à être compétitive, y compris si le taux [nominale] de change se maintient fixe.

Mais le prix pour l’Estonie a été presque aussi lourd qu’en Lettonie. L’économie a été réduite presque de 20 %. Le chômage a augmenté de près de 2 % à 15,5 %. Et voilà que l’on s’attend à ce que la récupération soit douloureusement lente : le FMI prévoit que l’économie croîtra dans seulement 0,8 % cette année. D’une façon surprenante, il pronostique qu’en 2015 en Estonie cela ira encore pis qu’en 2007. C’est un énorme coût en matière de production réelle et potentielle , ainsi que dans les coûts sociaux associés à un chômage élevé à long terme qui accompagnera cette récupération lente. Et malgré l’effondrement économique et une forte chute dans les salaires, le taux de change réel effectif a été le même à la fin de l’année passée que celui-là du début de 2008 – dans d’autres mots, une « dévaluation interne n’a pas pu être effectuée ».

Cependant l’Estonie est présentée comme un exemple positif, même est utilisée pour attaquer les économistes qui ont critiqué les politiques pro-cycliques en Lettonie. La raison consiste en ce que l’Estonie n’a pas eu le déficit volumineux et les problèmes d’une dette que la Lettonie a eue dans sa récession économique. Sa dette publique de 7 % du PIB est une petite proportion dans l’UE, et son déficit budgétaire pour 2009 a été de seulement 1,7 % du PIB. Par cela elle est sur le chemin de l’intégration à la Zone euro, en adoptant peut-être l’euro au début de l’année prochaine.

Comment l’Estonie a-t-elle réussi à éviter une grande croissance de sa dette durant cette sévère récession  ? D’abord, le gouvernement avait accumulé des actifs durant l’expansion qui atteignaient à peu près de 12 % du PIB; et aussi un excédent budgétaire  qu’il a maintenu après avoir commencé la récession. Et voilà pourquoi il a reçu assez de subventions de l’Union Européenne : en 2010 le FMI pronostique un énorme 8,3  % du PIB en subventions, en comparaison de 6,7 % l’année antérieure.

A la Grèce, Lamentablement, ni l’Union Européenne ni le FMI offrent de subventions. Leur plan pour la Grèce n’est plus que douleur et un châtiment. Et avec une dette publique de 115 %  du PIB et un déficit budgétaire de 13, 6%, la Grèce sera obligée de faire des coupes dans les dépenses  qui non auront seulement des conséquences drastiques sociales mais meneront, avec une certitude presque absolue, le pays à une récession encore plus profonde.

C’est un convoi  qui va dans la direction erronée, et dès que l’un s’engouffre dans ce chemin il n’y a pas de possibilité de dire où cela finira. La Grèce – comme la Lettonie et l’Estonie – sera à la merci d’évènements extérieurs pour sauver son économie. Une amélioration économique rapide et robuste dans l’Union Européenne – que personne ne pronostique – pourrait tirer à ces pays de sa dépression avec une augmentation immense de la demande de ses exportations, et une affluence de capitale comparable à celle des années de la bulle. Mais non : les banques européennes occidentales ont encore des centaines de milliers de millions de dettes  douteuses en Europe centrale et orientale des années de la bulle. Il pourrait donc encore y avoir quelques conséquences inévitables qui feraient descendre la croissance régionale y compris au-dessous de la récupération lente qui a été prévue pour la zone Euro.

L’Allemagne, qui de 2002 à 2007 a dépendu des exportations pour toute sa croissance, continuerait d’absorber les bénéfices du commerce régional de la dite Zone euro et(ou) la récupération mondiale.

Peu importe comment  sont analysées, ces brutales politiques pro-cycliques du XIXe siècle elles n’ont pas de sens. Elles sont énormément injustes, puisqu’elles placent le poids de l’ajustement de la manière la plus directe sur les gens pauvres et les travailleurs. Qui voudrait du « succès » de l’Estonie, simplement parce qu’elle a évité une augmentation de la dette et elle avance sur le chemin de l’union à l’euro. Il pourrait découvrir, comment la Grèce – ainsi que l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et l’Italie – payent le prix d’avoir adopté  une monnaie qui est surestimée en relation avec le niveau de productivité et que ce prix est potentiellement assez élevés à long terme, même après que les dites  économies aient fini par récupérer.
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Mark Weisbrot est economiste et membre du Center for Economic and Policy Research.Il est co-auteur avec Dean Baker, de: Social Security: the Phony Crisis.

Cet article a étyé d’abord publié dans The Guardian.

Fuente: http://www.counterpunch.org/weisbrot04302010.html

Un commentaire

  1. Mis en ligne sur l’Aviseur sous le titre: « La Grèce, berceau de notre civilisation sera-t-elle aussi son cercueil?  »

    Cordialement


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