Entretien avec l’économiste Joseph Stiglitz

stiglitz11MICHAEL KNIGGE, traduit par DB pour https://socio13.wordpress.com/

Dans un entretien avec  Deutsche Welle, le prix nobel d’economie, Joseph Stiglitz,parle de nationaliser les banques, il trace un panorama pour les pays en développement et affirme la nécessité d’avoir un régulateur financier international.Nous vivons dans un monde trés différent de celui de la grande dépression, a affirmé Stiglitz (1)

On ne peut que partager le diagnostic de Stiglitz: il faut impérativement nationaliser les banques, parce que comme il le dit c’est le contrôle minimal puisque  le contribuable est désormais « propriétaire » de fait. Mais le véritable problème est la nature de ce contrôle et la volonté politique qui l’anime.

Faut-il se contenter comme le fait Obama d’interdire le versement de dividendes comptueux, l’aspect le plus scandaleux mais pas nécessairement le plus important (2). Il est à noter que le président Sarkozy et son gouvernement n’en sont même pas là. Il y a la question des instances de régulation et donc de la volonté politique (au profit de qui?), il est clair que la nationalisation de Chavez de la Stanford Bank est d’un esprit bien différent (3). C’est d’ailleurs ce qui personnellement me rend sceptique sur l’affirmation d’une régulation mondiale, le FMI simple courroi de transmission de l’impérialisme étasunien et occidental a échoué. Les puissances occidentales capitalistes en tireront-elles une leçon : on peut en douter. En revanche, un autre aspect de l’analyse de Stiglitz paraît intéressant: c’est l’idée que la résistance de chaque pays émezrgent ou non dépend de la manière dont il a su se distancier du modèle nord-américain. C’est là que l’on retrouve ce que disait Chavez récemment, comment sur les conseils de Fidel, il avait retiré les capitaux vénézuéliens des banques nord-américaine. Comment ce modèle en faveur des plus pauvre si décrié par nos médias occidentaux peut être une chance. mais nous pouvons également réfléchir à la manière dont sarkozy prétend mettre en pièce notre meilleur facteur de résistance: le modèle français. (note de danielle Bleitrach)

 

Entretien avec Joseph Stiglitz

DW-WORLD:Beaucoup d’experts craignent que bien que les choses soient actuellement mauvaises, nous n’ayons pas encore vu le pire de la crise.  Partagez-vous cette vision qui estime que nous sommes dans une spirale descendants qui peut rivaliser avec la grande dépression.

Joseph Stiglitz: Nous vivons dans un monde trés différent de celui de la grande dépression. Alors nous avions une économie de manufacture. Aujourd’hui nous avons une économie de services.  Beaucoup de personnes aux États-Unis travaillent déjà à temps partiel parce qu’elles ne trouvent pas du travail à temps complet. Les gens parlent de plus en plus à propos de mesures cohérentes de chômage, et tout cela témoigne de l’existence d’un chômage de très haut niveau, autour de 15 %. Donc c’est clairement une descente sérieuse. Une autre grande différence entre maintenant et la Grande Dépression consiste en ce qu’alors nous n’avions pas de réseau de sécurité. Maintenant nous avons une assurance de chômage.

D.W: Les économistes Nouriel Roubini et Nassim Taleb, qui avaient prédit chute de l’économie globale, ont fait un appel pour la nationalisation des banques de bloquer la débâcle économique, est-ce que vous êtes d’accord ?

Le gouvernement des Etats-Unis a déversé des centaines de milles de millions de dollars avec trés peu de résultats. les citoyens nord-américains se sont convertis en propriétaires majoritaires d’un grand nombre de banques importantes. Mais ils n’ont pas le contrôle. Un système qui dissocie la propriété du contrôle c’est la recette du désastre.  L’unique réponse est la nationalisation. Ces banques, certainement, sont en faillite.

D.W: L’Institut International de Finances estime que le flux privé du capitalvers les pays dans un développement sera réduit d’environ deux tiers. Est-ce que nous allons vers  une situation dans laquelle nous pourrions voir le collapsus total de beaucoup de pays en  développement ?

Stiglitz: Je pense que beaucoup de gouvernements de nations émergentes en réalité ont un système bancaire central bien meilleur que celui des Etats-Unis. Ils ont compris les risques démesurés d’influence, la dépendance excessive dans les prêts de biens-fonds,de ce fait ils ont mené des actions beaucoup plus prudentes. Beaucoup de pays en développement ont aussi accumulé de grandes réserves et ils sont dans une meilleure situation pour faire face à cette crise qu’il y a une  décennie.
Mais d’autres devront faire face à des tempstrés difficiles, à une suspension de paiements. certains de ces pays vont subir cela pour avoir trop suivi ce qui se faisait aux Etats-unis.

D.W : doit-on prendre des mesures pour aider à ces pays en développement ?

Stiglitz : Certainement. Je pense que c’est absolument un impératif non seulement  dans l’intérêt de ces pays, non seulement à partir d’une perspective humanitaire, mais dans une perspective de stabilité globale. Il n’est pas possible d’avoir une forte économie globale, quand il y de grandes zones de turbulence économique. La banque Mondiale a lancé un appel aux pays industriellement avancés  pour que lorsqu’ils achètent à leurs  propres industries et offrent des subventions, ilsprévoient de garder une part  pour les pays en développement, lesquels ne peuvent pas concourir sur ce terrain de jeu par trop inégal.
D.W : Le président Obama a attaqué les banques pour avoir payé des milliers de millions à leurs directions alors qu’elles étaient encore sur le point du collapsus. Vous êtes d’accord avec lui  que le fait qu’un tel comportement est « honteux » et « irresponsable » ?  

Stiglitz: Bien sûr! C’est honteux et irresponsable. Mais ce n’est pas surprenant. Pendant des années, les directions des firmes nord-américainesont défendu leurs scandaleuses compensations, en disant que cela était un important facteur incitatif. Comment peuvent-ils s’allouer, des bonus de milliers de millions de dollars, quand une firme a eu des pertes des records de milliers de millions de dollars ? Des privilèges ne doivent pas leur être donnés, il faut les punir. A moins qu’il soit admis que l’on doit récompenser les gens pour leurs catastrophes.

D.W : Dans son discours dans le Forum Économique Mondial, la chancelière allemande (Ángela) Merkel a averti les Etats-Unis. à propos du protectionnisme et elle a critiqué les allocations aux fabricants nord-américains d’autos.  A-t-elle raison ? Est-ce que Vous croyez qu’il existe un danger que les Etats-Unis prennent des mesures des protectionnistes ?

Stiglitz : oui, très probablement. Nous avons toujours su que le protectionnisme adopte deux formes. Des tarifs et des subventions. Les subventions dénaturent les règles de jeu comme les tarifs. Les subventions sont beaucoup plus injustes et encore plus nuisibles, parce qu’alors que les pays développés peuvent verser des subventions, les pauvres pays ne peuvent pas se payer ce luxe. Les pays riches dénaturent les règles du jeu pour avoir versé de grandes subventions, sans intentions protectionnistes mais avec les conséquences du protectionnisme.
 
D.W : Merkel a récemment appelé à  la création d’un organisme international de supervision financière, et l’accord semble grandir là-dessus. Est-ce que vous croyez réaliste que les gouvernements et les compagnies livrent la souveraineté à une entité internationale ?

Stiglitz: L’idée de Merkel est très importante et je l’appuie vraiment. Il doit  y avoir une coordination de la politique économique globale au-delà du FMI, qui a échoué, et de la Banque mondiale. On ne peut pas dire que nous devons avoir des frontières ouvertes sans une régulation globale. Il est inconcevable que tandis que nous avançons, nous permettions qu’il existe des produits financiers  très dangereux, fabriqués dans des pays où  la régulation est inadéquate qu’ils viennent sans régulation aux États-Unis et vice-versa. Les compagnies internationales qui sont partie prenante de la mondialisation devraient être à l’avant-garde de cet appel en faveur de la régulation internationale.
 (Deutsche Welle)

(1) Joseph Stiglitz a reçu le prix Nobel d’Economie en 2001. Sous la présidence de William Clinton il a été président du Conseil des Assesseurs Economiques de 1995 à 1997. Il fut l’économiste, principal de la Banque Mondiale de 1997 à 2000 et l’auteur principal du rapport du groupe Intergouvernemental sur le changement climatique de 1995, lequel a reçu collectivement le prix Nobel de la paix. Il est actuellement professeur dans l’Université de Colombia à new york. 

(2)   Eviter la banqueroute – Obama : sauver les banques, pas les

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  • Le site de la Stanford international bank
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