Carnet de voyage en ex-URSS [4]

metro-moscouUn correspondant de Lausanne qui signe Maratele est appelé – pour des raisons familiales – a souvent voyager dans les pays qui, jusqu’en 1991, constituaient l’URSS. Depuis le 31 octobre, il a quitté la Suisse pour Moscou, où il pense séjourner un mois.
Je publie, ici (le petit blanquiste), chaque semaine des extraits de son carnet de voyage.

8 novembre
LE METRO – Le métro de Moscou, c’est bien connu, est l’un des plus beaux du monde. Et ce qu’il convient de noter, c’est que, loin d’adopter l’esthétique fonctionnaliste alors en faveur dans l’architecture d’avant-garde en Occident, les dirigeants communistes des années 20 (époque de la construction du réseau et donc de la réalisation des premières stations) optèrent pour une esthétique résolument décorative, puisant à pleines mains dans le répertoire bourgeois du XIXe siècle finissant. C’est comme s’il s’était agi de mettre à la disposition du plus grand nombre dans des équipements collectifs un style jusqu’ici réservé aux habitations privées d’une minorité privilégiée. Vinrent ensuite, dans les années suivantes, les statues et hauts-reliefs anguleux, conformes, dans leur esthétique, aux critères du réalisme socialiste, et qui ont après tout un certain charme aujourd’hui.


Le métro n’a pas été envahi par la publicité comme je m’y serais attendu. Dans les stations, les affiches sont peu nombreuses et de dimensions plutôt modestes. On les trouve principalement sur les parois qui longent le parcours des escalators. Dans les wagons eux-mêmes, la publicité est pour ainsi dire inexistante, réduite à de rares affichettes.
Les stations Proletarskaïa ou Marxistskaïa ont gardé leurs noms. On a aussi les stations Komsomolskaïa, Oktiabrskaïa… Ce matin encore, nous sommes descendus, pour aller au zoo, à la station Barikadnaïa, qui commémore les barricades de la Révolution de 1905 ).
Le réseau métropolitain dans son ensemble est dédié à Lénine, et l’on peut voir encore sur la façade de certaines stations l’inscription « Au nom de Lénine ». C’est à Lénine également qu’est dédiée aujourd’hui encore la Bibliothèque nationale, devant laquelle je suis passé ce matin en me dirigeant vers la Moscova.

Sur les bords de cette même Moscova se dressent encore les établissements de l’une des usines de confiserie les plus importantes et les plus renommées de Russie : elle a conservé le nom allemand de Rot Front (Front rouge) qui lui avait été donné à l’occasion d’une visite du dirigeant communiste allemand Ernst Thälmann, en 1931. La fabrique de chaussures Parijskaïa Komuna (Commune de Paris) a elle aussi gardé son nom jusqu’à aujourd’hui. (Dans un cas comme dans l’autre, ce ne sont évidemment pas seulement les usines qui portent ce nom, mais aussi leurs produits : on peut se procurer dans toute la Russie des bonbons Rot Front et des chaussures Parijskaïa Komuna).
Par ailleurs, rappelons que la Place de Révolution, devant le Kremlin, a elle aussi gardé son nom. C’est sur cette place que les communistes se rassemblent d’ordinaire aujourd’hui, devant l’ancien Musée de la Révolution. Enfin, si la ville de Leningrad a retrouvé son nom pré-révolutionnaire, la gare dont partent les trains qui y mènent porte encore le nom de Leningrad.
Ces questions de terminologie me semblent importantes parce qu’elles prouvent qu’on n’a pas essayé d’effacer à tout prix les traces du passé soviétique.

LES USAGERS DU METRO – Le premier signe de l’ascension sociale pour un Moscovite, c’est de pouvoir s’acheter une voiture. Quitte à devoir subir les embouteillages qui congestionnent la ville une bonne partie de la journée (aux heures de pointe, il faut parfois trois heures pour traverser Moscou de part en part), l’accès à la classe moyenne va de paire avec l’achat d’une voiture, symbole de ce nouveau statut.
Le métro est donc de plus en plus le moyen de transport des plus démunis. Il n’offre pas un échantillon véritablement représentatif de l’ensemble de la population. J’en conclus que les catégories les moins favorisées sont aussi celles qui sont le moins influencées, au moins dans leur mise, par le style de vie occidental, car j’y vois très peu de femmes, et encore moins d’hommes a fortiori, habillés (fût-ce dans de mauvaises imitations) selon la mode actuelle. Non pas qu’il n’y ait pas chez certaines femmes une certaine recherche vestimentaire, mais il s’agit, tout comme dans le maquillage, dans la coiffure, dans tous les apprêts, d’une coquetterie à l’ancienne.

à suivre…

Maratele

publié par le petit blanquiste, un des blogs les plus exquis que je connaisse, je vous reccommande également un reportage au Tibet d’Emmanuel Robles.

moscou-metro

Un commentaire

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