Danielle bleitrach: Barak Obama : Un enthousiasme “illusoire”? Non les vagues du temps sur lesquelle nous devons surfer.

La planète , et l’occident surtout, l’Afrique également, sont en train de  vivre une sorte de crise d’hystérie collectiv. Elle peut nous irriter. pourtant, la déferlante d’enthousiasme qui a porté Barak Obama ne doit pas être sousestimée  même si beaucoup d’entre nous sont conscients du caractère illusoire de cette explosion de joie. Il ne faut pas sousestimer d’abord le fait qu’un verrou séculaire a sauté, l’homme le plus puissant de la planète est un métis,un enfant de l’Afrique et de l’Europe colonisant les Amériques. La peau de l’être humain va devenir aussi secondaire que la couleur de ses yeux. Cette petite évolution de simple bon sens que nous le voulions ou non c’est notre victoire, celle de tous ceux qui ont marché aux côtésde Mandela et de malcom X.  Même si Barak Obama  a moins de chance d’être le rêve de Martin Luther King que le cauchemar  Condoleezza Rice, la marche, notre marche a fait un pas de géant…Mais la seconde raison est également importante,il  ne faut pas sousestimer le fait que les Etats-Unis face à la terrible tension de la crise qui continue à déferler auront cherché au fond d’eux-mêmes les meilleur de leur tradition d’égalité et de justice et pas la peur qui jadis en Europe conduisit un Hitler au pouvoir. Qui que soit Barak Obama, quels se soient ses liens avec les donateurs les plus riches qui ont financé largement sa campagne à 75%, il n’en demeure pas moins que ces deux faits doivent être pris en compte si nous voulons changer le monde, notre monde.

Même si nous sommes conscient que tous les problèmes demeurent et que Barak Obama ne changera rien sur le fond, il y a le contexte incontournable,  nous sommes justement confrontés à un temps historique où s’impose la nécessité d’une changement de société. Ne  pas voir nos atouts et ne pas en tirer une grande espérance, et surtour une capacité d’action renouvelée est aussi préjudiciable sinon plus que de nous bercer d’illusions sur les forces qui sont derrière le président des Etats-unis, et qui elles font la preuve de leur capacité d’innovation.

Le changement de société s’opère dans des temps différents, la vieille taupe disait Marx continue à creuser sa galerie souterraine. Nous qui avons été les défaits de l’histoire du moins pendant plus de vingt ans, il faut reconnaître ce que nous avons porté, nous les communistes. Nous n’étions pas les seuls, mais nous avons été pendant tout le siècle précédent le fer de lance du combat contre le colonialisme, pour l’égalité, la justice et la paix. Cela il est difficile de le nier, nous n’avons sans doute pas tout réussi, commis beaucoup de fautes, des crimes parfois, mais il n’y a jamais eu de révolution, de progrés même pour l’être humain sur la base de l’anticommunisme. Donc cette vague vient de loin et elle est notre, elle nous rassemble au-delà de nos rangs en “défense de notre humanité commune”. Barak Obama n’est qu’un bourgeois, il ne va rien changer, c’est à peu près sûr, il n’empêche que cette élection est le produit de nos luttes d’un siècle, de nos martyrs et de nos héros. Je les vois monter le Che, Thomas, sankara, patrice Lumumba, ho chi Minh Ben barka et tant d’autres… Mais ils ne s’arrêtent pas, l’étape est lointaine…
Le deuxième point tout aussi essentiel concerne cette fois dans un temps immédiat celui de la crise, de l’indignation, de la colère qui soulève n’importe quel individu quand il découvre la monstrueuse escroquerie dont il est victime. Comment le capital, l’impérialisme a joué au bonneteau avec sa vie, son logement, son travail, sa santé et comment il a prétendu couvrir tout cela par d’ignobles guerres. Ce qui se passe dans la tête du citoyen nord-américain se passe dans la tête de tous les individus. Avoir voté pour barak Obama, c’est sans doute la manière dont l’Etasunien a dit “virez les tous!”. ce cri a été celui qui a inauguré les changements en Amérique latine, et qui a permis à une nouvelle génération de dirigeants d’apparaître. Oui mais Obama n’est pas Chavez, mais le peuple qui a voté qui est-il ? C’est lui le héros de l’histoire:  jamais le verrou du racisme n’aurait sauté sans cette colère. Le danger serait donc de sousestimer cette colère, de continuer à jouer des jeux politiciens ici même sans mesurer les potentialités de la période. Et laisser à la droite le bénéfice des initiatives audacieuses, alors que cette colère est le levier et le point d’appui pour soulever le monde.

Je suis en train de travailler sur les Révolutions du XXe siècle, en particulier l’extraordinaire révolution bolchevique, l’explosion d’un peuple qui n’obéissait plus à personne, la force de Lénine a été d’accepter de chevaucher la tempête, et il ne pouvait le faire qu’en comprenant les masses, être leur dirigeant c’est aussi suivre ce qu’elles ressentent.

Ne souestimons pas cette élection qui au niveau du président de son équipe ne changera rien ou pas grand-chose, mais qui nous renseigne sur la nature de la vague venue de loin, gonflée de l’incroyable crise et de ce qu’elle révèle. Le capitalisme a fait son temps, mais il ne cedera pas la place sans l’intervention des masses, sans des hommes et des femmes prêts à chevaucher la tempête, à lui donner un sens de paix, d’égalité, de justice et de solidarité entre les êtres humains. Le communisme, le socialisme sont les réponses qu’il nous reste à créer ensemble, c’est une grande aventure à laquelle nous sommes conviés si nous savons être à la hauteur des aspirations. Ce qu’un Barak Obama ne peut pas réaliser, nous devons le prendre à notre compte.

Danielle Bleitrach

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