Les grèves en Chine… Un choix politique ?…

Comme d’habitude, nos médias français le Monde en tête se sont emparés de la grève des ouvriers de Honda (Japon), après la vague des suicides dans l’entreprise taiwanaise, pour voir là une possibilité de déstabilisation (qu’ils appellent de leur voeux) du gouvernement chinois. Les mêmes qui font silence sur les luttes dans nos propres entreprises plaignent trés fort les pauvres ouvriers chinois et les soutiennent. Ils oublient seulement de noter quelques faits: premièrement, visiblement cette vague revendicative est soutenu par le gouvernement, d’abord local comme dans le cas de Honda, ensuite par des directives nationales: ainsi en est-il de l’appel à la création de syndicats dans les entreprises privées étrangères ou locales. Ainsi en est -il de la mise en garde du gouvernement aujourd’hui : Les entreprises doivent s’attendre à une augmentation du coût du travail en Chine. Voici non pas un article mais une lecture d’articles en provenance de Chine, opérée par danielle Bleitrach.

Les grèves soutenues par le pouvoir…

 On sait que quelques centaines d’ ouvriers se sont mis en grève, réclamant des augmentations de salaire et de congés, dans une usine de Honda dans la province méridionale du Guangdong, ont annoncé mardi les autorités locales.

Ce n’est pas la première manifestation de ce type, mais il est clair que la publicité qui lui est donnée n’est pas fortuite.

La grève a commencé lundi matin et s’est poursuivie mardi dans une usine de pièces détachées de Foshan Fengfu Autoparts Co. (Fengfu), a indiqué Liu Yousun, porte-parole du gouvernement du district de Shancheng de la municipalité de Foshan. Le gouvernement local a mené un dialogue avec les ouvriers en grève et leurs employeurs, a indiqué M. Liu.Selon le porte-parole de Honda Motor (China) basé à Beijing, Zhu Linjie, l’usine Fengfu fournit des pièces pour pots d’échappement. Fengfu est une coentreprise établie entre la société japonaise Yutaka Giken, une filiale de Honda, et la société taïwanaise Moonstone Holding.

Nous avons donc un débat public comme dans le cas Foxconn, l’entreprise taiwanaise où il y avait eu des suicides et où on assiste aujourd’hui à une deuxième vague d’augmentation des salaires.

toujours dans le Guangdong, il faut encore noter les grèves des chauffeurs de taxis de Canton, puis celles de Pekin:  les autorités municipales ont annoncé la mise en œuvre de réformes d’envergure pour résoudre les tensions. Huit principales mesures ont été retenues : un contrôle plus strict de la légalité des contrats de travail, l’interdiction pour les entreprises de sanctionner financièrement leurs employés, la réduction des frais mensuels imposés par les sociétés aux chauffeurs, des actions plus régulières pour faire disparaître les taxis illégaux, augmenter le nombre de stations pour l’approvisionnement en gaz, améliorer les conditions de travail et de vie des chauffeurs de taxi. Voilà une corporation intéressante dont plusieurs personnes m’ont confirmé que les dits taxis faisaient jouer à l’icone de Mao Ze Dong le rôle de notre Saint Christophe.  Ce qui est sûr c’est que la manière dont sont prises ces grèves prouve qu’elles ne sont pas vécues par le parti comme une remise en question mais utilisées pour accélérer des réformes.

Appel à la création de syndicats dans les entreprises privée:

 Dans le même sens, il faut également noter un appel de la très officielle Fédération des Syndicats de Toute la Chine (FSTC)qui a recommandé lors du week-end que des syndicats soient créés dans toutes les entreprises privées, y compris celles à capitaux étrangers comme à capitaux de Hong Kong ou de Taiwan.

« La FSTC a publié une note urgente vendredi soir, demandant que ses branches promeuvent une couverture syndicale afin d’améliorer la protection des intérêts des travailleurs, et en particulier celle des travailleurs migrants. Elle a exhorté les syndicats à favoriser la création d’un système de négociation collective des salaires, en accord avec les lois sur le travail et les syndicats, ainsi que d’aider les travailleurs qui sont affectés à une ligne de fabrication à obtenir un meilleur salaire. Les syndicats devront également inciter les entreprises à enrichir la vie de leurs employés, en organisant davantage d’activités sociales, de distractions et de sport. La récente vague de suicides à l’usine Foxconn, société à capitaux de Taiwan, et une grève massive chez le constructeur automobile nippon Honda dans son usine de Foshan, toutes deux situées dans la province du Guangdong, au Sud de la Chine, ont mis en évidence les conditions de vie difficiles des travailleurs, dont beaucoup font face à des salaires bas et de mauvaises conditions de travail. La semaine dernière, Foxconn a proposé une augmentation de 30% des salaires et Honda envisage de relever le salaire de base de près d’un quart.

Un porte-parole de la FSTC a déclaré que la proportion des salaires dans le PIB de la Chine est en baisse depuis 22 ans, ce qui est source potentielle de conflits sociaux, d’après la Fédération. Les experts ont prévenu que ce sujet doit être traité avec soin, car il concerne un large groupe de personnes, clés de la croissance économique et de la stabilité sociale du pays.

Dans le même ordre d’idées, la demaine dernière, le gouvernement municipal de Beijing a décidé d’augmenter le salaire minimum dans la ville, qui passera de 800 Yuans (118 Dollars US) à 960 Yuans par mois. On estime que cette augmentation de salaire de 20% bénéficiera à près de 100 000 personnes.

Avant même cette initiative de la ville de Beijing, les provinces du Guangdong, du Shandong, du Ningxia, du Hubei et de nombreuses autres provinces ou régions autonomes avaient également relevé leur salaire minimum. La hausse moyenne est d’environ 15%. Les statistiques de la FSTC ont montré qu’à la fin de 2008, plus de 4 100 sociétés étrangères majeures faisaient des affaires en Chine. A cette date, 82% de ces entreprises disposaient de syndicats. Mais dans les entreprises privées de petite taille, ce chiffre était bien inférieur, et dans certains cas, les syndicats soit souffraient de l’interférence des entreprises, soit même étaient sous leur contrôle. »( le Quotidien du Peuple en ligne )

Les entreprises étrangères payeront ou partiront:

Et voici qu’aujourd’hui, le quotidien du peuple, organe officiel du parti communiste chinois prend à son tour la parole pour confirmer si besoin était qu’il y a là une politique voulue décidée et qui correspond au choix de développement d’un marché intérieur autant que de la volonté de « créer une société harmonieuse ».  »

« Les entreprises, chinoises ou étrangères, peuvent s’attendre à de fortes hausses de salaires dans les années qui viennent, après la grogne sociale dans les usines de Foxconn et Honda du Delta de la Rivière des Perles, disent les experts. « Ces conflits sont un signal clair d’une situation plus difficile, s’agissant de la main-d’œuvre disponible », a dit Cai Fang, Directeur de l’Institut d’Economie de la Population et du Travail à l’Académie Chinoise des Sciences Sociales.

Pour près de 150 millions de travailleurs migrants, les salaires ont augmenté de 19% en 2008 et de 16% en 2009, d’après M. Cai, qui dit aussi que le coût du travail va continuer à augmenter.

Dimanche, Foxconn Technology Group, entreprise taïwanaise, a annoncé une deuxième hausse des salaires, qui pourrait aller jusqu’à 65%, dans ses usines de la ville de Shenzhen, dans le Sud du pays.

Un peu plus tôt, Honda avait accordé une hausse de salaires de 24% à ses ouvriers fabricant des pièces détachées pour automobiles à Foshan, dans la province du Guangdong, afin de mettre fin à une grève sans précédent.

Ailleurs, 14 provinces et Régions ont relevé cette année le niveau du salaire minimum, la plus forte augmentation ayant été de 20%. Shenzhen, pôle industriel du Sud, où se trouve Foxconn, prévoit de relever le salaire minimum de 15,8% en moyenne à compter du mois prochain, a annoncé mercredi le gouvernement municipal.

 Le salaire minimum sera donc de 1 100 Yuans, cela pour améliorer la qualité de vie des 8 millions de travailleurs migrants que compte la ville. Ce faisant, le gouvernement espère pousser les entreprises à améliorer leurs technologies et leur gestion, a dit Wang Min, Directeur du Bureau des ressources humaines et de la sécurité sociale de Shenzhen. « Pour les entreprises qui ne sauront pas s’adapter au développement de la ville, il n’y aura qu’un seul résultat, partir », a-t-il déclaré aux journalistes. Cette augmentation du coût du travail a déclenché des spéculations, selon lesquelles les grands fabricants de matériel électronique du monde pourraient envisager de déplacer leurs usines dans des pays voisins comme le Vietnam, l’Inde ou l’Indonésie, où les salaires sont plus bas.

Pour les experts de l’industrie, cependant, cette récente hausse des salaires dans des entreprises comme Foxconn ne prélude pas à la fin du rôle de la Chine comme « usine du monde ». Pas plus d’ailleurs qu’ils ne s’attendent à un exode des entreprises étrangères de Chine, citant un environnement défavorable à l’investissement dans ces pays de rechange et de forts coûts de déménagement professionnel.

« En théorie, ces hausses de salaires devraient contraindre ces sociétés à déplacer leurs usines de Chine vers des régions où le coût du travail est moins élevé, mais en fait cette possibilité est très mince », dit Li Xiaogang, Directeur du Centre de Recherche sur les Investissements Etrangers à l’Académie des Sciences Sociales de Shanghai. D’après lui, si la Chine est « l’usine du monde », ce n’est pas seulement du fait de ses coûts de travail plus faibles, mais aussi grâce à des infrastructures solides, une stabilité politique, un énorme marché intérieur et des compétences professionnelles élevées, toutes choses avec lesquelles peu de ses pays voisins peuvent rivaliser.

 Bien que ces entreprises puissent faire part de leurs inquiétudes au sujet de l’augmentation du coût du travail en Chine, « Je pense que quand elles expriment leur intention de quitter la Chine, elles se livrent à une tactique de marchandage destinée à mettre la pression sur le gouvernement chinois pour obtenir certains avantages », dit M. Li.

Cependant, certaines entreprises à capitaux étrangers, et particulièrement les exportateurs de vêtements bon marché ou autres produits bas de gamme, sont déjà sur des charbons ardents. « C’est très difficile pour nous », dit Danny Lau, Président de l’Association des Petites et Moyennes Entreprises de Hong Kong. D’après lui, ce sont quelque 2 000 à 3 000 usines sur un total estimé à 50 000 usines à capitaux hongkongais du Delta de la Rivière des Perles, pôle d’exportation, qui pourraient fermer leurs portes cette année. Et de son côté, l’Association des Fabricants de Matériel Electrique et Electronique de Taïwan, qui représente les fabricants de matériel électronique de l’île, encourage les fabricants de matériel électronique taïwanais à construire de nouvelles installations dans d’autres pays d’Asie comme le Vietnam, l’Indonésie ou la Malaisie, où le coût de la main d’oeuvre est moins élevé, a rapporté le Wall Street Journal, citant Luo Huai Jia, le Vice-président de l’Association.

D’après l’article, des entreprises majeures comme Hong Hai, à qui appartient Foxconn, TPV et Compal Electronics, envisagent de diversifier leurs usines, qui sont concentrées sur le continent chinois.

Mais pour les experts de l’industrie, partir pourrait ne pas être une bonne idée. Ainsi, James Lei, Directeur de recherche sur l’électronique grand public chez Instat, société de recherches, pense-t-il que, comparé avec d’autres pays, se déplacer vers des régions situées à l’intérieur de la Chine, comme le Sichuan ou la municipalité de Chongqing, pourrait être un meilleur choix. « Je pense que les voisins de la Chine ne sont pas encore prêts à exécuter des commandes actuellement assurées par des millions de travailleurs migrants chinois », dit-il.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

3 commentaires

  1. Excellent article, vraiment ! Merci

  2. N’oublions pas que le capitalisme est apatride (Marx). Il n’est pas exclus que si demain la Chine ne leur convient plus elle sera bonne à jeter aux chiens. Le delaï-lama est toujours en réserve !!!

  3. ecoute joannes, j’en ai assez quez tu déposes des posts qui n’ont rien à voir avec l’article , veux-tu faire l’effort de lire ça t’évitera de multiplier les interventions hors sujet… DESORMAIS QUELLE QUE SOIT MA SYMPATHIE POUR LES INTERVENANTS CELUI QUI N’AURA PAS LU LE TEXTE ET VIENDRA RACONTER SA VIE SERA SUPPRIME….
    Danielle Bleitrach


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