Copenhague comme la Conférence de Paris ? Mais la Chine n’est plus la même…

Le Sommet de Copenhague nous rappelle la Conférence de paix de Paris de 1919, une conférence internationale organisée par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale afin de négocier les traités de paix entre les Alliés et les vaincus. Lors de cette conférence, Georges Clémenceau (Président du Conseil de la France), Lloyd George (Premier Ministre de la Grande-Bretagne) et Thomas Woodrow Wilson (Président des Etats-Unis), en tant que représentants de leur pays respectif, sont devenus les maîtres du monde qu’ils partagèrent comme ils le vouaient, ainsi les colonies allemandes furent partagées entre le Royaume-Uni, la France et le Japon tandis que le Proche-Orient anciennement possession turque est divisé en mandats attribués par la Société des Nations à la France et à l’Angleterre. Ils manœuvrèrent et manipulèrent en cachette pour établir un nouvel ordre mondial qui dura près de deux décennies. Mais l’Allemagne, humiliée, n’allait pas tarder à refuser cette mauvaise paix. Ce que les trois grands ‘vainqueurs’ n’ont pas prévu c’est que dans l’obligation d’accepter ces dures conditions, l’Allemagne considéra le traité comme un Diktat et que cette situation humiliante pour elle favorisa les revendications de la part des groupes nationalistes allemands, en particulier chez les nazis, ce qui allait entraîner, d’une part, les conditions d’une revanche, d’autre part, l’avènement de la Seconde Guerre mondiale qui apporta par la suite de plus grands malheurs et de plus terribles désastres au monde entier. Tout comme la Conférence de paix de Paris, le Sommet sur le réchauffement climatique de Copenhague aboutira à des accords qui produiront immanquablement des effets profonds et durables sur l’avenir du monde entier et l’histoire montrera que son importance ne cède en rien à celle de la Conférence de Paris de 1919.

Plus encore, il est apparu au Sommet de Copenhague, tout comme à la Conférence de Paris, les traditionnelles opérations diplomatiques cachées des pays européens qui utilisent tous moyens (manipulations, magouilles, transactions ……) pour atteindre leur but. Au troisième jour de la réunion, il a été dévoilé un projet d’accord élaboré à l’initiative du pays hôte le Danemark avec le soutien des pays développés qui ont ‘manipulé en cachette’ à cet effet.

 Ce projet d’accord s’écarte du principe fondateur de « responsabilité commune mais différenciée » du Protocole de Kyoto qui marque la différence entre les pays occidentaux, qui polluent depuis la révolution industrielle, et les pays en développement, auxquels il laisse le temps de croître pour rattraper leur retard en n’exigeant aucun objectif contraignant de réduction de leurs émissions et c’est pourquoi les pays en voie de développement sont exemptés d’engagements chiffrés afin que leur développement ne soit pas remis en cause.

Le projet d’accord confond même la cause et l’effet en exigeant que certains pays en voie de développement aient des obligation sur leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) tout en affaiblissant l’obligation des pays développés quant à la fourniture de fonds aux pays en développement pour les aider à utiliser l’énergie propre et à réduire leurs émission de GES.

 Les pays en voie de développement ont rapidement riposté dès après le dévoilement du contenu du « projet de Danemark ». Le quotidien français « Le Monde » a fait paraître le projet du « texte de Beijing » de quatre pays, dont la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil. D’autre part, les deux présidents du groupe de travail chargé spécialement du « protocole de Kyoto » et du groupe de travail chargé spécialement de la coopération permanente de la « convention cadre de l’ONU sur les changements climatiques » ont présenté également chacun de son côté un projet officiel.

Un aussi grand nombre de projets présentés est en fait une bonne chose, car cela démontre tout au moins l’environnement démocratique qui entoure le sommet et prouve que notre monde n’est plus dominé et gouverné par les quelques pays développés.

Une autre bonne nouvelle : le Texte de Beijing est distribué à la réunion et il attire l’attention des participants. Cette situation est complètement et fondamentalement différente de celle où les trois ‘géants’ de la Conférence de Paris ont manipulé en secret pour remettre au Japon le droit de contrôle sur Qingdao, ville chinoise de la Province du Shandong colonisé par l’Allemagne, alors que le représentant de la République de Chine a été dans l’incapacité d’agir en raison de la faiblesse de celle-ci.

Certains détails montrent l’importance de la Chine au présent sommet ainsi que sa puissante force diplomatique : la salle où se tient le briefing s’avère trop petite pour contenir les journalistes qui désirent entendre ce que disent les représentants de la Chine ; un officiel chinois parlant l’anglais qui joue sur la prononciation en mâchant « coffin » (cercueil) pour « coffee » (café) afin de critiquer les pays développés qui fournissent aux pays en développement de l’Afrique des fonds tellement limités qui leur permettent seulement d’acheter un cercueil.

 Pour participer à la réunion, un grand nombre de fonctionnaires des ministères et des départements intéressés du gouvernement ont fait des heures supplémentaires et des préparations soigneuses et minutieuses, et c’est justement grâce à leur maîtrise des principes politiques d’importance et à leurs sérieuses réflexions sur les questions et les problèmes susceptibles de surgir qu’ils ont pu riposter du tac au tac et discuter en partant des raisonnements bien fondés.

Lors de la Conférence de paix de Paris, la Chine était tellement faible que n’importe qui pouvait la traiter comme il le voulait. Le diplomate Gu Weijun (V. K. Wellington Koo), qui représentait la Chine à la Conférence, s’était efforcé de garantir les intérêts de son pays en prononçant un discours qui impressionna son auditoire mais qui n’a pu atteindre son but, ce qui montre que même si les pays faibles ne pouvaient changer le cours de l’événement, mais ils pouvaient tout au moins marquer leur présence sur la scène diplomatique internationale pourvu qu’ils insistent et persistent dans leurs droits.

Lors de la Conférence de Bandung, qui s’est tenue du 18 au 24 avril 1955 en Indonésie, le Premier Ministre chinois Zhou Enlai (Chou En Lai) avait  prononcé un discours dans lequel il a avancé pour la première l’idée de « rechercher un terrain d’entente en laissant de côté les divergences », une idée qui a conquis les pays en voie de développement de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine et qui a établi la position de la Chine parmi les pays en voie de développement.

 Aujourd’hui, au Sommet de Copenhague, la Chine n’est plus un pays faible et elle n’est plus le pays encerclé en 1955 par les impérialistes qui lui imposèrent le blocus. Maintenant, elle est un pays émergent qui est à la tête du monde quant à ses réserves en devises et un pays en développement qui est près de devenir la deuxième puissance économique mondiale après les Etats-Unis.

Et alors Un problème surgit. Certains tentent de faire sortir la Chine du camp des pays en voie de développement, ce afin de semer la discorde et de provoquer des dissensions. D’autres avancent l’idée de la ‘responsabilité commune’ de la Chine et des Etats-Unis dans le règlement des problèmes du réchauffement climatique.

Quant aux Américains, ils disent : la Chine est tellement riche que si l’on utilise l’argent des contribuables pour la subventionner, il sera certain que le Congrès américain refusera catégoriquement. En réalité, les pays développés ont tendu un piège à la Chine dans le but que la « Chine riche » assume encore plus de responsabilités.

En tant que pays responsable, la Chine a déclaré à haute voix sa décision de réduire en 2020 ses émissions de carbone par unité du PIB de 40% à 45% sur la base de l’année 2005, un engagement qui fait pâlir les hauts responsables des départements économiques qui s’inquiètent de ce que cela pourrait produire des effets négatifs sur le redressement économique du pays.

Au moment où la Chine est assaillie de l’extérieur et de l’intérieur, un haut officiel chinois qui participe à la réunion à Copenhague s’est vu refusé l’entrée à trois reprises et il semble que la Chine soit devenue un ‘souffre-douleur’.

En réalité, il n’en est pas ainsi. Nous n’avons pas à écouter les flatteries des autres et se laisser mener par le bout du nez, ni à se faire du souci d’être considéré par les autres comme quelqu’un de faible. Du pays faible et impuissant lors de la Conférence de paix de Paris à la jeune république du temps de la Conférence de Bandung jusqu’au plus grand pays en voie de développement d’aujourd’hui qui est pris en considération et qui joue un rôle important au Sommet de Copenhague, la Chine a réalisé durant ces neuf décennies des succès remarquables connus de tous, c’est pourquoi nous ne devons en aucun cas nous sous-estimer sans raison et outre mesure.

Toutefois, nous sommes conscients que les Européens sont experts dans la création de l’équilibre, que les Américains prônent l’idée du ‘grand échiquier’ en ayant une vision globale de la situation et que les Russes dictent leur conduite hégémonique en partant du principe ‘coup rendu pour coup donné’, et tout cela est une accumulation avec le temps et au fil des années.

Aujourd’hui, la Chine n’est plus un pays pauvre, débile et faible. Vu de sa force physique, elle commence à accéder aux rangs des pays puissants, mais vu de sa mentalité, de son énergie et de son accumulation historique, elle n’a pas encore atteint cette hauteur. Ce qui signifie que Copenhague est le lieu où la diplomatie chinoise commence à faire volte-face sur elle-même et elle donne l’occasion à la Chine de faire face directement aux difficultés et aux défis, alors que ce n’est que le commencement.

La Chine joue un rôle important sur cette scène, mais non pas le plus important et le décisif. Nous devons faire des efforts pour garantir autant que possible nos intérêts, mais en même temps nous devons nous préparer à faire face à des imprévus. Il est important pour nous de profiter de l’occasion pour réaliser à l’intérieur de notre pays la montée en génération de nos industries et ainsi que les innovations techniques et pour améliorer ainsi l’environnement qui nous entoure.

Les pays en voie de développement, y compris la Chine, doivent s’unir, se montrer solidaires et utiliser leur intelligence et leur capacité pour tâcher de gagner encore plus de droits et intérêts légitimes et rationnels. Malgré que l’évolution de la réunion sera toujours décidée par l’Europe et les Etats-Unis, mais dans leurs affrontements avec les pays développés, les pays en voie de développement ne joue plus comme avant un rôle sans grande importance, car ils sont devenus aujourd’hui une force que leurs adversaires ne peuvent négligés ni sous-estimés. Et justement c’est en raison de leur force et de leur présence indispensable qui fait que les opérations et les tractations en coulisse sont devenues impossibles maintenant et qui oblige les pays durs et intransigeants à réfléchir mûrement avant d’agir.

Lors de la Conférence internationale sur le climat, tenue du 3 au 14 décembre 2007 à Bali, en Indonésie, le représentant de Tuvalu, pays insulaire du Pacifique peuplé de plus de dix mille habitants, a dit : « Vous les Américains, ou bien soyez les dirigeants ou bien quittez cette salle. N’empêchez pas que les autres pays puissent parvenir à un accord. », et en fin de compte, les Etats-Unis ont renoncé à leur intention arrêtée auparavant et ont accepté la Feuille de route de Bali : les pays industrialisés doivent donner l’exemple en s’engageant de réduire « de 25 % à 40 % d’ici à 2020 de leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 » et en accordant une aide financière au pays en voie de développement. A Copenhague, à ce sommet mondial qui revêt une importance primordiale pour l’avenir et le destin de toute l’humanité, n’importe quel pays se battra pour gagner autant que possible de droits et d’intérêts pour lui-même, cela est compréhensible pourvu que qu’il discute à juste titre et dans la limite autorisée par le règlement, et il est certain qu’il ne céderait qu’au dernier moment. C’est pourquoi le sommet traînera en longueur et que ce sera jusqu’au dernier moment qu’on parviendrait peut-être à un accord. Et cela, ce serait le miracle de la diplomatie. ●

article officiel du quotidien du peuple

note complémentaire:

La conférence de Copenhague Les émissions chinoises de dioxyde de carbone par habitant représentent près d’un quart de celles des Etats-Unis Selon une récente étude, Si la Chine réduit d’ici 2020 de 45% ses émissions de dioxyde de carbone par unité de PIB (produit intérieur brut), par rapport à 2005, elle devra investir 30 milliards de dollars de plus chaque année pendant les 10 prochaines années. Cela veut dire que chaque foyer d’habitant de la Chine devrait assumer pour cela 64 dollars par an. Les chercheurs ont étudié ce qui pourrait arriver, quand le pays aura diminué ses émissions de dioxyde de carbone par unité de PIB de 33%, 40%, 45% ou de 50%, par rapport à 2005. Cette étude montre que le prix de revient pour la réduction des émissions commencera à monter en flèche, quand l’objectif de réduction des émissions dépassera 40%. C’est une «zone critique de hausse rapide » pour le prix de revient. L’Académie des Sciences sociales, l’Université Qinghua et d’autres institutions de recherche ont procédé à des évaluations sur les prix de revient de divers objectifs de réduction. Les résultats de leurs recherches varient, mais il existe un point commun : la Chine fait face à d’ énormes prix de revient pour les réductions de ses émissions.    « Je trouve que l’objectif de réduction des émissions, qui vient d’être publié, est élevé », a dit Pan Jiahua, expert sur les études du changement climatique. « Cependant, puisque la Chine a déjà pris un engagement devant la communauté internationale, nous devons nous efforcer de réaliser cet objectif », a-t-il ajouté. A l’heure actuelle, les émissions de dioxyde de carbone de la Chine sont d’environ 5 tonnes par habitant, soit près d’un quart de celles des Etats-Unis, mais sont équivalentes à la moyenne mondiale, selon Zhou Ji, directeur adjoint de l’Institut de l’Environnement de l’Université du Peuple de Chine. Source: le Quotidien du Peuple en ligne

2 commentaires

  1. La Chine n’est plus et heureusement la meme,le temps de la canoniere et des concessions est bel et bien enterré.Le sort fait à la Russie aprés la perestroica sera ,je l’espére toujours présent en memoiredu peuple et des dirigeants Cinois ,ils ne doivent surtout pas baisser la garde et personne ne pourra dominer cet immense pays ayant une Histoire 5 fois millenaires!
    Bonne année au peuple Chinois!

  2. Réduction de 45 % d’ici à 2020!!!C’est tout simplement énorme! Merci pour cet article et bonne année à tous….(Je t’appelle bientôt…)


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