Bonne année 2009 à tous et que, si faire se peut, cette année là vous soit douce et légère par danielle Bleitrach

Danieelle Bleitrach chez les chtis c'est mordant

J’avais renoncé à ce blog et puis il y a eu l’urgence d’une bataille que je ne pouvais  mener ailleurs sur les seules bases qui me paraissent saines et efficaces(1). Donc si vous voulez bien  mener une aventure collective et m’accueillir de temps en temps ce sera bien. Parce qu’il existe peu de lieux où un communiste révolutionnaire et humaniste puisse s’exprimer, tout est parfois si confus.
Le combat est, ou devrait être, celui de tous les individus de bonne volonté et qui ne supportent pas que l’on pratique ce qu’il faut bien appeler un génocide contre une population innocente et que cette opération soit de fait couverte par les plus hautes instances internationales, comme par les Etats-unis, l’Union européenne et leurs alliés arabes: je veux parler du massacre de Gaza. Tout ceci était prévisible à partir du moment où on a laissé s’installer la situation de blocus, à partir du moment où l’on a nié le droit des Palestiniens à avoir les dirigeants de leur choix, même la trêve a été une duperie pour mieux préparer l’attaque . Mon souhait le plus fort durant cette période est que nous trouvions le moyen de mener un combat pour empêcher ce crime, et j’aimerais déjà que nous puissions relayer une initiative prise en Amérique latine, accrocher aux fenêtres des foulards palestiniens. Je ne sais pas si c’est réaliste mais voilà ce que j’aimerais tout de suite.

Mais au delà de la nécessaire solidarité, je voudrais que nous avancions sur la compréhension de ce qui se passe. C’est l’objet de ce blog et c’est parce que cela me paraissait essentiel au combat que je l’ai de nouveau utilisé. Comprendre, c’est aussi savoir que l’on peut gagner, comme la Révolution cubaine qui fête aujourd’hui ses cinquante ans d’existence l’a prouvé, on peut gagner contre les forces les plus puissantes sans jamais être chauvins, sans se tromper d’adversaire, en étant justement Révolutionnaires et humanistes.

Ma première conviction c’est que Gaza n’est pas une »exception ». Même historiquement elle s’inscrit dans une durée et dans un mode d’action qui a déjà abouti au massacre nucléaire d’Hiroshima.  Depuis la deuxième guerre mondiale une stratégie a été  inventée par Hitler: celle qui consiste à étendre en priorité le champ de bataille aux civils innocents. Le soldat est protégé et les populations civiles sont pilonnées  par des bombardiers à haute altitude ou on leur inflige un blocus dont sont victimes les plus faibles, des sortes de camp de concentration où est pratiqué une volonté généocidaire, c’est que subit Cuba depuis cinquante ans, un déni de droit reconnu par toute la communauté internationale sauf les Etats-unis et Israël. Par la seule volonté des Etats-Unis et de leurs alliés, le crime est la norme alors que cela devrait relever de tribunaux jugeant de crimes contre l’humanité. Nous ne devons pas nous y habituer et exiger que ce jugement intervienne, désigner des responsables, Bush, ses acolytes et les dirigeants israëliens.

Mais il y a plus tous ces crimes s’accomplissent au nom de la dénonciation du « terrorisme », parler de terrorisme alors que les grandes puissances et au premier chef les Etats-unis considèrent ces « faits de guerre » comme « normaux » mérite que l’on définisse l’existence d’un terrorisme d’Etat, l’exercice fasciste de la puissance, et c’est bien de cela qu’il est question à Gaza, comme depuis cinquante ans à Cuba, et dans tant d’autres pays torturés et martyrisés. Alors même que tout l’argumentaire  du politico-médiatique revient à désigner les Palestiniens et d’autres peuples comme des « terroristes » face auxquels la légalité serait suspendue à cause du danger qu’ils feraient peser sur nous. Et l’on nous invite à nous identifier aux « populations » israêliennes menacées. Mais réflechissez à la logique à l’oeuvre et qui parait visé et avec quelle arme, si vous acceptez que l’on compare les tirs artisanaux avec le génocide de population, jusqu’où irez vous, souvenez-vous d’Hiroshima que rien ne justifiait sinon la peur de l’avancée des troupes de l’URSS, aujourd’hui  il est déjà question d’usage préventif du nucléaire.(2)
Que les médias et les politiques osent face à une telle dissymétrie des forces parler de riposte de la part du gouvernement israélien participe de ce mensonge permanent, c’est un autre type de bombardement pour faire taire les victimes mais aussi pour exorciser l’opinion publique de sa capacité à penser, la laisser atterrée devant l’ampleur du châtiment, confondre une fois l’exercice immonde de cette puissance avec le droit et la morale.
De tels événements suscitent l’horreur et la passion, c’est bien compréhensible mais le danger serait que l’on en perçoive que le caractère exceptionnel sans mesurer leur signification générale . Il m’a tout de suite semblé qu’il fallait bien remettre  les événements intervenus à Gaza dans le contexte qui leur donne sens et ça a été ma deuxième conviction. Et c’est ce qui est le plus difficile aujourd’hui. Nous ne sommes pas dans la riposte légitime d’un gouvernement contre des agressions qui frapperaient ses citoyens, nous sommes devant un gouvernement qui ne cesse depuis son apparition de violer la légalité internationale et de refuser au peuple palestinien son droit à un Etat souverain reconnu pourtant par les grandes puissances et par les instances internationales. Il ne s’agit pas seulement de Gaza mais de tous les droits des Palestiniens qui sont ainsi violés depuis des années. On pourrait de la même manière considérer la Cisjordanie et surtout le statut de Jérusalem. C’est cela que nous devons répéter inlassablement sans nous en laisser distraire, argumenter.

Partout et toujours une extrême-droite israélienne invente une mythologie et des fables pseudo-biblique pour nier les droits légitimes des Palestiniens. Et après avoir inventé ces droits, avoir utilisé abusivement une victimisation qui ne leur appartient pas ils parlent de la « nécessité de se protéger », ce qui serait une pure pantalonnade juridique si elle ne s’appuyait pas sur la loi du plus fort, sur l’esprit de conquête non seulement de ces dirigeants israéliens mais de leur principal allié l’impérialisme étasunien flanqués de leurs vassaux européens. C’est pourquoi toute bataille en faveur des Palestiniens doit insister sur le point de droit, partir de ce qui a été établi par les instances internationales et s’employer à chaque moment à le faire reconnaître. De ce point de vue la bataille des Cubains peut servir d’exemple. Par leur calme, leur capacité à argumenter, à créer des liens de solidarité et leur refus de céder à la loi du plus fort, ils fournissent le modèle de la bataille telle qu’elle doit être menée.

C’est pour cela que je ne me reconnais pas et je l’ai dit dans certaines batailles, dans certaines déclarations qui affaiblissent la cause palestinienne au lieu de la renforcer, je pense en particulier à tous ceux qui  entretiennent pour diverses raisons  la confusion entre juifs, sionistes et un gouvernement israëlien menant une action fasciste. A quoi sert d’aller répétant dans une surenchère que les juifs sont devenus des nazis ou comme je l’ai encore lu aujourd’hui sur aporrea que Gaza était plus vrai qu’Auschwitz, l’un se passant sous nos yeux et l’autre relevant peut-être de la fable, ou encore que les juifs utilisent la Shoa pour pérpétrer gaza. Ces excès je l’affirme n’aident en rien à la compréhension et déshonorent ceux qui les utilisent.  Je le dis d’autant plus clairement que je suis convaincue que le sionisme a été une erreur historique, le produit de siècles de judéophobie et d’esprit colonial, par lequel les Européens ont cru pouvoir faire payer leurs crimes aux Palestiniens qui n’y étaient pour rien. De surcroît, je suis de plus en plus pessimiste sur la possibilité qu’il existe en Israël un gouvernement capable d’accepter un Etat palestinien réellement indépendant et souverain. Mais je crois également que ce n’est pas à moi à choisir le destin des populations actuellement en Palestine et en Israël. Il faut simplement que j’exige avec d’autres l’application des droits et empêche le massacre et l’asphyxie et rassembler autour de ce qui se passe sans esprit polémique. Il faut dénoncer l’utilisation de tous les mythes pour nier le droit comme d’ailleurs dénoncer un Etat construit sur des bases racistes et  d’apartheid.

Dans mon pays, en occident plus généralement certains individus  se servent de ce combat pour diffuser leurs idéologies suspectes et provocatrices. Je n’ai aucune raison de me mêler à eux, et si comme l’a dit quelqu’un avec humour les temps sont parfois favorables à l’exhibition de Faurisson ou de négationnistes de tous poils, je refuse de mêler ma voix à la leur, non seulement parce que je ne renforcerai jamais le fascisme mais parce que je pense que les Palestiniens sont confrontés à un gouvernement israélien fasciste, à un gouvernement étasunien qui en fait le molosse de ses intérêts au Moyen orient et que l’on ne combat pas le fascisme en utilisant ses arguments.

Donc parce que je suis convaincue que ce qui se joue en Palestine aujourd’hui n’est pas un cas particulier lié seulement à la barbarie sioniste mais qu’avec l’extension de la crise on va s’apercevoir de l’étendu du recours aux solutions mises en oeuvre dans la bande de Gaza. Déjà on s’est habitué aux cris des suppliciés à Guantanamo. Gaza est un blocus parmi d’autres. Et l’extermination de villes entières a déjà eu lieu à Falloujah. Il faut bien comprendre vers quoi on nous guide parce que nous sommes devant la véritable définition du fascisme: il ne s’agit pas de simple barbarie gratuite mais bien de la défense d’intérêts puissants qui de plus en plus ne peuvent se maintenir que par l’assassinat et la torture. Il faut prendre Gaza pour ce qu’il est, un moment d’une attaque généralisée contre les pays dont on veut piller les ressources, contre les positions économiques et politiques des travailleurs et il faut rassembler le plus largement sur ces bases là.

La Révolution cubaine fête ses cinquante ans d’existence, elle fait par cela même la preuve que certains combats politiques basés sur la justice, la paix sont possibles, qu’ils peuvent être victorieux en empruntant d’autres voies, être fermes sans haine ni chauvinisme et ce malgré que la principale puissance du monde soit attachée à la perte des révolutionnaires. Merci Cuba d’être là, d’être ce qui aujourd’hui dans la monde se rapproche le plus d’une société humaine juste, solidaire, internationaliste, inspirée par un pragmatisme intelligent et par des principes, des valeurs sur lesquelles il n’est jamais dérogé. Merci Cuba d’être resté debout au prix de tant de souffrance et toujours en vous oubliant pour aller aider le reste de l’humanité.

Alors comme les Cubains, je nous souhaite à tous beaucoup de combats, beaucoup de luttes et quelques victoires ça remonte tout de même le moral.

Danielle Bleitrach
(1) J’ai découvert avec stupéfaction sur le site grand soir un article où j’étais interpellée et jusqu’à ce jour ma réponse a été censurée ce dont je me moque parfaitement vu que ceux que par hasard intéresse ma position la trouveront ici.

(2) j’ai lu recemment un dialogue entre habermas et derrida sur les événements du 11 septembre, ces deux philosophes disaient une chose tout à fait essentielle sur la question, ils en oubliaient une c’est que « l’événement » concernait les Etats-Unis et qu’il y avait eu bien des actes aussi massivement meurtriers contre leurs ennemis, j’ai pensé par exemple à l’opération juste cause au Panama. L’un n’excuse pas l’autre mais ce que l’on peut souligner c’est l’exemplarité de l’un et le silence autour de l’autre.

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