Mes voeux pour 2010

Mes meilleurs voeux pour 2010, beaucoup de combats victorieux sur vous mêmes et surtout contre ceux qui nous oppriment. L’extraordinaire de la situation est en effet que le capitalisme démontre comme jamais à quel point il est mortifère, la nécessité d’en finir, et pourtant… Pire encore, jamais ses dirigeants, ses « élites » n’ont été aussi médiocres, et pourtant… Que se passe-t-il? C’est simple leur seule réussite est la manière dont ils nous privent de toute espérance, la manière dontils nous divisent, nous isolent, nous détruisent l’un après l’autre sur le plan matériel et moral. C’est pourquoi la défense de la personne, de sa dignité est pratiquement aussi révolutionnaire que la défense de kla planète, cela va ensemble et comme par hasard le centre en est le « travail ». Il ne faut pas plus accepter l’autodestruction , a-t-on assez mesuré ce que signifie le suicide programmé de celui qui se sent vidé de lui-même. Il y a   le chômage, mais il y aussi  » le management »,  la mise en concurrence, l’absence d’idéal.

La résistance au capitalisme est totale, à tous les niveaux y compris celui de l’estime de soi. Voilà ce que j’ai compris tout à coup, nous sommes tous en train de devenir leur instrument de mise au rebut de l’autre.

Je veux vous donner des nouvelles parce que je crois qu’elles aportent une vision un  peu plus optimiste de la vie.Il est possible de tenter d’avancer pour soi et surtout pour approfondir le sens de sa vie mais ça va être dur parce que chacun doit faire ce chemin au départ dans une certaine solitude, à partir de sa souffrance, avec tenacité en tentant de jeter des ponts vers les autres, vers une issue… L’humanité a dit Marx ne se pose que les tâches qu’elle peut résoudre, que nos voeux ne soient pas de simples paroles conviviales mais déjà l’effort pour les réaliser.

Il faut se faire une raison, on doit d’abord partir de soi-même, de ses désirs en tentant de les concilier avec la volonté, une volonté qui ne tient pas compte des désirs est souvent serment d’ivrogne. Moi je voulais ne plus souffrir surtout pour rien sans aucune efficacité face à l’adversaire, au contraire, l’ennemi était dans mon camp… J’ai effectivement changé de vie, une retraite comme dans un monastère, pour éviter de me complaire dans les rancunes et l’amertume, le sentiment de l’humiliation injuste, le mépris devant la sottise des insultes.

Dans la vie quand on vous fait du mal, la première idée est cele de la vengeance mais il est difficile de  se venger pour cela il faut avoir du pouvoir soit sur les affections de votre ennemi, soit l’atteindre sur un plan matériel. Et il est rarissime que l’on ait les moyens d’atteindre l’autre sur le plan affectif ou matériel, donc faute d’une telle issue on ressasse et on se fait du tort à soi même. La fuite est la seule victoire comme dans des amours malheureuses. On ne lutte pas plus contre le désir amoureux que contre la haine et le désir de vengeance que provoque la méchanceté injuste. Il faut s’enfuir.

Mon mari était un grand joueur de poker et il me disait “Il faut savoir passer avec un poker d’as servi”… j’ai fait comme Alice au pays des merveilles, j’ai jeté le paquet de cartes en l’air… Mais à force de retrécir et de grandir, de courir après des lapins et de subir les sentences de l’ignoble reine de coeur, je ne savais plus qui j’étais alors  je me suis dit “c’est le moment de faire un bilan”. Mon immersion dans le chinois m’a montré à quel point j’étais encore compétitive sur le plan intellectuel avec cependant une accentuation des qualités et des défauts. J’ai encore plus de peine là où j’en ai toujours eu mais la culture et l’expérience me donnent profondeur et  vélocité . C’est un bilan trés optimiste sur ce qu’est réellement la vieillesse. Ce serait vraiment dommage de se laisser avoir par l’image que l’on en donne et qui là aussi cherche à diviser les générations pour mieux les réduire a quia l’une et l’autre. Donc il faut savoir ce que l’on vaut et  il ne faut surtout pas tenter la compétition sur le modèle de l’apprentissage pour la jeunesse, il faudrait réfléchir aux apports réciproques et bien rééls des uns et des autres.

 Les résultats du premier semestre sont plus qu’encourageants surtout en histoire, géographie, version, grammaire, en revanche la langue parlée m’est comme d’habitude plus difficile, je n’ai aucune oreille… Il parait que je partage cette infirmité avec le Che et Mao, à choisir j’eusse préféré partager d’autres vertus. Désormais j’arrive à lire et traduire un certain nombre de langues mais je n’en parle aucune correctement. Mais cette immersion dans le chinois a été une trés bonne idée, je me suis donné un challenge et mon cerveau répond toujours correctement y compris dans les tâches les plus malaisées…

 Dans le même temps, je me suis astreinte à faire du sport, à perdre 16 kilos gagnés en arrêtant de fumer. Tous les jours je fais 30 minutes de marche et 45 minutes de natation. Résultat là aussi les possibles existent, je suis de plus en plus agile et plus heureuse de me sentir maîtresse de mon corps et pas encombrée par lui… Cette méthode là je l’ai emprunté à Fidel, qui l’a lui même hérité de ses formateurs jésuites, c’est un combat du corps et de l’esprit comme un exercice militaire.

 Aujourd’hui le challenge est réussi “pour moi” mais je suis confrontée aussi à une image amicale, favorable que je ne dois pas négliger parce que l’individu n’est rien d’autre que la somme des rapports sociaux et le “moi” qui le refuserait ne serait que vide narcissique. Chacun m’explique donc que  ce“moi” ça a toujours été le combat pour la ,justice, la liberté, le communisme. Mettre en forme le soldat oui mais pour quelle mission?

Le challenge de cette nouvelle étape de ma vie sera réellement réussi quand j’aurais trouvé le moyen de la mener d’une manière non seulement non destructrice pour moi mais ce qui est plus difficile d’une manière efficace pour le combat lui-même. Faute d’une perspective, d’une ligne on tourne un peu en rond, pourquoi et comment pourrais-je échapper à ce ressassement de l’impuissance après avoir vaincu celui de l’amertume?

 La question devient alors : Comment pourrais-je apporter une contribution si modeste soit-elle au grand combat des peuples contre l’impérialisme ? Ce combat aujourd’hui prend en outre une urgence plus grande puisque c’est la survie de notre espèce qui commande de trouver la solution socialiste. Voilà à quoi je pense et ce que je muris dans mon coin. Je suis loin d’avoir la réponse. La seule chose que je sache est parfaitement contradictoire, d’une côté je suis convaincue qu’il n’existe de solution que collective, tant que l’issue ne mobilisera pas les masses, les aidera à s’organiser, elle sera inopérante. Mais dans le même temps je suis tout aussi convaincue que je suis pour moi la seule apte à juger de la pertinence d’un engagement, je me suis trop souvent laissée entraîner dans des expériences hasardeuses, je sais désormais que je n’écouterai que mon propre jugement et pas le militant sympathique d’un groupuscule quelconque. L’activité, l’engagement doit correspondre à la fois à mon désir et à ma vision rationnelle de leur efficacité réelle…

 Dimanche 10 janvier je pars à Paris pour une semaine, je vais bien sur écumer les exposition mais aussi, entre autres, pour consulter à la grande bibliothèque une bibliographie sur le socialisme mais aussi pour rencontrer le nouvel ambassadeur de Cuba. Les Cubains demeurent ma boussole, enfin certains Cubains. Ce sont eux qui avec Fidel ont poussé le plus loin la réflexion sur les temps que nous affrontons. Je dois également participer à deux colloques en mars et prévoir une contribution, l’un dans mon université sur les femmes, l’autre sur la Palestine à l’Université d’Alger.Je continue les débats sur le socialisme, lundi 4 janvier, COMAGUER intervient sur la naissance de la Révolution chinoise et le 24 mars je ferai la seconde partie sur l’actualité du socialisme de marché.

 En outre une camarade de ma fac qui a conservé toutes nos archives de la cellule de notre fac me propose que nous écrivions un livre sur cette expérience de lutte sur plus de 30 ans. C’est important d’entretenir cette mémoire et il faut bien dire que ma cellule a été le lieu où j’ai été le plus heureuse dans un combat trés pur et totalement désintêressé, je crois que chaque communiste peut dire la même chose: ce qui a été le meilleur de son existence cela a été cette camaraderie de cellule… Peut-être faut-il partir de là?

 C’était vraiment la solution, tout n’est pas résolu mais j’ai refusé l’autodestruction et l’on ne peut combattre le Capital, l’impérialisme que si l’on refuse les conditions de haine, de mépris des autres auquel ce système vous condamne… Trop souvent on s’imagine que la réalisation personnelle passe par les paillettes et strass y compris d’un blog, une petite audience, c’est faux… Il faut chercher ce que l’on est réellement pour mieux combattre et comme le dit Fidel en citant Marti :”toute la gloire du monde tient dans un grain de maïs”

 J’avais écrit ce texte pour un ami Pedrito, mais il me servira de voeux pour vous tous dont la fidelité me touche, nous avons encore bien des choses à accomplir.

Danielle Bleitrach

la photo représente ma mère (92 ans) et son arrière petite fille Maya(3 ans)…

13 commentaires

Comments RSS TrackBack Identifier URI