LA CHINE RESTE UN PAYS SOUS DEVELOPPE: les problèmes dans les zones rurales

champ-sommet-montagne-chez-yongshen-17404.jpgvoici la suite de l’important dossier de peter Franssen. Il montre que la Chine est à la fois en train d’accomplir des exploits, que comme nous l’avons vu c’est dans le cadre d’une économie planifiée, à marche forcée, franchissant en quelques années les étapes que l’Europe a mis 300 ans à accomplir. Mais nous retrouvons l’analyse de samir Amin inscrite sur ce site: est-ce que la Chine franchit une étape vers le socialisme ou s’inscrit dans le capitalisme de marché ? C’est pourquoi j’ai dit que la grande chance de la Chine était sa population, son patriotisme, sa capacité de travail mais aussi ses luttes et sur ce point je vous conseilles de relire l’article sur ce blog intitulé « le virage à gauche de la direction chinoise ». Rien n’est plus risible que les positions de nos médias qui prétendent connaitre la réalité de cet immense pays, nous pouvons tout à plus en appréhender quelques traits, les contradictions…  Nous présenterons prochainement le troisième volet de cette importante enquête , il porte sur les syndicats et le parti communiste.

Danielle Bleitrach

Une économie toujours faible

Pourtant, l’économie est encore très faible, bien que la Chine soit parfois présentée comme une superpuissance. En fait, il s’agit d’un pays en voie de développement. La Chine compte 25 pour cent de toute la main-d’œuvre mondiale, alors que son économie ne représente que 6 pour cent de l’économie de la planète. En comparaison, les États-Unis comptent moins de 5 pour cent du total de la main-d’œuvre, mais leur économie représente 16 pour cent de l’économie planétaire.
 Ce n’est qu’en 2040 que l’économie chinoise sera aussi importante que celle des États-Unis. Mais, à cette date, le revenu par habitant en Chine ne se situera toujours qu’entre un quart et un tiers de celui des États-Unis. En 2040, la Chine aura une économie d’un niveau de développement semblable à celui de la Grèce aujourd’hui . Du moins, si nous tablons sur le maintien d’une croissance économique aussi forte que celle des 29 années écoulées, ce qui est loin d’être certain, car l’économie occidentale n’est pas en bonne santé et du fait qu’en cas de krach, il en résulterait des répercussions négatives sur l’économie chinoise.
 On peut mesurer le taux de développement d’une économie à l’aide du produit national brut par habitant, de la partie de la population qui travaille en zone rurale et de la part de l’agriculture dans l’ensemble de l’économie. Quand on manie ces trois critères, la Chine de l’an 2000 est au même niveau que les États-Unis de l’an 1900 . La tableau ci-dessous indique la proportion de main-d’œuvre dans les trois secteurs : agriculture, industrie, services, et la part de chacun de ces secteurs dans le produit intérieur brut :

Composition du produit intérieur brut et emploi par secteur en 2006

Secteur Emploi (en pour cent) Part PIB (en pour cent)
Agriculture 44 11
Industrie 24 50
Services 32 39
En Chine, 44 pour cent du total de la main-d’œuvre travaille dans l’agriculture. Aux États-Unis, 2 pour cent seulement. Les 44 pour cent travaillant dans l’agriculture n’ont produit en 2006 que 11 pour cent du produit intérieur brut.
 Un autre critère de développement est l’électrification du pays. La Chine a une capacité électrique installée de 0,3 kilowatt par habitant . Cela ne représente que 10 pour cent de la capacité des États-Unis, même si la production d’électricité en Chine a été multipliée par six ces 29 dernières années. 
 Il n’y a pas que le volume de l’économie. Sa nature, aussi, présente un important retard sur les économies de l’Occident et du Japon. Quelque 130 millions de Chinois travaillent pour l’exportation, soit un sixième de la main-d’œuvre totale. Les exportations consomment beaucoup de main-d’œuvre mais concernent surtout des produits assemblés à faible valeur. Par contre, les importations en Chine représentent des produits de valeur élevée. Concrètement : pour pouvoir payer un seul avion d’Airbus, la Chine a besoin des bénéfices de la vente de 800 millions de t-shirts . La Chine doit vendre 8,5 millions de paires de chaussures si elle veut acheter un seul Boeing . En décembre 2005, la Chine a commandé 150 appareils chez Airbus et 70 autres chez Boeing. On peut s’imaginer à quel point la Chine doit « inonder » les marchés mondiaux de ses t-shirts, chaussures, jouets et autres babioles de toutes sortes, déjà rien que pour pouvoir se procurer ces avions. En équivalents, il s’agit de 120 milliards de t-shirts et de 600 millions de paires de chaussures.
 L’économie chinoise a très peu de technologie qui lui est propre. Les États-Unis et le Japon utilisent environ 5 pour cent de technologies étrangères, dans leur processus de production. En Chine, le pourcentage de technologies étrangères dépasse 50 pour cent . Financièrement et écologiquement, le très faible niveau technologique de l’économie est une affaire coûteuse. Pour produire une marchandise d’une valeur de 1 dollar, la Chine a besoin de 4,4 fois plus d’énergie que les États-Unis, déjà considérés comme de gros gaspilleurs sur ce plan. Si on la compare avec le Japon ou l’Europe occidentale, c’est encore pire : la Chine a besoin de 7,7 fois plus d’énergie que l’Allemagne et la France pour produire une marchandise de 1 dollar. Avec le Japon, le rapport est même de 11 .
 La faible niveau technologique du mode de production est l’une des raisons pour lequelles la richesse produite par un travailleur chinois moyen est autant de fois plus petite que celle produite par un travailleur américain, japonais ou ouest-européen. Il existe naturellement en Chine des usines qui, sur le plan de la technologie et de la productivité, sont comparables aux usines japonaises ou occidentales (entre autres, les filiales des multinationales étrangères), mais elles ne constituent toutefois qu’une petite minorité. En 2000, la valeur ajoutée moyenne produite par un travailleur de l’industrie aux États-Unis est 28 fois plus grande que celle d’un travailleur chinois de l’industrie . Un travailleur américain produit cette année une plus-value de 81.000 dollars, un travailleur allemand 80.000 dollars et un travailleur chinois 2.900 dollars. Même si on tient compte du fait que les salaires en Chine sont de loin inférieurs à ceux du Japon et de l’Occident, la compétitivité de l’économie chinoise reste quand même beaucoup plus faible . C’est pourquoi la part de la Chine dans le commerce international est médiocre. Aujourd’hui, la Chine ne prend toujours à son compte que 6,5 pour cent des exportations mondiales. C’est très peu si on considère qu’elle compte 22 pour cent de la population planétaire. Dans le tableau ci-dessous, on peut découvrir les chiffres des exportations de divers pays en 2005, tant en volume que par habitant .

Exportations en volume et par habitant en 2005

Pays Exportations
(en milliards de US $) Population
(en millions d’hab.) Exportations par hab.
(en US $)
Allemagne 970 80 12.125
États-Unis 904 292 3.095
Chine 762 1.300 586
Japon 595 125 4.760
France 460 60 7.666
Pays-Bas 402 16 25.125
Grande-Bretagne 382 59 6.474
Italie 367 57 6.438
Canada 359 32 11.218
Belgique 334 10 33.400
 
En volume d’exportation, la Chine figure en troisième place, après l’Allemagne et les États-Unis, ce qui n’est déjà pas très brillant. Mais, si on tient compte du chiffre de la population chinoise, on voit que c’est encore beaucoup plus grave. La Chine arrive en dernière place sur cette liste, avec 586 dollars d’exportations à peine par habitant. Tous les autres pays la dépassent de la tête et des épaules.
 Un autre aspect du faible degré de développement de l’économie réside dans le faible niveau des bénéfices d’entreprises. En 2005, dans le top 100 des entreprises les plus rentables au monde, figurent seulement quatre entreprises chinoises : Petro China au rang 10, China Mobile au rang 53, China Construction Bank au rang 72 et Sinopec au rang 89. Le top 6 américain fait 110 milliards d’euros de bénéfices. C’est autant que les 159 entreprises d’État centrales qui constituent l’épine dorsale de l’économie chinoise. Même tableau lorsqu’on se penche sur la situation financière, les possibilités de croissance et l’image de marque auprès du consommateur des firmes du top mondial. Dans le top 100 de ces marques les plus appréciées en 2007, on ne trouve que 3 entreprises chinoises : China Mobile au rang 5, Bank of China au rang 38 et China Construction Bank au rang 61 .
 Le 11 octobre 2005, le Bureau politique du Parti communiste soumet un document à l’approbation du Comité central. On peut y lire : « Il nous faut absolument comprendre que notre pays se trouve toujours dans la première phase du socialisme et que cela va encore durer tout un temps. Les forces productives n’ont pas encore été pleinement développées et le développement en ville et dans les campagnes est encore inégal. La façon extensive de produire a été insuffisamment amendée, la structure économique n’est pas assez rationnelle, la capacité d’innover en toute indépendance n’est pas forte, les contradictions entre le développement économique et le développement social et entre l’économie et l’écologie s’accroissent. La pression sur l’emploi ne diminue pas. Il y a beaucoup de différences dans les revenus . »
 Le parti essaie d’aborder ces problèmes et contradictions, mais il ne faut pas se bercer d’illusions : dans cette phase du développement économique, il ne peut régner d’harmonie parfaite, des problèmes apparaîtront, et parfois très graves. Le socialisme est un processus de développement. Ce qui existe au début ou dans le cours de ce processus est différent et moins bon que ce qui aura été réalisé à la fin de ce même processus. Le 10 février 2005, le président du parti, Hu Jintao, déclare dans un long discours adressé aux principaux cadres du parti des niveaux national et provincial :

« Notre société socialiste est une société qui présente des contradictions. Le processus de construction d’une société harmonieuse, socialiste est un processus permanent visant à résoudre toutes les espèces de contradictions et un processus visant à écarter les facteurs non harmonieux et à renforcer les facteurs harmonieux. À mesure que la Chine va vers son développement, certaines contradictions s’amplifient. C’est un phénomène que nous ne pouvons pas éviter tout à fait car notre société subit en permanence des mutations profondes. Nous devons aborder ces contradictions et trouver des façons de les résoudre . »   

Les problèmes dans les zones rurales

En premier lieu, l’industrialisation de la Chine a été financée par les campagnes. C’est d’ailleurs le cas dans la plupart des pays qui tentent de sortir du sous-développement. Les villes se développent en même temps que l’industrie. Presque inévitablement apparaît une dissemblance dans le niveau de développement : les villes progressent plus rapidement que les campagnes sur le plan du revenu individuel, des soins de santé, de l’enseignement, des infrastructures de la culture et des transports, des équipements sociaux… Aussi, le plus gros problème économique et social auquel est confrontée la Chine aujourd’hui est-il celui du retard des zones rurales sur les zones urbaines.
 En Chine, la pauvreté a toujours été principalement l’affaire des campagnes. Sur ce plan, le pays peut présenter un palmarès susceptible de vous contredire. James Morris, le directeur du Programme alimentaire mondial, dit que les prestations de la Chine dans la lutte contre la pauvreté  « sont le plus grand miracle du 20e siècle  ». Si on applique la ligne officielle chinoise en matière de pauvreté, le pays a réduit son nombre de pauvres, de 250 millions en 1978 à 25 millions de nos jours. Selon les normes internationales en matière de pauvreté (un revenu de moins de 1 dollar par jour), le nombre de pauvres a baissé, passant de 490 millions en 1978 à 85 millions aujourd’hui, soit de 49 pour cent de la population à 7 pour cent . Selon les normes chinoises, près de 24 millions de pauvres absolus vivaient dans les campagnes en 2005. Mais, si on y ajoute les gens des campagnes qui ont un revenu égal à cette norme et la dépassant de 50 pour cent, on atteint quand même un total de 65 millions de pauvres. Malgré les prestations excellentes, la pauvreté n’a donc pas encore été éradiquée.
 Du fait que le développement est plus rapide dans les villes qu’à la campagne, les différences de revenus sont de plus en plus grandes. Ces 15 dernières années, le revenu du citadin a augmenté presque deux fois plus vite que celui de l’habitant des campagnes. Le revenu moyen en ville est actuellement 3,2 fois plus élevé que le revenu moyen dans les campagnes. Le revenu moyen de Shanghai, de loin la ville la plus développée, est entre sept et dix fois plus élevé que dans les provinces rurales les plus arriérées. La province la plus riche est celle de Zhejiang. Ici aussi, le revenu du citadin est 2,5 fois plus élevé que celui du campagnard .
 Ensuite, il y a également de grandes différences sur le plan des soins de santé. L’espérance de vie du Chinois moyen a évolué de la façon suivante  :

 en 1949 : 35 ans
 en 1957 : 50 ans
 en 1980 : 65 ans
 en 2000 : 71 ans.

 Depuis la révolution, le Chinois peut espérer vivre deux fois plus vieux. Naturellement, il s’agit d’un grand progrès. Mais cette moyenne dissimule des différences importantes. Dans les villes de Beijing et Shanghai, l’espérance de vie est de 82 ans, soit presque autant qu’en Belgique. Mais, dans les provinces de Guizhou, Yunnan, Tibet, Qinghai et Xinjiang, l’espérance de vie se situe entre 64 et 67 ans. Les chiffres de mortalité des bébés de moins d’un an ont baissé dans l’ensemble de la Chine, passant de 20 pour cent en 1950 à 2,5 pour cent en 2005. Une performance pour laquelle le pays a été chaleureusement félicité par l’Organisation mondiale de la santé . Mais un rapport gouvernemental de 2004 affirme que le chiffre de mortalité des bébés dans les provinces les plus pauvres est quatre fois plus élevé que dans les villes . 
 Pour mille habitants, on compte dans les villes 3 fois plus de lits d’hôpital et 5 fois plus de travailleurs médicaux que dans les campagnes . Dans les campagnes vit 58 pour cent de la population, mais celle-ci n’y reçoit que 30 pour cent des dépenses en soins de santé. Le coût des soins de santé pour le patient y a également augmenté beaucoup plus vite que le revenu. Le traitement médical moyen coûte aujourd’hui 57 pour cent de plus qu’en 1998. Un séjour à l’hôpital coûte même 76 pour cent de plus . Résultat : dans les campagnes, presque la moitié des gens ne vont pas chez le médecin quand c’est nécessaire et 30 pour cent ne se font pas hospitaliser si un médecin le conseille . Dans un rapport où ils citent eux-mêmes ces chiffres tout en formulant également d’autres autocritiques, le Parti communiste et le gouvernement reconnaissent leur échec, sur le plan des soins de santé dans les campagnes. Avec la disparition des communes, en 1978-1980, a disparu également le système de santé dont elles étaient nanties. Le parti et le gouvernement ne sont pas intervenus suffisamment pour mettre en place un système collectif alternatif. De ce fait, les soins de santé sont devenus une responsabilité individuelle et une affaire de marché, « et on ne peut dire que ce fut un succès », ajoute le gouvernement .
 Il existe également des problèmes avec l’enseignement. Ce dernier, en Chine, a fait un énorme bond en avant. En 1977, 66 pour cent de la population pouvait lire et écrire. Aujourd’hui, on est passé à 91 pour cent . La Chine a le plus grand réseau d’enseignement au monde. Les classes maternelles comptent 23 millions d’enfants. L’enseignement primaire a 108 millions d’élèves, le moyen 60 millions, le moyen général supérieur 25 millions et le moyen professionnel supérieur 18 millions. 98,93 pour cent des filles et 98,97 pour cent des garçons de 6 à 12 ans suivent l’enseignement primaire . Presque un adolescent de 12 à 18 ans sur deux suit l’enseignement moyen. C’est surtout le nombre d’étudiants de l’enseignement universitaire et de l’enseignement supérieur non universitaire qui a augmenté de façon impressionnante. Voici l’évolution du nombre des étudiants  :

 1978 : 856.000
 1990 : 2 millions
 1995 : 2,9 millions
 2000 : 5,5 millions
 2003 : 11 millions
 2004 : 13,3 millions
 2006 : 17,4 millions

C’est ainsi que la Chine est le pays qui compte le plus d’étudiants universitaires et de l’enseignement supérieur. 1,1 million de jeunes suivent également un enseignement post-universitaire. Les universités chinoises accueillent en outre quelque 100.000 étudiants étrangers. En 1990, 3 pour cent des jeunes de plus de 18 ans allaient à l’université ou dans une école sépérieure. Aujourd’hui, ils sont 16 pour cent. Le plan prévoit qu’ils seront 23 pour cent en 2010 et 40 pour cent en 2020. Aujourd’hui, 5 pour cent des jeunes qui vont travailler pour la première fois ont suivi un enseignement universitaire ou supérieur non universitaire. En 2050, ils devront être 44 pour cent .
 Tous ces chiffres sont brillants, mais il y a également des problèmes. Les deux plus importants sont le coût pour les parents et la différence de qualité entre la ville et la campagne. À l’instar des soins de santé, les coûts de l’enseignement ont grimpé plus rapidement que le revenu des gens. En 2002, pour étudier à l’université, il faut payer un droit d’inscription de 400 à 600 euros. Jusqu’en 1990, ce droit n’existait pas. Depuis les années 1990, les parents doivent également payer des frais de scolarité pour l’enseignement primaire et l’enseignement moyen. Les autorités centrales laissent le financement de l’enseignement aux autorités locales. Ce n’est pas une bonne chose pour les campagnes, plus pauvres que les villes. Les autorités locales doivent également payer les enseignants et il s’ensuit qu’un grand nombre d’entre eux s’en vont dans les villes où les traitements sont nettement plus élevés. Résultat : une pénurie d’enseignants et, en bien des endroits, ce sont des gens qui n’ont pas été formés à ces tâches qui doivent les remplacer.

Que faire ?

Les trois problèmes des campagnes que nous avons cités – le revenu, les soins de santé et l’enseignement – ont une base objective. Le modèle de développement appliqué par le Parti communiste part de la côte est où l’industrie est de loin la plus développée. 14 centres géographiques sont d’abord désignés à partir desquels le développement est censé conquérir le reste du pays. Ce modèle de développement a pleinement prouvé sa valeur. Il est normal que, dans ces centres, se développent des villes où les habitants sont bien plus prospères. Pourtant, le Parti communiste et le gouvernement disent qu’eux-mêmes ont commis des erreurs qui étaient évitables. Chen Xiwen est le directeur du groupe dirigeant des ministères responsables du développement des campagnes. Chen déclare : « Le fait que la qualité de la vie du campagnard a du retard sur  celle du citadin a des raisons historiques. Mais nous-mêmes n’avons pas suffisamment agi en vue d’améliorer les prestations de services destinées aux paysans . » C’est pourquoi le gouvernement a décidé que les campagnes, l’agriculture et les paysans (en chinois, résumés en un seul terme, san nong) auraient la priorité absolue. Il y aura davantage d’investissements dans les infrastructures, de soutien financier à l’agriculture, de prospérité et d’équipements sociaux pour les paysans .
 En octobre 2005, le parlement décide que, dès le 1er janvier 2006, le revenu imposable passera de 800 à 1600 yuan par mois. Celui qui gagne 1600 yuan ou moins par mois, ne doit plus payer d’impôts sur ses revenus. C’est le cas pour plus de 80 pour cent des paysans  Dans un même temps, le gouvernement central décrète qu’il est désormais interdit aux autorités locales de prélever de nouveaux impôts dans les campagnes et d’augmenter ceux déjà existants . En 2006, le nombre de pauvres absolus dans les campagnes diminue de 2,2 millions, c’est-à-dire de 10 pour cent, se réduisant ainsi à 21,5 millions. Le nombre de pauvres (les personnes qui ont un revenu égal au seuil de pauvreté chinois et jusqu’à 50 pour cent au-dessus) baisse cette même année de 5 millions, soit 12,5 pour cent : ils sont encore 35 millions .
 Entre-temps, le gouvernement met à nouveau sur pied un système de santé coopératif presque entièrement financé par les autorités centrales et régionales avec, en outre, une cotisation modique de la part des assurés. En 2004, 156 millions de paysans y sont affiliés. En 2006, ils sont déjà 410 millions, soit 55 pour cent de la population des campagnes. Selon le plan, l’assurance doit couvrir toute la population rurale pour 2010 . Ensuite, un programme triennal est en cours afin d’améliorer la formation des travailleurs médicaux ruraux et d’envoyer dans les campagnes des médecins des villes .
 Sur le plan de l’enseignement non plus, le gouvernement ne reste pas les bras ballants. Dès 2008, il entend payer les salaires des 6 millions d’enseignants des campagnes à partir du budget du ministère central de l’Enseignement . Le revenu des enseignants ruraux sera alors le même que celui de leurs collègues des villes. En outre, le gouvernement a décidé en 2007 de supprimer les coûts de scolarité pour 150 millions d’enfants des campagnes en âge d’aller à l’école (jusqu’à leur 15e anniversaire). Les 500.000 étudiants les plus pauvres des écoles supérieures ou des universités recevront dès 2007 une aide mensuelle de 150 yuan. En 2006, 50.000 étudiants seulement avaient pu en profiter. Dans les étapes suivantes, le gouvernement veut également assurer la gratuité des manuels scolaires tant dans l’enseignement primaire que dans le moyen (jusqu’à l’âge de 15 ans). Dans les campagnes, les uniformes scolaires doivent également être gratuits – c’est déjà le cas pour diverses provinces pauvres .
 La solution fondamentale au retard des campagnes réside dans l’industrialisation et l’urbanisation. Le lopin de terre arable d’une famille paysanne moyenne est trop petit pour espérer en tirer une prospérité égale à celle d’un citadin. Trop de personnes dépendent des activités agricoles. Pourtant, bien des choses ont déjà changé. Le tableau ci-dessous montre comment, après 1965, les activités professionnelles ont de plus en plus glissé vers l’industeie et les services. 

Emploi par secteur économique (en %)

 1952 1957 1965 1978 2004 2006
Agriculture 83 81 82 70 46 44
Industrie 7 9 8 17 23 24
Services 10 10 10 13 31 32

Le passage de la main-d’œuvre excédentaire de l’agriculture à l’industrie et aux services est le mécanisme le plus efficace pour l’augmentation du niveau de vie dans les campagnes, pour l’industrialisation du pays et pour l’émancipation culturelle et idéologique des habitants des campagnes. 284 millions de personnes travaillent toujours dans l’agriculture, actuellement. C’est 150 millions de trop. L’excédent de main-d’œuvre va s’accroître à mesure que l’agriculture passera à une échelle plus grande et se mécanisera davantage .
 En même temps que l’industrialisation se développe l’urbanisation. Le tableau ci-dessous montre le résultat de 29 années d’urbanisation en Chine .

Évolution du rapport de population entre zones rurales et zones urbaines

 1978 2004 Évolution 1978-2004
Total population 962 millions 1.300 millions + 35 %
Zones rurales 790 millions (82 %) 757 millions (%) – 5 %
Villes 172 millions (18 %) 543 millions (42 %) + 215 %

La partie de la population qui vit dans les campagnes a baissé en un quart de siècle : de 82 pour cent à 58 pour cent de la population. Ces dix dernières années, la population urbaine s’est accrue de 200 millions d’unités, ce qui équivaut à la population totale de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne et de la France. Le rythme de l’urbanisation est très élevé. Pourtant, 750 millions de personnes vivent toujours dans les campagnes. L’Europe occidentale et les États-Unis ont eu besoin de 300 ans pour accomplir leur industrialisation et leur urbanisation. La Chine ne dispose pas de tout ce temps. Le pays a l’intention de construire chaque année 20 villes d’entre 500.000 et un million d’habitants. Chaque fois, 15 millions de personnes. Chaque année, on assiste à la naissance de villes qui, additionnées, sont aussi grandes que New York et Londres ensemble.

2 commentaires

  1. je veux un exemple d’un autre pays a par la chine

  2. je veux recevoir cette fiche


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