Guadeloupe : UN JEUNE TEMOIGNE sur la mort du syndicaliste

photo_1235150606164-1-01Voici un témoignage, on ne peut pas bien évidemment en tirer toute une analyse, mais le moins que l’on puisse dire c’est que tout est fait pour exaspérer, pour créer l’émeute qui servira de prétexte et comme par hasard celui qui meurt est un syndicaliste du LKP. on l’enterre ce dimanche. Autre remarque rapide, la manifestation d’environ 20.000 personnes qui a eu lieu à Paris et dans d’autres villes de France, avez-vous remarqué la manière dont les médias ont souligné qu’il s’agissait « d’Antillais »: sont-ils Français ou non? S’agit-il de départements ou de colonies? Tout est fait depuis le début de la crise pour bien marquer qu’il ne s’agit pas du territoire français, mais d’une « sorte de banlieue hors la loi ». Y compris le silence du chef de l’Etat, encore aujourd’hui où les négociations reprennent le flou des propositions aux travailleurs, tout ce qui concerne la chereté de la vie est dénoncé par les syndicalistes, en revanche le MEDEF local obtient des avantages indéniables, en demande plus en particulier d’aides aux banques locales qui sont déjà célébre pour la manière dont elles traitent les habitants de l’île, quel contrôle aucun… Et l’on fait porter le poids de la crise sur les jeunes… Notons que les syndicalistes refusent cette condamnation, exigent la lumière…

Alors que beaucoup s’empressent d’accuser les jeunes du quartier Henri IV d’être responsables de la mort de Jacques Bino, le syndicaliste de la CGTG abattu hier soir à Pointe-à-Pitre, Jean-Marie Nomertin, dirigeant de la CGTG, demande qu’une enquête soit diligentée rapidement pour faire toute la lumière sur cette tragédie. Il indique qu’il y a des zones d’ombre dans cette affaire. Un témoin affirme avoir assisté à la mort de Bino, il préfère témoigner sous couvert d’anonymat. Nous l’appellerons Sonny. Je vous livre son témoignage qui me semble intéressant même si je n’ai pas encore pu recouper ses informations, qui sont donc à prendre au conditionnel. Il révèle l’état d’esprit dans lequel sont ces jeunes.

Je voudrais avant tout replacer l’évènement dans son contexte. Lundi, quand Lollia s’est fait frapper par la police, les jeunes ont dit que ça suffisait et ils ont décidé de « casser la ville », Pointe-à-Pitre. Tout semble avoir été fait pour que la situation dégénère : il n’y avait pas l’ombre d’un gendarme ou d’un policier, la ville semblait livrée à elle-même. Et pour couronner le tout, elle était plongée dans le noir.

C’est alors que des brigades de la BAC sont apparues. Les policiers ont tiré sur les manifestants, à balles réelles, dans les jambes. J’ai assisté à beaucoup de manifs en France et jamais je n’ai vu un truc pareil, jamais… Un rappeur assez connu ici, qui se trouvait dans la rue a été blessé et hospitalisé avec une balle dans la cuisse. C’est à partir de là que les jeunes ont décidé de s’armer. Hier soir, il y avait des échanges de coups de feu entre les jeunes et la police . Les jeunes utilisaient de petits calibres qui faisaient plutôt  » traaac « , tirant des décharges de chevrotine alors que les policiers utilisaient de plus gros calibres, identifiables à leur détonation plus forte, « boum ». Je ne peux pas prétendre qu’aucun jeune n’avait de gros calibre, je dis juste que je n’en ai ni vu, ni entendu du côté des jeunes.

Le gars qui a été tué était en train de faire demi-tour à un barrage tenu par les jeunes, la balle qui l’a atteint en plein thorax ne pouvait pas venir du barrage, mais d’un côté, sinon il l’aurait prise dans l’épaule ou le bras, vu la position de la voiture au moment de l’impact. Elle est partie de loin même, avec un « boum » net. L’impact a été si violent que la voiture a bougé.

Je suis inquiet pour ce soir, il risque d’y avoir des affrontements très graves. On veut faire porter aux jeunes un chapeau qui n’est pas le leur. Imagine, si on te désigne comme l’assassin d’un membre du LKP, ça fait de toi le pire ennemi du peuple. Ce soir, si les policiers reviennent dans la cité, des jeunes pourraient chercher à en abattre un, juste pour racheter leur image…

source : http://chien-creole.blogspot.com/2009/0 … ucoup.html

11 commentaires

  1. Cela fait longtemps qu’on connaît les méthodes des incendiaires du Reichtag!

    NOSE

  2. Hum. Une des rares choses qu’on sait sur cette affaire, c’est qu’il y a eu trois balles tirées sur cette voiture, avec la même arme, et non une seule.

    C’est énervant de ne pas savoir, et on a toujours envie de dire quand même quelque chose – quelque chose qui s’avère presque toujours par la suite être une bêtise.

    Quand on ne sait pas, il n’y a qu’une chose à faire: douter. « Je sais que je ne sais pas », et c’est tout.

  3. je viens de voir le film « doute » avec merryl Streep, j’ai beaucoup aimé… Mais douter est une précaution méthodologique qui n’a rien à voir avec l’ambiguité de la vérité tels que l’intuition et les sens peuvent l’appréhender, ce qui me semble être la démarche du film. En fait, le doute cartésien qui est la méthode à laquelle « philosophe » fait référence ne renvoit pas à cette impossibilité de savoir, mais bien au contraire il s’agit d’abord de rejeter toutes les opinions plus ou moins douteuses que l’on pose habituellement pour vraies,et à partir de là comme dans toute démarche idéaliste d’accéder aux évidences et à la clarté des vérités éternelles et donc à des principes divins. Pour Spinoza qui suit apparement la même démarche il semble bien que l’idée de la vérité naturelle ou la garantie divine soit illusoires, en revanche il faut par l’induction et la déduction accéder à des vérités plus complexes, c’est-à-dire une construction conceptuelle. Bref le doute méthodologique est toujours nécessaires mais il s’exerce en priorité sur les idées dominantes qui sont celles de la classe dominante (elles voudraient dans ce cas que les émeutes et les jeunes guadeloupéens soient des coupables tout trouvés) mais il nous reste à construire les faits dans une autre contexte qui est justement celui de la « colonisation » qui se poursuit sous d’autres formes.

    Le doute n’est pas l’errance, on ne se méfie pas de tout et de n’importe quoi mais en priorité de ceux qui diffusent les impressions, les idées qu’il faut déconstruire, cela dit il faut de la rigueur et ne pas sauter à la conclusion qui va dans votre sens.

    Danielle Bleitrach

  4. Danielle je ne suis pas dans le doute méthodique, là. La question, c’est quoi faire quand on ne sait pas, et qu’on sait qu’on ne sait pas.

    On peut, on devrait, mener une recherche de la vérité – concrètement, ici, faire une enquête. C’est le travail de la police, me dira-t-on. Pas forcément: ce serait aussi le travail du journalisme, le vrai. Le journalisme d’investigation, ça a existé…

    Bon, mais ni toi ni moi ne pouvons mener cette enquête. Alors? C’est là que je place mon doute: à défaut de savoir, sachons nous taire. La recherche de la vérité, sinon rien. Attention à la pression médiatique – on ne fait pas le travail, mais il faut quand même en parler. Même sur un simple blog comme le tien, cette pression peut peser. Tu as travaillé dans la presse, Danielle, donc tu as rencontré cette pression (« il faut bien quand même qu’on en parle, on ne peut pas ne rien dire »).

    Cette pression rencontre une tendance naturelle chez tout le monde, et c’est pour ça qu’il faut s’en méfier. Quand je ne sais pas, et que je ne peux pas (ou ne veux pas) faire le travail de recherche, eh bien je suppose, j’invente, j’imagine, je cherche ce que ça pourrait être. Et c’est là, dit Spinoza, que commence la superstition. Car ce que j’imagine dans ce cas ne révèle rien de l’objet, mais tout de moi – en l’occurrence ça montre que nous préférerions tous que cette balle vienne des flics.

    Ce jeune, là, n’est pas triste ou indigné à cause de la mort d’un syndicaliste de la CGT. Il ne réclame pas justice. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas la vérité, c’est l’image que ça va donner des jeunes (voir la fin de l’article). Donc il dit exactement la même chose que le gouvernement et la police, et exactement pour la même raison, à savoir le souci de l’image: « C’est pas nous! » [c’est d’ailleurs pourquoi la référence à l’incendie du Reichstag ne me semble pas pertinente, ils ne disent pas « C’est eux », ils disent « C’est pas nous », ils sont sur la défensive].

    Donc, on ne sait pas. Pour (peut-être) savoir, il faudrait une police qui fait son travail et/ou une presse qui fait son travail, au milieu d’une population prête à collaborer honnêtement à ces enquêtes. Toutes conditions qui ne me semblent guère réunies…

  5. Et hier soir, un policier abattu la courneuve.
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/02/22/01016-20090222ARTFIG00011-un-policier-abattu-a-la-courneuve-.php
    Un partout la balle au centre ?

  6. Bonjour philosophe,
    « Il ne réclame pas justice »
    Que sais-tu de cela?
    Rien!

  7. Bonjour willamof

    L’article nous dit que ce témoignage « révèle l’état d’esprit dans lequel sont ces jeunes ». Relis le témoignage en question, qui suit cette phrase.

    Il y a quatre paragraphes. Il ne réclame justice nulle part, alors que le souci de l’image est fort présent, et développé (un paragraphe sur quatre, le quatrième).

    C’est tout ce que je sais.

  8. Philosophe,
    Il me semble que le coeur du sujet est là.
    Si il n’est pas précisé que le jeune ne reclame pas justice cela sous-entend t-il qu’il ne la souhaite pas?
    On n’en sait rien!
    Le problème c’est que le plus souvent la seule version acceptable d’un fait est celui qu’envisage les dominants détenteurs d’un pouvoir ou d’un savoir: police, justice, politiques, experts, journalistes. Ils ne savent bien souvent qu’une seule chose. Pas « rien » comme leur aurait soufflé Socrate. Non, la seule chose dont ils sont sûre c’est leur interêt et celui de leur classe.
    Tout est envisagé à travers ce prisme de classe, celui de la bourgeoisie. Les dirigeants, les hauts responsables, les autorités ou Les médias voient le monde, l’imaginent et le racontent à l’aide d’une grille de lecture bourgeoise.
    Comme tu le disais un peu plus haut il ne faut pas tomber dans le piège de tout interpréter en fonction de ses idées au point de nier la réalité des faits. Mais justement le monde dans lequel on vit fonctionne comme cela au détriement des populations et de leur histoire.
    C’est Richard Pearle leconseiller de Mr Bush qui disait que les néo-cons aujourd’hui pouvaient créer leur propre réalité dans n’importe quel domaine et qu’il ne restait à l’opposition qu’à suivre et commenter leur réalité.
    Il y a certe du mépris dans ces propos mais ils ne sont pas idiots. Il me semble que c’est cela qu’il est important de combattre d’autres points de vue sont nécessaires pour renverser le diktat de toute les versions officielles. Le but n’est pas d’imposer sa version ou celle que l’on aimerait, mais bien de proposer une autre grille de lecture et au minimum créer le doute pour amener a réflechir et explorer toute les hypothèses.
    Pour finir et de plus, je n’ai envisagé ici que les cas des dominants honnêtes, car il existe un élément fondamental et que le premier anarchiste de base sait: les autorités mentent souvent!

  9. bien si je comprends bien vous en êtes au « doute » méthodologique, versus Descartes revu et corrigé d’abord par Spinoza puis par Marx. il n’y a pas que les faits, il y a la prise en considération de qui détient le pouvoir de mentir et ment le plus souvent…
    On peut subodorer que le non dit est « évident », que la justice et l’exigence de justice est au coeur des comportements de ces jeunes ou subodorer comme le disent les médias que ce sont des jeunes désoeuvrés qui ne vivent que pour les caméras… Ou comment passer de l’image du syndicaliste responsables à celle d’une « jeunesse sous l’effet de stupéfiants dont certtains n’ont pas quinze ans » (je cite)..
    Effectivement le danger est de subir ici y compris toutes les pressions, nous tentons d’y résister, mais je crois qu’il y a un lieu d’où vient une pression plus forte que d’ailleurs.
    Ainsi quand je reçois ce message qui a disparu du « déroulé », j’ai tendance à le reproduire parce que nons seulement c’est vr’aismemblable, mais cela s’appuie sur une série de pratiques meurtrières en partixculier en mai 67 dont nous n’avons rien sur, donc autant je suis circonspecte sur les « révélations » de « complots », autant là j’estime qu’il faut prendre le risque de se tromper:

    Commentaire :
    URGENCE AVANT MASSACRE EN GUADELOUPE
    C’est un appel de soutien que je lance. 17 Airbus ont débarqué en Guadeloupe depuis début janvier, avec près de 4000 militaires/gendarmes/CRS, armés jusqu’aux dents. Des chars d’assauts, des minutions, des cercueils en plastique, des vivres ont également été acheminés en même temps que ces forces de répression.Ce tel dispositif de guerre coûte 3 millions d’euros par jour au contribuable français.Les guadeloupéens auraient préféré que cet argent serve à résoudre quelques uns des 146 points de la plateforme de revendications.L’Etat français a tiré sur la foule à plusieurs reprises en Guadeloupe : 1910 – 1925 – 1952 – 1967.En 1967, suite à un fort mouvement de grève, messieurs MESSMER, MARCELIN et DE GAULLE ont fait tirer sur la foule et tuer plus de 170 personnes .Officiellement seuls 8 morts ont été déclarés par l’Etat.Le gouvernement vient de décider de transférer les rédactions de RFO television à Paris, les émissions locales ne seront
    plus produites localement.Sarkosy se fabrique sa dictature par ses exactions, voilà que l’Outre-Mer revient 40 ans en arrière avec les pratiques coloniales. »

    Danielle bleitrach

  10. « Il n’y a pas que les faits, il y a la prise en considération de qui détient le pouvoir de mentir et ment le plus souvent ». Ouh là là… Ils mentent, et ils mentent souvent, c’est sûr. Seulement voilà, le fait de savoir que ce sont des menteurs, ça ne nous dit rien sur la vérité. D’où le doute.

    Pourquoi diable le simple fait de douter, éventuellement étayé sur le rappel de leurs mensonges précédents, ne suffit-il pas, pourquoi apparaît-il comme insuffisamment critique? Pourquoi diable faudrait-il absolument « subodorer » quelque chose? Pourquoi diable faut*il une croyance, ou le début d’une croyance, pour douter?

    J’ai l’impression qu’il y a quelque chose à propos de la certitude, de la croyance et de l’incroyance, quelque chose à propos du religieux, dans ce débat. Ce que je soutiens, c’est qu’on peut tout simplement ne pas croire, point.

  11. SO WHAT???
    DOUTE DOUTE DOUTE
    possiblités: des balles perdues, un reglement de compte crapuleux, une vengeance du patronat ou des ex-rg, un exemple gouvernemental officieux, un crime passionnel…
    Dans tous les cas un homme est mort par balle au moment de la lutte et il faut lui rendre hommage.


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