Tout cela est bel et bon mais qu’est-ce qu’on fait ?

Dans le fond chacun à leur manière Dimitri et Stelios posent la même question. L’un à propos du texte de Broda, l’autre à propos de celui d’Alain Bihr. Chacun sent bien que cela ne peut pas durer ainsi, il y a de la colère, beaucoup de solitude et d’impuissance. Il faut bien voir que chaque échéance électorale aujourd’hui est faite pour nous convaincre qu’il n’y a rien à faire, de nous épuiser en actes qui ne débouchent sur rien… les municipales et singulièrement dans ma ville Marseille portent au sommet ce mépris de nos espérances.

L’exemple marseillais

Hier soir ven dredi 18 janvier, je suis allée à une réunion dans laquelle un certain nombre de communistes s’interrogeaient  sur le que faire dans la mélasse marseillaise. Comme d’habitude dans cette ville sont exagérés les traits d’une élection municipale qui se déroule souvent avec des travers semblables mais plus atténués dans le reste du pays. Certains y verront le tempérament méridional, il est plus vraisemblable d’y voir une ville où l’affrontement de classe est plus exaspéré que partout ailleurs, une ville où la combativité ouvrière est forte mais où le niveau politique est faible, ce qui est historiquement lié au faible niveau de qualification d’une main d’œuvre immigrée que le patronat peut rejeter comme cela lui sied, la flexibilité exigée par le patronat ne date pas d’aujourd’hui. Dans une telle situation le patronat peut mieux diviser et le niveau politique reflète ces divisions, ces querelles de clans… Dans cette ville pourtant les luttes, le syndicalisme révolutionnaire, ont réussi dans certains secteurs à imposer le respect, à obtenir une stabilité relative. Mais c’est peu dire que depuis plus de vingt ans, ces acquis séculaires ont été démantelés. Il faudrait analyser des tas de phénomènes y compris la mise en pièce des solidarités générationnelles, la privatisation s’est souvent accompagnée de la coexistence de jeunes précarisés et d’anciens travailleurs au statuts momentanément préservé. Résultat les forces vives, la jeunesse, les plus prolétarisés sont désormais en rupture avec les organisations dans leur grande majorité. Il y a un personnage qui a perçu cela c’est Charles Hoareau qui à partir de la CGT a continué à mener le combat dans ces couches précarisées et a réussi ce que personne d’autres n’avait réellement tenté. Il ne s’est pas contenté d’organiser les chômeurs, les précaires, mais il est allé travailler des questions essentielles comme celle du logement, et il avait établi après des années de lutte un programme pour Marseille, ce que devraient faire des élus communistes.

Disons tout de suite que la démarche me paraissait bonne et il est dommage que la mélasse politicienne marseillaise empêche de la pousser jusqu’au bout. Première idée qui me vient : tant qu’on acceptera si peu que ce soit de participer à cette mélasse on empêchera une solution d’émerger. Comme je l’ai expliqué je ne considère pas ma volonté de m’abstenir aux élections municipales comme une fin en soi, mais plutôt une étape, celle du refus de cautionner les illusions et les manipulations.

Le jeu des deux familles

Pour ceux qui ne sont pas encore au courant de la « bouillabaisse » électorale marseillaise, voici une description rapide :
Gaudin en suivant l’exemple de Sarkozy est allé débaucher un ancien élu socialiste marseillais, Philippe Sanmarco. Ce à quoi son challenger le « socialiste » (sic) marseillais Guerini est allé débaucher à son tour une tête de liste de droite, un ancien des Sac… franceschi. Pour vous illustrer la situation c’est à peu près comme si Hollande répondait à Sarkozy  en attirant dans ses filets Pasqua…

C’est le jeu des deux familles, je te donne le PS Sanmarco, tu me donnes l’UMP Franceschi, de toute manière cela n’a strictement aucune importance ce sont les mêmes et nul ne voit de réelle différence, ici comme au plan national. Sarkozy on le sait s’apprête à parachever son système en annonçant un remaniement ministériel avec il l’espère Allègre et Lang à son tableau de chasse. C’est sordide mais éclairant comme l’est la forfaiture du PS face au vote du traité européen, cela relève du même mépris du peuple que de l’absence d’alternative politique.

Mais revenons à l’essentiel, face à la crise dont les menaces se précisent, face à la politique menée par Sarkozy au profit des riches qui va défendre Marseille prolétarienne et dans celle-ci je mets y compris tous les jeunes diplômés, pas seulement le prolétariat d’origine immigrée qui assure l’essentiel des services dans la ville ?… Où les travailleurs du port vont-ils pouvoir s’organiser, ceux des transports en général, ceux de l’EDF, etc… Est-ce un hasard si Fillon a entamé la campagne des municipales à Marseille en défiant ces travailleurs, en proposant un démantèlement du statut du docker?  Non je crois qu’il venait les exciter, les pousser au désespoir dans la débâcle politique organisée.

Parce que le vrai problème du capital est là en finir avec l’organisation politique de ce prolétariat, le diviser, l’individualiser. C’est ce que disent chacun à leur manière Badiou et Broda : la seule richesse du prolétariat, de ce « nous » qui n’existe plus et qu’il faut recréer c’est la discipline, l’organisation.

Ma propre position est celle que j’ai dite lors de la conférence de Badiou : si les élections peuvent contribuer à renforcer cette organisation je suis pour les élections, mais si celles-ci sont destinées à me faire perdre la tête, à me jeter dans du n’importe quoi, pour éviter une fois Le pen, une fois Sarkozy-Gaudin cela ne m’intéresse pas, cela contribue à ma névrose d’impuissance, à mon desespoir et cela ne relève plus du politique mais de la cure psychanalytique. Quand la politique n’est plus que le jeu d’ambition personnelle manipulée par un patronat qui tient les ficelles de la pipolisation, il ne reste plus qu’à déserter ce terrain piégé.

Guerini ne s’arrête pas là, il présidentialise la fonction de maire à laquelle il aspire, c’est-à-dire qu’il ne négocie plus avec ses alliés du PCF, il attire à lui les élus officiels de ce parti qui il faut bien l’avouer n’ont déjà plus que des liens distants avec leur fédération et avec tout projet communiste également. Il négocie avec chacun d’eux, et cela aboutit à quelques stupéfiants éclaircissements. Par exemple le maire communiste du secteur historique des quartiers nord, le successeur de Billoux et Guy hermier, Frederic Dutoit qui a déjà perdu son siège de député aux dernières législativex au profit d’un socialiste s’est rallié sans condition à Guerini. On pouvait penser que c’était pour sauver sa mairie, point du tout, il la laisse à la tête de liste socialiste. Qu’a-t-il obtenu en échange ? Voici comment l’hebdomadaire Le Point décrit sobrement son ralliement : » Dépossédé de son mandat de député, Frédéric Dutoit (51 ans , Maire du 8e secteur) se range derrière la candidature du patron des socialistes. L’héritier de Guy Hermier acte ainsi la disparition du PC à Marseille. »(1)

Mais il n’est pas le seul, c’est là que l’affaire se corse, aux dernières présidentielles, frederic dutoit, mais aussi le sénateur communiste Robert bret, et la conseillère municipale Annick Boet avaient mené l’offensive contre la direction du PCF et la candidate Marie georges Buffet au nom de la démocratie des collectifs anti-libéraux et pour les deux derniers s’étaient prononcés pour josé Bové. En fait c’était la position officielle, en réalité l’un et l’autre faisaient campagne pour ségolène Royal et aujourd’hui le PS reconnaissant les prend sur son quota de membres du PS. Bref, ces « rénovateurs » impliqués dans la stratégie de Braouzec filent avec armes et bagages chez le PS. Peut-être cela nous aide t-il à mesurer ce qu’a été réellement la stratégie des collectifs anti-libéraux, leur manipulation pour achever le PCF.

La seule logique commune a été de faire passer les contenus au second plan derrière des personnalités dont on attendait tout de la capacité médiatique. Je suis convaincue que c’est cela qui peut être aisément manipulé. Ségolène Royal a été promue comme un marque de savonnette parce que c’était la candidate la plus faible, la moins dangereuse pour sarkozy, et pour être sûre de l’achever bayrou a été promu de la même manière.

Le politico-médiatique tel qu’il fonctionne aujourd’hui à coup de sondages, d’articles d’une presse dominée par les grands intérêts, ceux des groupes de propriétaires et des annonceurs peut aisément manipuler des individus, les promouvoir quand ça l’arrange, les abattre également mais il a plus de mal avec les forces organisées si faible soient-elles.

Ceci m’amène à ce qui est en train de surgir à Marseille. Inutile de vous dire que dans un tel contexte beaucoup de militants communistes sont écoeurés, le parti communiste ou ce qu’il en reste a voté à 70% l’entrée dans les listes Guerini mais avec le désespoir et la colère au cœur, convaincus par légitimisme ou par l’éternelle idée qu’il fallait aller surveiller les socialistes, les contrôler… Sans y croire réellement d’ailleurs… D’autres, les rebelles excédés se disent que cela suffit et pensent à renouveler derrière la ligue communiste l’expérience des collectifs anti-libéraux dont certains ont d’ailleurs poursuivi le travail entamé malgré les aléas de la présidentielle… Hier une camarade expliquait que dans « les boites », tous ceux qui n’en peuvent plus de la situation et sont désespéré par l’absence d’alternative disent « il n’y a que le facteur ».

Je vous le dit en toute sympathie : je ne suis pas convaincue. Il n’y a rien contre Besancenot ou la ligue, je crois qu’ils sont même conscients de la réalité dont ont témoigné les législatives. Si aux présidentielles Besancenot fait 5% et MGB moins de 2% aux législatives c’est différent, l’organisation retrouve son avantage. Et je crains que l’affaire telle qu’elle est partie consiste à promouvoir Besancenot pour achever le PCF, quitte après à achever Besancenot ce qui sera facile. Donc en disant cela je m’adresse avec gravité à mes camarades trotskistes, il faudrait peut-être que nous réflichissions ensemble puisque nous sommes conscients.

Il n’y rien contre les amis de la Ligue, contre leur idée d’un nouveau parti, c’est plus une question de méthode et du poids de l’élection telle qu’on est en train de nous la fabriquer. Empêcher toute issue, toute organisation, tout projet, tout changement de société par des forces organisées devenues les mêmes sans alternative et le renvoi à la marge de tous ceux qui veulent œuvrer à ce changement.

Il me semble qu’il faut exactement faire l’inverse de ce qui nous est proposé, ne pas se précipiter tête baissé dans n’importe quoi. Ce que je retire de positif de la réunion de hier, je le ressens déjà dans ce blog : les communistes présents se prononçaient pour des solutions différentes, l’une était sollicitée par sa section pour être le leader des communistes du quartier sur la liste Guérini, elle avait accepté convaincue qu’il fallait « surveiller les socialistes », son anti-socialisme instinctif lié à son amitié pour ses camarades du parti l’avait conduite à accepter. D’autres qui avaient quitté ou non le parti et qui s’étaient déjà prononcé pour Bové rentraient dans les collectifs anti-libéraux autour de la ligue contre Guérini. D’autres étaient organisés et ils faisaient le même choix en ayant soutenu MGB. Il y avait toute la palette et quelques autres comme moi, avec la même prévention. Le miracle de la situation et c’est pour cela que je la compare à ce blog était que nous nous écoutions, étions réellement désireux de nous entendre mutullement et surtout de la nécessité de ne pas se diviser pour « si peu ».

Les conditions d’une organisation

Parce que c’est bien cela qui ressortait, la conscience que quelque soit le choix opéré l’essentiel n’était plus là, il était dans la nécessité d’une organisation et celle-ci n’existerait me semble-t-il qu’à deux conditions incontournables.

Premièrement une perspective politique dont l’essentiel n’est pas la nature des alliances à opérer entre forces complètement divisées et en déshérence mais le contenu. Par exemple je leur ai fait remarquer le vide du terme anti-libéral alors même que bientôt le capital va tenter de sauver les meubles en recourant à l’intervention étatique… Que les nationalisations que nous n’osons plus réclamer ils vont finir par les mettre en œuvre, à nos dépends une fois de plus… Il y a tout un travail pour comprendre le monde tel qu’il est, la mondialisation, etc.

Deuxièmement, il faut une organisation  apte à favoriser l’intervention populaire, le contraire des partis aujourd’hui. Il faut retrouver la proximité sur les lieux de travail, dans les quartiers populaires.

Dimitri fait référence à Fidel Castro, il a raison : c’est absolument fascinant cette conscience historique qui est la sienne que le capitalisme est fini, qu’il risque d’entraîner l’humanité dans sa mort. (1)

L’idée de reconstruire un nouveau parti autour d’un leader pipolisé, de choisir à Marseille un autre leader me paraît aller dans le mauvais sens, c’est comme les collectifs anti-libéraux se disputant autour d’un leader comme des chauves se disputant un peigne, c’est la stratégie de gribouille on va dans le lac pour éviter d’être mouillé. Autre chose est une démarche à la base, sans prétendre recomposer une organisation quelconque, accepter un processus plus lent mais qui ne nous laissera pas une fois de plus désespérés. Et dans ce contexte là, il ne faut pas ignorer cette réflexion sur les consciences individuelles, leur soumission, leur peur qui est la meilleure arme du capital et des ses valets. Parce que comme nous le disions, les conditions objectives du changement de société sont réunies mais c’est peu dire que les conditions subjectives ne le sont pas. Au titre des conditions subjectives il y a la perspective proposée, l’organisation, mais aussi dans l’individualisme, la solitude à laquelle nous sommes contraints des mécanismes qui relèvent d’autres profondeurs. Nous n’osons pas aller jusqu’au bout, nous cherchons encore et toujours quelqu’un ou quelque chose qui nous économise le combat indsipensable, je crois que c’est la seule chose que disent badiou et Broda: de quoi Sarkozy est-il le nom, de notre peur…

Donc il faut imperativement penser autrement, se révolutionner…

Donc tant que ces deux conditions indispensables n’avancent pas l’élection me paraît à Marseille un piège à con… voilà la base de mon accord avec Badiou et Broda, mais je suis bien d’accord tout reste à faire. Cela dit la première règle est de ne juger aucune expérimentation, d’être ouvert et de seulement garder le cap sur l’essentiel : comment faire face à l’urgence, à cette terrible crise qui menace la planète et qui va aggraver la vie de millions d’individus ?

Comme nous disions jadis : « ce n’est qu’un début continuons le combat ! » ou encore cette phrase essentielle « un peuple uni jamais ne sera vaincu ! » Nul n’a la solution, ne nous divisons pas et avançons.

Danielle bleitrach

(1) Le Point .17 janvier 2008. numéro consacré aux élections à Marseille.

(1) j’espère que notre livre, en particulier grâce à Bonaldi fera bien percevoir cette conviction et la manière dont il arrive à la faire partager à un peuple. Aujourd’hui les Cubains et toute l’Amérique latine qui mesurent la force d’une telle vision sont sans doute d’accord avec le choix de ne pas l’épuiser par des contacts vains, de ne le faire aller qu’à l’essentiel, de laisser s’exercer cette formidable lucidité historique le plus longtemps possible.

3 commentaires

  1. bonjour,

    Etat partiel des lieux (comme je le sens) :

    Comment identifier ou encourager le besoin d’auto organisation quand le projet est encore une ebauche,en gestation,n’est pas communiquable ni visible ni identifiable, sujet a toutes les ambiguités ?

    “La lutte de classe se déroule aussi au sein de chaque individu.”

    “Prévalence de l’auto émancipation sur la notion d’auto organisation. Quand on se pense comme constructeurs, rien n’est jamais joué. Il faut la construction d’espaces (de debat et d’action) où l’auto transformation collective et auto transformation individuelle sont totalement liées.”

    http://www.carre-rouge.org/article.php3?id_article=67

    VINGT ANS APRES…( la publication de l’article : auto-activité du prolétariat)

    Commentaires rétrospectifs su l’article paru dans Carré rouge (cliquer sur document PDF)

    Alain Bihr
    En fait, plutôt vingt-cinq que vingt ! C’est en effet durant le printemps et l’été 1981 que j’ai rédigé ce long article qui est paru au printemps suivant dans le numéro 11 de la revue belge Critique politique. Ce qui justifie que je revienne tout d’abord sur les circonstances de sa production, avant d’en réévaluer le contenu, en indiquant ce qui m’en paraît toujours valable, les éléments par rapport auxquels j’ai pris quelques distances entre-temps, enfin ceux sur lesquels je souhaiterais que s’engage un débat dans le cadre de l’atelier consacré à la thématique de l’auto-activité dans les luttes aujourd’hui. Janvier 2007……

    Alain Bihr

    http://www.carre-rouge.org/article.php3?id_article=111?var_mode=recalcul

  2. Danielle, je ne partage pas un certain nombre d’idées avec toi.

    1. L’attitudes des élus communistes marseillais qui ont été « débauchés » par guerini ne sont pas fautifs.
    L’origine du divorce entre eux et le parti remonte aux collectifs unitaires, et comme je te l’avais déjà dit pour moi une candidature d’union non communiste était alors le meilleur moyen de promouvoir les idées antilibérales et de renforcer une vrai gauche. Je n’ose immaginer ce qu’ils ont du endurer commes attaque de la par des cadres du parti une fois qu’ils ont concrétisé leur désaccort par leur soutient a j bové. (qui ne m’a pas convaincu, mais moins que MGB), nous savons de quoi ils sont capables. Il s’agit d’un retour de baton. Mais entre nous qui préfères tu? Les permanants et leurs travers ou des élus qui ont dit non a une ligne idiote?
    2. PS et UMP Pareil?
    Tu le disais toi même les militans sont souvent semblables au pcf comme au ps et ont les même aspirations.
    Je pense que les cadres, les elus et les permanant des 2 parti ont aussi les même aspirations.
    Toutefois, non, 3 fois non, le gouvernement Jospin (que j’ai détesté et critiqué par bien des aspects et parfois combattu) ce n’est pas égal à Chirac ou à Sarko. Et loin de la, malgrés les privatisations massives (mais tu le dis toi même nationaliser n’est pas faire preuve de socialisme, privatiser en encadrant fortement le marché tel celui agricole de cuba ce n’est pas libéraliser à outrance!)jospin a bel et bien réalisé des loi de gauche.
    3. Ne pas y aller?
    Qu’est ce qui te fais dire que les élections ne rassemblent et ne permettent pas d’organiser les gens de gauche aujourd’hui? Je ne vois rien?
    Il faut y aller, se faire entendre, revendiquer nos options, être proche du peuple qui est en attente.
    Je ne me révolutionnerai pas dans ce sens, nous pouvons agir. La force du communisme municipal a été de favoriser la culture, le sport , les rapports humains dans les villes et villages de france. C’est cela que nous devons reconstruire en tenant compte de ce qui nous a affaibli. L’isolement progressif, le communisme contre-société qui s’est fermé sur lui même sans vouloir voir que l’organisation du monde changeait.
    J’ai adoré la derniere intervention de fidel et ses conseils parcequ’il nous rappelait les fondement de l’esprit de ceux qui veulent changer le monde dans le sens du progrés: rigueur, adaptabilité, écoute,innovation et non reniement des fondamentaux, un corps saint dans un esprit saint.
    Je ne crois pas que Guerini gère le département plus a droite quegaudin ne dirige marseille. Les faits le prouvent. Alors non, si j’étais à Marseille, je n’hésiterai pas une seconde. Mais l’essentiel est de rester lucide sur l’aboutissement d’un tel vote. Ce ne sera pas le grand soir. Mais prennons appuis! Valorisons nous, les vrai gens de gauche feront mille fois mieux! a nous de le prouver!!!

  3. « Dans le fond … Dimitri et Stelios posent la même question. … Chacun sent bien que cela ne peut pas durer ainsi, il y a de la colère, beaucoup de solitude et d’impuissance. … » Tu as raison Danielle, nous posons la même question mais la colère est un objet spontané, et le prolétaire que je suis a souvent l’occasion de l’exprimer après un incident, entre quatre yeux, face à face avec ses responsables. Eux ne répondent pas, ils se taisent et baissent la tête pour fuir ce regard qui leur sauve la face ! Hors de l’incident la colère du prolétaire est étouffée, il est solitaire et impuissant face à ces « responsables », ces « Dieux propriétaires » d’un diplôme qui reconnait leur allégeance aux « patrons », d’un système qui exploite sa vie. Les industries, les entreprises artisanales, agricoles ou commerciales, les hôpitaux, banques, transports et autres organisations privées ou sociales sont de minis sociétés, de petites entreprises sociales qui se reflètent au monde extérieur. Elles se nourrissent les unes des autres mais les prolétaires y sont enfermés et séparés, isolés pour y êtres dirigés et exploités. Le travail d’un prolétaire est à lui seul une entreprise que l’on peut exploiter.

    Hors mon certificat du lycée technique je n’ais aucun « diplôme », aucun tampon ou papier officiel qui me reconnaisse le droit de travailler. Paradoxe du système, Je viens de refuser pour la 5ième fois de suivre une formation, aux fins de recevoir la certification BA4 et BA5 qui m’autorise de manœuvrer, dans le métier que j’exerce depuis 35 ans. Je termine cette année une carrière de prolétaire « reconnue » par mes collègues de l’industrie. Malgré mon refus d’allégeance les cadres et dirigeants de l’entreprise que je quitte, ont toujours respecté mon travail de prolétaire. Les fonctionnaires des appareils syndicaux et politiques ou j’ai milité, l’ont tous rejetés. Il me fallait d’abord faire allégeance, dans leurs nombreuses réunions ou séminaires « d’information »….. avant que l’on reconnaisse mon travail !

    Le refus d’allégeance n’est pas aisé pour un prolétaire, il n’a que son travail comme référence et sa liberté comme entreprise, il ne peut que s’éduquer et se corriger de ses erreurs. Le capital est son allié et ses mains, son cerveau ou son histoire en sont la plus petite partie. La grande industrie en renforce la puissance mais le capital, est une richesse que les prolétaires on en commun, c’est son produit, tout ce qu’ils créent, accumulent ou révolutionnent de leurs mains ou de leurs cerveaux, qui ne leur appartient pas. Ils le consomment pour vivre et se reproduire.

    C’est ici au travers de ces phrases que je hurle ma colère, non pas celle du prolétaire mais de son partisan dans cette société bourgeoise, du communiste que je suis et qui constate que le monde, mon monde de communiste disparait avec lui, avec tous ces damné de la terre qui me nourrissent et révolutionne ma vie. Ou êtes-vous camarades ? Pensez-vous pouvoir résoudre, sans eux, les problèmes qui s’accumulent dans notre monde? Croyez vous vraiment qu’ils méritent d’êtres parquées dans des réserves, d’êtres réduits à la mendicité ou à se vendre corps et âme, à se prostituer dans la peau d’un bourgeois pour espérer vivre ? Je hurle mais peu de mes camarades entendent, ils se taisent et baissent la tête pour fuir mon regard … le seul regard qui peut encore leur sauver la face. C’est alors que je me tais à mon tour pour écouter leur silence, courbe la tête et, avec eux, poursuit mon travail ……… Sans partisans nous ne sommes rien !

    Stelios, le 20/01/2008


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