ean-Luc Mélenchon : JE NE SUIS PAS D’ACCORD AVEC LE BOYCOTT DES JEUX DE PEKIN ET LA PROPAGANDE ANTI CHINOISE

Action internationale, Blog J

Je ne suis pas communiste chinois. Je ne le serai jamais. Mais je ne suis pas d’accord avec les manifestations en faveur du boycott des jeux olympiques. Je ne suis pas d’accord avec l’opération de Robert Menard contre les jeux olympique de Pékin. Je ne suis pas d’accord avec la réécriture de l’histoire de la Chine à laquelle toute cette opération donne lieu. Je ne partage pas du tout l’enthousiasme béat pour le Dalaï lama ni pour le régime qu’il incarne. Pour moi, le boycott des jeux est une agression injustifiée et insultante contre le peuple chinois. Si l’on voulait mettre en cause le régime de Pékin il fallait le faire au moment du choix de Pékin pour les jeux. Il ne fallait  pas permettre à la Chine d’être candidate. Il fallait le dire en Chine. Ce qui se fait est une insulte gratuite et injustifiée contre les millions de chinois qui ont voulus et préparent activement les jeux. Pour moi il flotte un relent nauséabond de racisme sur cette marmite !


UN PRETEXTE
Si un boycott devait être organisé, dans une logique agressive conséquente, ce n’est pas celui du sport qui est un moment d’ouverture et de fraternisation. Pourquoi pas plutôt celui des affaires et de la finance?  Naturellement aucun des activistes mondains actuels ne le propose ni n’entreprend quoique ce soit dans ce sens. Si l’on devait vraiment se facher avec le gouvernement chinois,  pourquoi le minimum de ce qui se fait dans les relations normales entre les nations ne se fait-il pas à cette occasion? Le président de la République chinoise (combien de protestataires se soucient de savoir comment il s’appelle ?) a-t-il été approché ? Lui a –ton demandé quelque chose ? Quoi ? Qu’a-t-il répondu ? Le premier ministre (combien se sont préoccupés de connaitre son nom ?) a-t-il été interpellé ? L’ambassadeur de Chine en France a-t-il été reçu et a-t-on eu un échange avec lui ? Qui s’en soucie ? Avec une morgue ressemblant a du racisme, on proteste contre un gouvernement dont on ne cite pas le nom des dirigeants, et dont on fait comme s’il n’existait pas? Pourquoi sinon parce qu’on pense par devers soi qu’il n’en est pas vraiment un. La superbe occidentale nie jusqu’au nom des gouvernant qui dirigent un peuple de un milliard quatre cent millions de personnes que l’on croit assez veules pour être maitriser par une simple police politique! D’une façon générale je ressens, en voyant tout cela, l’écho du mépris des colons qui ont imposé en leur temps les armes à la main l’obligation pour les chinois de faire le commerce de l’opium ! Si la volonté est d’affronter le régime politique de Pékin, aucun des moyens employés n’est de nature à modifier quoique ce soit d’autre que l’opinion occidentale déjà totalement formatée sur le sujet.
  Donc les évènements du Tibet sont un prétexte. Un prétexte entièrement construit à l’usage d’un public conditionné par la répétition d’images qui visent à créé de l’évidence davantage que de la réflexion. Exemple : seule l’enquête « d’arrêt sur image » rapporte que les « évènements du Tibet » ont commencé par un pogrom de commerçants chinois par des « tibétains ». Dans quel pays au monde de tels évènements restent-ils sans suite répressive ? La vie d’un commerçant chinois a-t-elle moins de valeur que celle du manifestant « tibétain » qui l’assassine à coups de bâton dans la rue ? Bien de l’amitié pour les tibétains n’est qu’une variante nauséabonde du racisme contre les chinois. Elle se nourrit de tous les fantasmes que l’ignorance favorise. Que la répression ait été lourde est peut-être avéré. Comment l’apprécier ? Les seuls chiffres rabachés sont ceux du « gouvernement tibétain en exil ». Pourtant le gouvernement chinois, si j’ai bien entendu, annonce lui-même un nombre de blessés et de morts qui permet de comprendre qu’il y a eu une situation grave et sérieuse que les autorités admettent. Dans n’importe quelles circonstances ont essaierait de comparer les informations. On essaierait de comprendre l’enchainement des faits. Sinon autant dire que le gouvernement français de l’époque a ordonné de pousser deux jeunes dans un transformateur électrique à Clichy Sous Bois au motif qu’il avait alors une politique de main dure face aux banlieues. Personne n’oserait avancer une bêtise aussi infâme. Dans les émeutes urbaines américaines la répression a aussi la main lourde. Tout cela n’excuse rien. Mais cela permet de mettre des évènements en relation de comparaison.
 
UN PERSONNAGE SUSPECT
J’exprime les plus nettes réserve à propos de l’action politique de monsieur Robert Ménard, proncipal organisateur des manifestations anti chinoises. A présent, à propos du Tibet et des jeux olympiques, on ne voit que Robert Ménard. Il parle, parait il, au nom de « Reporters sans frontière ». Cette association est réduite à la personne de Robert Ménard. Bien des anciens membres du conseil d’administration pourraient en dire long au sujet des conceptions démocratiques de monsieur Ménard dans sa propre association. Quand je me suis trouvé sur le plateau de radio à France Culture où l’on m’interrogeait sur le sujet du Tibet et des jeux Olympiques, messieurs Marc Kravetz et Alexandre Adler sont restés silencieux quand j’en suis venu au rôle de monsieur Menard.  Ils ne peuvent être soupçonnés de chercher à me complaire… Hors micro, les deux, exprimaient des réserves marquées sur les méthodes du personnage de Robert Ménard. Maxime Vivas a établi une analyse documentée extrêmement inquiétante sur ce personnage et ses sources de financements. Quoiqu’il en soit, il semble qu’il remplace aussi dorénavant les syndicats de journalistes, l’association internationale des droits de l’homme, Amnesty et ainsi de suite. Parfois même il remplace le Dalaï lama. Robert Menard milite pour le boycott des jeux et ce que ne fait pas le Dalaï lama. Celui-ci dit au contraire que le peuple chinois mérite les jeux. Robert Ménard est un   défenseur des droits de l’homme à géométrie variable. A-t-il mené une seule action, même ultra symbolique, quand les Etats unis d’Amérique ont légalisé la torture ? A-t-il mené une seule action pour que les détenus de Guantanamo soient assistés d’avocat ? Robert Menard a un comportement qui soulève des questions sérieuses au sujet des motivations de son action. 
LE REGIME THEOCRATIQUE EST INDEFENDABLE
 A propos du Tibet. Le Tibet est chinois depuis le quatorzième siècle. Lhassa était sous autorité chinoise puis mandchoue avant que Besançon ou Dôle soient sous l’autorité des rois de France. Parler « d’invasion » en 1959 pour qualifier un évènement à l’intérieur de la révolution chinoise est aberrant. Dit-on que la France a « envahi » la Vendée quand les armées de notre République y sont entrées contre les insurgés royalistes du cru ? Le Dalaï Lama et les autres seigneurs tibétains ont accepté tout ce que la Chine communiste leur proposait et offrait, comme par exemple le poste de vice président de l’assemblée populaire que « sa sainteté » a occupé sans rechigner. Cela jusqu’au jour de 1956 où le régime communiste a décidé d’abolir le servage au Tibet et régions limitrophes. Dans une négation des traditions, que j’approuve entièrement, les communistes ont abrogé les codes qui classaient la population en trois catégories et neuf classes dont le prix de la vie était précisé, codes qui donnaient aux propriétaires de serfs et d’esclaves le  droit de vie, de mort et de tortures sur eux.  On n’évoque pas le satut des femmes sous ce régime là. Mais il est possible de se renseigner si l’on a le coeur bien accroché. L’autorité communiste a mis fin aux luttes violentes entre chefs locaux du prétendue paradis de la non violence ainsi qu’aux divers châtiments sanglants que les moines infligeaient à ceux qui contrevenaient aux règles religieuses dont ils étaient les gardiens. La version tibétaine de la Charria a pris fin avec les communistes. La révolte de 1959 fut préparée, armée, entretenue et financée par les USA dans le cadre de la guerre froide. Voila ce qu’il en est des traditions charmantes du régime du Dalaï Lama avant les communistes et de l’horrible « invasion » qui y a mis fin.  Depuis la scolarisation des enfants du Tibet concerne 81% d’entre eux là où il n’y en avait que 2% au temps bénis des traditions. Et l’espérance de vie dans l’enfer chinois contemporain prolonge la vie des esclaves de cette vallée de larmes de 35, 5 à 67 ans. En foi de quoi l’anéantissement des tibétain se manifeste par le doublement de la population tibétaine depuis 1959 faisant passer celle-ci de un million à deux millions et demi. Pour tout cela, la situation mérite mieux, davantage de circonspection, plus de respect pour les chinois que les clichés ridicules que colportent des gens qui ne voudraient ni pour eux, ni pour leur compagne ni pour leurs enfants d’un régime aussi lamentable que celui du roi des moines bouddhistes du Tibet. A l’heure actuelle je n’éprouve aucune sympathie pour « le gouvernement en exil du Tibet » dont sa sainteté est le décideur ultime sur pratiquement toutes les questions, où siège un nombre de membres de sa famille qu’il est tout à fait inhabituel de trouver dans un gouvernement, même en exil, sans parler de leur présence aux postes clefs de la finance et des affaires de cet exil. Je respecte le droit de sa sainteté de croire ce qu’elle veut et à ses partisans de même. Mais je m’accorde le droit d’être en désaccord total avec l’idée de leur régime théocratique. Je suis également hostile à l’embrigadement d’enfants dans les monastères. Je suis opposé à l’existence du servage. Je suis laïque partout et pour tous et donc totalement opposé à l’autorité politique des religieux, même de ceux que l’album « Tintin au Tibet » a rendu attendrissants et qui ne l’ont pourtant jamais été. Je désapprouve aussi les prises de position du « roi des moines » contre l’avortement et les homosexuels. Même non violentes et entourées de sourires assez séducteurs, ses déclarations sur ces deux sujets sont à mes yeux aussi archaïques que son projet politique théocratique.  Je n’ai jamais soutenu l’Ayatollah Khomeiny, même quand j’étais contre le Shah d’Iran. Je ne soutiens pas davantage ni n’encourage le Dalaï Lama, ni dans sa religion qui ne me concerne pas, ni dans ses prétentions politiques que je désapprouve ni dans ses tentatives cecessionistes que je condamne.  Je demande: pourquoi  pour exercer sa religion et la diriger le Dalaï Lama aurait-il besoin d’un Etat ? Un Etat qui pour être constitué demanderait d’amputer la Chine du quart de sa surface! Son magistère moral et religieux actuel souffre-t-il de n’être assis sur aucune royauté ?
FAUTEUR DE GUERRE
En ce qui concerne le droit international et la géopolitique, le dossier du Tibet tel que présenté par ses partisans est un facteur de violences, de guerres et de déstabilisation aussi considérable que celui des Balkans. Quel genre de Tibet est défendu ? Le « grand Tibet » incluant des régions comme le Yunnan et le Sichuan, sur les territoires des anciens seigneurs de la terre où sont organisés des troubles en même temps qu’à Lhassa ? Bien sur, aucun de ceux qui s’agitent en ce moment ne se préoccupe de savoir de quoi il retourne à ce propos. Rien n’indique mieux le paternalisme néo colonial ni le racisme sous jacent à l’enthousiasme pro tibétain que l’indifférence à ces questions qui mettent en cause la vie de millions de personnes et des siècles d’histoire et de culture chinoise. 
J’ai lu que les athlètes français porteraient un maillot avec une déclaration un peu passe partout qui est présentée comme une protestation politique . Je sais très bien que l’inscription « pour un monde meilleur » ne mange pas plus de pain là bas qu’ici. Mais elle sera certainement vécue par les chinois du commun comme un acte injurieux si son motif pro dalai lama est connu. Peut-être est-il cependant aussi un peu hors limite des règles du sport international. Souvenons nous que la ligue européenne de natation a exclu des championnats d’europe de natation le nageur serbe Milorad Cavic parce qu’il portait lors des remises de médailles un teeshirt sur lequel était écrit: « le Kosovo est serbe ». Cela fera-t-il jurisprudence? Les champions français qui porteront un slogan annoncé comme politique seront-ils interdits de jeux?  Bien sur que non! Puisque le but c’est justement que le Tibet soit au chinois ce que le Kosovo a été aux serbes.  Mais comme cela n’a rien de comparable, à part la volonté de dépeçage de l’ennemi et la mise en scène médiatique,  il est fort probable que cela finisse à la confusion des agresseurs. Je le souhaite. Je suis un ami de la Chine. Et je sais que l’intéret de mon pays et ses valeurs ne sont pas du côté où l’on voudrait les entrainer.

 

8 commentaires

  1. Bravo Jean Luc bravo

    D’un autre côté je me dis que cette haine des chiois et ce racisme nauséabond anti-chinois va renforcer la lutte contre les usa et leurs caniches. Les chinois se sentant maintenant dans la même marmite que les musulmans vont probablement adopter une autre stratégie et j’espère que la Russie les rejoindra.

    L’impérialisme creuse sa propre tombe, sa chute est imminente

  2. Je ne suis pas sûr que l’on puisse parler de racisme nauséabond anti-chinois. J’ai beaucoup regardé ce qui se dit par-ci par-là sur internet. En fait je vois surtout à l’oeuvre la délétère et pernicieuse équation communisme=totalitarisme=nazisme=shoah et ses innombrables variantes.
    La Chine est une dictature communiste, sanguinaire cela va de soi, voilà le postulat que je lis le plus souvent.
    Du coup, le dalaï lama, l’incarnation de la non violence, agit pacifiquement non seulement dans l’intérêt du peuple tibétain sauvagement martyrisé, mais encore dans celui du peuple chinois lui-même soumis à la plus abominable dictature (Mao=PolPot=Staline=Hitler).
    Et enfin dans notre intérêt à nous puisqu’il nous offre une chance unique de faire la preuve de nos bons sentiments…

    Bref, les pires clichés, la pire propagande, qui ne tiennent aucun compte ni des réalités historiques, ni de la situation actuelle de la Chine, ni même de la réalité du dalaï lama (qui a par exemple cru bon de dire à GW Bush qu’il appartenait à sa famille, alors que rien ne l’obligeait à une telle manifestation de sympathie et encore moins la justifie).
    Là, je rejoins votre analyse et ses conclusions (y compris le soutien au JO de Beijing, même si je ne partage en rien votre enthousiasme pour le sport, mais c’est une autre histoire).

  3. ELLE NE MANQUE PAS D’AIR

    Rice envisage la création d’un consulat américain au Tibet
    09/04/2008-[17:44] – AFP
    WASHINGTON, 9 avr 2008 (AFP) – La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a indiqué mercredi envisager de créer un consulat américain au Tibet pour pouvoir suivre plus directement les événements dans cette région, récent théâtre d’émeutes brutalement réprimées par le régime chinois.

    « Nous examinons la possibilité d’ouvrir un consulat au Tibet », a déclaré la chef de la diplomatie américaine devant le Congrès. Les Etats-Unis ont activement plaidé auprès des dirigeants chinois pour l’ouverture d’un dialogue avec les forces modérées au Tibet comme le dalaï lama, a rappelé Mme Rice. « Nous avons demandé un accès consulaire pour nos diplomates au Tibet », a-t-elle ajouté. « Nous avons obtenu un accès limité mais franchement, ce n’était pas suffisant ». Washington avait demandé aux dirigeants chinois d’autoriser ses diplomates à se rendre au Tibet, mais Pékin n’a invité qu’un diplomate américain à accompagner une délégation officielle chinoise se rendant à Lhassa. La question d’un consulat à Lhassa est donc « sur une liste interne » des mesures à envisager, a-t-elle conclu. Les Etats-Unis ont maintenu une position très prudente sur les événements au Tibet depuis les émeutes et manifestations de Tibétains qui ont débuté le 10 mars, appelant le régime chinois à ouvrir le dialogue avec le dalaï lama mais distinguant clairement entre les droits des Tibétains et les jeux Olympiques. Mardi, la Maison Blanche n’a cependant pas écarté la possibilité que le président George W. Bush n’assiste pas à la cérémonie d’ouverture des Jeux, en faisant valoir ne jamais avoir dit qu’il avait l’intention d’y participer.

  4. Et pourquoi pas une petite base militaire ?
    J’ai de plus en plus l’impression que ces américains et leurs épigones, il leur manque vraiment une case !

  5. Enfin je tombe sur des cerveaux qui ne sont pas infectés ! J’ai vraiment l’impression de vivre au milieu de zombis avec tout ce que je lis et entend en ce moment sur la Chine. Je me doutais que ça arriverait après le problème iranien mais la propagande avait commencé depuis très longtemps. Je pense que la propagande anti-chinoise a fonctionné : trop de gens y croient, les chinois ont réagit trop tard. Une campagne est aussi en route pour le yemen.

  6. http://www.jean-luc-melenchon.fr

    Ma note précédente, concernant les Jeux Olympiquesle Tibet et la Chine, aura été un évènement pour moi, compte tenu du nombre des réactions qu’elle a provoquées. Ce n’est sûrement pas la note la mieux écrite depuis que je tiens ce blog. J’ai rédigé un peu vite et la forme s’en ressent. Pas le fond, heureusement. Il est sans ambigüité. Bien sur, je persiste et signe. Depuis, l’onde de choc des dégâts provoqués par les manifestations anti-chinoises à Paris se propage. Petit à petit nombreux sont ceux qui réalisent qu’ils ont été manipulés. Dans cette note aujourd’hui je commence par parler de mon texte précédent et des réactions qu’il m’a permis de connaître. Puis je reviens sur les faits en cause. Et j’ajoute un mot plus général à propos de la Chine.

    Ma surprise.

    Mon texte a suscité 2440 commentaires en ligne à l’heure à laquelle je rédige ces mots. En même temps je recevais 1500 mails sur ma boite aux lettres du sénat. Ce sont des chiffres considérables pour moi. D’ailleurs, je ne crois pas qu’une intervention politique en France en déclenche souvent autant hors contexte éléctoral. Avec cela les vidéos de chacune de mes interventions sur le sujet ont été regardées plusieurs centaines de fois et celle de mon passage à la matinale de France 2, sous-titrée en chinois je ne sais par qui, produit un buzz de première grandeur. En soi c’est un sujet de réflexion sur la puissance d’un blog en tant que média singulier. D’autre part le contenu de ces réactions m’a beaucoup étonné. Disons d’abord que je m’attendais à être totalement isolé et incompris. Ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. Dès les premières heures après l’édition de ma note, puis surtout après mon passage à Europe 1 en face de Jean-Pierre El kabbach qui le premier m’a donné la parole, et ensuite à la télé, les témoignages d’approbations dans la rue et par courriers ont été très nombreux. Je crois que beaucoup de Français sont devenus très méfiants à l’égard des déferlantes médiatiques. Les guerres du golfe, Timisoara, et le référendum français sur la Constitution européenne sont passés par là créant une salutaire méfiance à l’égard du pouvoir d’injonction médiatique. Ensuite je m’attendais à bien des simplifications, transpositions, bétifications de mon point de vue. Elles n’ont pas manqué dans le petit cercle des milieux politiques. J’ai été au contraire impressionné par le fait que ceux qui ont décidé de me donner la parole ont respecté mon avis et traité ma singularité avec sérieux alors que continuait tout autour le déluge irresponsable en faveur du Tibet des moines. El kabbach, Françoise Laborde, Laurent Ruquier, et Paul Amar m’ont accueilli sur des émissions de grandes écoutes. Parfois le contact fut rude. Mais ce n’était pour m’offrir en pâture. Selon moi cela n’empéchera pas la pente venimeuse d’être très fréquentée. Au niveau inférieur de la profession on continue à gagner ses galons à la force de l’aboiement. Je vous en livre un exemple, certes très secondaire, le sourire aux lèvres. Il s’agit de ce pauvre Sylvain Attal, journaliste-répondeur-automatique-libéral de chez libéral qui, selon ses termes emplis de modestie « se lance dans l’aventure du blog en espérant qu’elle contribuera à régénérer le journalisme français, » rien de moins. On appréciera sa contribution personnelle à cette vaste entreprise en lisant cette ligne de commentaire qu’il fait sur les élections italiennes : « Reste que l’idéologie socialiste, la tendance pro-chinoise à la Mélenchon, jadis très forte en Italie a été complètement laminée lors de ces législatives ». C’est fin, non ? Du moins apprenons-nous de cette façon quel genre de régérescence propose Sylvain Attal.

    UN OUTIL HORS DU COMMUN

    Un mot sur le blog en général. Je milite depuis assez longtemps, j’ai utilisé tant de vecteurs d’expression, que je peux mesurer l’apport de ce nouvel outil. Quelle merveille ! Il produit une capacité de propagation, et de mise en lien des protagonistes d’une discussion, sans précédent et sans équivalent. Il ne faut pas voir que le seul impact d’une pierre lancée à point nommée par ce moyen. L’interactivité entre l’auteur et ses commentateurs, et les uns avec les autres, est un fait essentiel. Ainsi quand j’ examine la liasse imprimée des mails et des commentaires, j’absorbe une grande richesse de points de vue et d’informations. Bien sur il y a aussi des injures et des louanges sans arguments. Mais elles rendent comptent d’un état de réactivité et elles sont donc intéressantes de ce fait même dans leur forme comme dans leur angle d’accroche. Un grand nombre de commentaires exposent une analyse. C’est cela le plus précieux. Bon nombre d’entre elles m’ont permis de corriger ou d’adapter mes arguments à l’occasion des passages audiovisuels. Je ne pense pas seulement aux informations qu’ils m’ont apportées. J’ai en vue le moyen qu’ils m’ont donné de corriger les erreurs que j’ai pu commettre ou les malentendus que mon expression a pu soulever. Par exemple j’ai noté que le fait d’avoir évoqué le racisme anti-chinois, qui fait toile de fond de nombre des attitudes pro-tibétaines, bloquait toute reflexion pour des gens qui se sentaient personnellement visés. Ma façon de dire provoquait une confusion entre l’arrière plan d’une opération de propagande et le point de vue des personnes qui se sont engagées de bonne foi dans ce qu’elles croient être un combat pour la liberté. J’ai donc eu, à partir de là, une plus grande pédagogie dans le maniement de ma remarque.

    LE DEVOIR DE MISE A DISTANCE

    Le but d’une discussion comme celle que je veux déclencher dans ce type de circonstances n’est pas de stigmatiser ceux qui contredisent mon point de vue. Mon objectif est d’ouvrir une fenêtre dans le mur des certitudes et de placer la discussion sur le terrain de l’argumentation. C’est le chemin le plus sûr vers la raison. Dans la confrontation d’arguments rationnels on peut se convaincre sans déchoir. On peut en rester à son appréciation, mais alors c’est en connaissance de cause. La discussion, la contradiction rend fort. Notre ennemi, à l’âge des déferlantes médiatiques, c’est l’aveuglement. La conscience aveuglée, maladie civique de notre temps. Une conscience aveuglée est une conscience qui se met en action rationnelle au nom de faits non avérés ou tronqués. Mais au fond est-ce si nouveau ? Je me souviens de cet encyclopédiste qui disait au dix huitième siècle « il n’y a pas effort plus vain que de débattre des effets d’une cause qui n’existe pas » Le premier soin d’une conscience d’honnête homme dans le siècle de la saturation médiatique doit être de se mettre, par principe, à distance de l’information qui lui parvient. Parfois on est ramené à cette règle de prudence par des indices qui ouvrent un doute, même restreint. Ces indices fonctionnent comme des mises en garde. Il y a alors alerte. Ici mes alertes étaient de trois niveaux. Evidemment il y avait ce que je sais de l’histoire de la Chine, ce que je sais du Dalaï Lama qui ne collait pas avec la répétition en boucle de ce que j’entendais. Mais pour être franc, le déclencheur qui m’assurait du bien fondé de ma méfiance à l’ égard de cette campagne, c’est ce que je sais des héros médiatiques essentiels de la manipulation antichinoise à Paris, Robert Menard de « Reporter sans frontières », Lionel Lucca, député UMP, président du groupe France-Tibet à l’assemblée nationale. L’un et l’autre rendent suspectes, par a priori, les causes qu’ils mettent en avant puisqu’ils le font au nom d’exigences qu’eux-mêmes ne respectent pas.

    Deux héros disqualifiants

    Le premier, Robert Menard, est connu de tous ceux qui s’intéressent à l’Amérique latine. Menard y est un porte parole univoque mais maladroit et cafouilleur des campagnes du gouvernement des USA. Pour le reste sa défense des journalistes dans le monde est exclusivement centrée sur les pays qui déplaisent à ce gouvernement. Aux USA même, la seule journaliste qu’il ait jamais défendue est celle qui a été en prison pour avoir révélé le nom d’un agent de la CIA qui protestait contre les mensonges sur la présence d’armes de destruction massive en Irak. La suite a établi qu’elle l’avait fait sur ordre du président Bush et de son bras droit en la matière le sieur Dick Cheney. Cette manipulatrice avait été auparavant virée du « New York Time » précisément pour avoir inondé ce journal d’infos mensongères sur les armes de destructions massives. Si je cite brièvement cet épisode, parmi tant d’autres très accablants, c’est parce qu’il signale bien le degré de proximité de Robert Ménard avec la fine pointe des avatars de la politique des néo conservateurs américains et de l’équipe Bush. Robert Menard ne mène donc pas une campagne comme celle qu’il mène contre la Chine hors du cadre politique correspondant aux objectifs de ses amis politiques américains, c’est impossible. Ni ses sources de financements, ni l’agence américaine qui réalise « gratuitement » toutes ses campagnes ne le supporteraient. Ceux qui veulent découvrir qui est ce héros très spécial et sa relation non moins spéciale à la liberté de la presse liront avec consternation le livre très documenté de Maxime Vivas « La Face cachée de reporters sans frontières » aux éditions Aden.

    Le second, Lionel Lucca, député UMP des Alpes maritimes est d’une totale sincérité dans son anti communisme de principe. Moyennant quoi, qui boit la mer avec lui doit aussi avaler les poissons. Bon appétit aux amateurs ! Lionel Lucca est l’auteur d’une proposition de loi visant à rétablir la peine de mort en France. Il est aussi signataire du célèbre amendement établissant le caractère positif de la colonisation française. Il est enfin l’auteur en 2007 d’une proposition de loi visant à « reconnaître le génocide Vendéen ». Je pense que je peux faire l’économie de la démonstration sur le lien qui doit être établi entre ces initiatives législatives d’inspiration d’extrême droite et la vindicte anti chinoise du personnage.

    A propos de la Chine

    J’admets que mon intérêt et mon amitié pour ce pays me fait voir souvent ce qu’il fait avec plus de faveur qu’un examen plus froid l’exigerait peut-être. Dire que l’on a de l’amitié pour un pays cela signifie quelque chose d’autre qui dépasse le moment politique. J’aime la Chine pour son histoire, son esthétique, ses cultures, ses paysages, ses continuités et ses ruptures. Pour autant que j’en connaisse de tout cela par mes lectures d’une grosse centaine de romans et de quelques autres livres assez divers. Soit. D’aucuns en déduisent que j’agis de cette façon parce que je suis un homme de gauche et que le gouvernement chinois aurait donc ma faveur automatiquement. Ceux-là ne font pas preuve d’un grand discernement politique. Confondre un socialiste républicain français avec un communiste chinois n’est pas très subtil sauf s’il s’agit de nuire à la réputation politique de l’un ou de l’autre dans son milieu. Par-dessus tout il faudrait aussi se demander si toutes ces étiquettes politiques correspondent bien au produit d’origine que la propagande veut disqualifier. L’évolution politique du Parti communiste chinois n’est un secret pour personne. Doit-on continuer à le traiter comme si sa doctrine était celle des années cinquante ? Cela se fait beaucoup pourtant. Mais je ne pense pas que qui que ce soit y croit sérieusement. Pourquoi avoir un double langage permanent à ce sujet ? Au Congrès de l’internationale socialiste de Sao Paolo, le Parti communiste Chinois était présent en tant qu’invité. Personne n’a trouvé à redire à cette invitation. J’étais membre de la délégation socialiste française, dirigée par Pierre Moscovici, qui rencontra la puissante délégation des invités communistes chinois. Personne n’évoqua l’idée de boycotter cette rencontre. Elle fut aussi normale et détendue que n’importe quelle autre rencontre. Quand le président Sarkozy est allé en Chine il y a quelques mois a-t-il une seule fois soulevé le problème du Tibet au nom duquel à présent il « n’exclut rien », y compris de boycotter la cérémonie d’ouverture ? Non, bien sur. Heureusement. Les gesticulations d’aujourd’hui sont de pures hypocrisies. Mais en agissant de cette façon irresponsable on exprime une incompréhension de ce qu’est la Chine actuelle réelle et un grand mépris pour la sensibilité culturelle de son peuple. Ceux qui croient qu’un gouvernement tient et dirige un pays de plus d’un milliard d’habitants par des mesures de police se trompent absolument et ne comprennent rien à ce qui se passe. L’ancrage nationaliste de la politique gouvernementale rencontre un écho dans la masse du peuple chinois. La peur du chaos politique est un argument central de la culture politique des chinois pour la raison de bon sens que tout le monde peut comprendre s’il réfléchit rationnellement aux problèmes d’un tel pays si vaste, si peuplé et tant de fois affreusement martyrisé par le démembrement politique. Dans ce contexte, seule la prétention sans borne des dirigeants occidentaux peut leur faire croire que nos pays seraient une référence rassurante pour les chinois. Le souvenir mortifiant des humiliations imposées dans le passé par l’occident à la Chine, le spectacle de l’acharnement contre la Russie vingt ans après la chute du mur, la volonté brutale de mettre en place l’OTAN tout autour d’elle pays par pays limitrophe, les coups de boutoirs partout contre l’unité des Etats qui sont dans la cible des Etats-Unis, comme l’a montré l’exemple du Kosovo, tout cela permet à n’importe quel chinois qui aime son pays de comprendre quel est le sens réel dangereux de l’affection que les tireurs de ficelles occidentaux portent à intervalle utile au Tibet ou aux droits de l’homme. Les Chinois du commun ont toutes les raisons de se méfier. Ils ont raison de le faire. Dans cet épisode lamentable à Paris, notre pays a reçu un très rude coup dans l’esprit des Chinois. Je dis bien les Chinois. C’est à dire les gens du peuple, les intellectuels, les dirigeants de tous niveaux. C’est à nous, Français, qu’on en veut, davantage qu’aux autres, d’avoir permis l’humiliant traquenard contre le passage de la flamme olympique à Paris. Les Chinois savent qu’en France, si bavarde sur la liberté de la presse, ont été censurées les images ou l’on voyait un agresseur atteindre la jeune sportive handicapée et son accompagnateur aveugle. Peu importe que l’agresseur ai été un anglais comme un certain nombre des manifestants les plus agressifs venus avec ces centaines de drapeaux tibétains pourtant introuvables dans le commerce. C’est à nous qu’on en veut car c’est de nous qu’on attend le plus en Chine. C’est de nous dont on attend la meilleure compréhension parce que dans la culture et la connaissance des Chinois nous sommes toujours le peuple de la grande révolution de 1789 et celui de la reconnaissance par le général de Gaulle de la Chine populaire en 1964. Pour eux nous sommes ceux qui ont refusé la deuxième guerre du golfe et ainsi de suite. Donc ils nous pensent comme un peuple qui leur ressemble par son exigence d’indépendance et par conséquent son autonomie par rapport aux campagnes hostiles des anglo-saxons. Dès lors ils s’estiment trompés par les déclarations amitieuses du président Sarkozy en Chine auxquelles ont fait suite ses misérables menaces de boycott à Paris. Vu sous cet angle de terrain, l’attitude des dirigeants français et des énergumènes rameutés pour le Tibet des moines est un tissu de bêtises désastreuses pour la France. Et nous n’en sortirons pas tant que nos dirigeants continueront à courir derrière des marionnettes à gages comme Robert Menard et des officines comme Reporters sans Frontières.

  7. ON a compris , donc maintenant, j’attends une position nette ; doit-on être présent et en admiration devant la magnifique organisation des JO ? applaudir ,comme si rien ne se passait en CHINE, histoire de se faire pardonner ces dernières semaines .

    Il était super bien de nous ouvrir les yeux , les coups de gueule sont estimables et j’adhère , mais tu y vas aux JO ???

    Sans toi, toute la FRANCE était pro TIBET! QUELLE RESPONSABILITÉ !

    IL faut aller plus loin et on attend que tu assumes la suite de ton programme;

    bien cordialement

  8. Une solution: la remise en cause du principe même des jeux olympiques, « plus haut, plus vite, plus fort », repaire de drogués et de professionnels du sport dont les amateurs de carquefoux nous on montré il y a peu que l’argentet les finance étaient inutiles au sport!
    Interdiction de tous les jeux de cette nature !
    Les peuples doivent coopérer, pas s’affronter.


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