POURQUOI LE M’PEP NE PARTICIPERA PAS A LA MARCHE DE LA « GAUCHE » LE 12 AVRIL, par le M’PEP

source : M’PEP, 03 avril 2014
Le 17 février dernier, Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche (PG) et Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) ont lancé l’idée d’organiser une « marche nationale » le week-end des 12 et 13 avril. Leur but est de répondre aux « manifestations de droite et d’extrême droite des derniers mois ». Ils précisaient que « c’est un appel qu’on lance ensemble pour construire la mobilisation de ceux qui voudront exprimer un ras-le-bol de gauche à la politique du gouvernement ».

Le même jour, Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français (PCF), affirmait dans un communiqué : « une grande marche pour un sursaut de la gauche : c’est à notre portée ». Il indiquait que « les conditions pour un grand sursaut de la gauche face aux mobilisations de la droite et de l’extrême droite, face aux choix d’austérité du gouvernement et au pacte de responsabilité, se dessinent ».
La lutte contre la politique d’austérité du gouvernement Hollande est en effet nécessaire. Mais les compromissions du PCF et du PG avec le PS et EELV, organisateurs de l’austérité, font apparaître cette « marche » comme une simple gesticulation dans la perspective de l’élection européenne du 25 mai. Tout sonne creux dans cette opération, il s’agit d’une fausse manifestation.
Voilà, de l’avis du M’PEP, ce qu’il conviendrait de faire pour lutter vraiment contre l’austérité :

 

 

1.- Il ne fallait pas voter pour les listes aux élections municipales où se trouvaient des membres du Parti socialiste et d’Europe Ecologie Les Verts.Dans de trop nombreuses villes, des responsables locaux du PCF, avec les encouragements de la direction de ce parti, comme à Paris, se sont placés sur des listes dirigées par le PS. Par ce geste, les responsables du PCF ont avalisé les politiques d’austérité du gouvernement. De la même manière, des responsables locaux du PG, soutenus par leur direction nationale, ont recherché des accords pour construire des listes avec EELV, là où des membres du PCF se sont alliés au PS. Les écologistes d’EELV, qui disposaient de ministres, ont appliqué la politique d’austérité du gouvernement. Les partis membres du Front de gauche ont organisé ainsi une vaste confusion politique, appelant même à cette marche du 12 avril une prétendue « gauche » du PS qui ne sert que de caution au PS pour entretenir le mythe que ce parti serait favorable aux intérêts des classes populaires. On ne peut pas s’allier aux municipales avec les organisateurs de l’austérité et, une fois les élections terminées, faire semblant de manifester contre eux.

 

2.- Obtenir de la direction du PCF qu’elle annonce publiquement qu’elle ne fait plus partie de la majorité avec le PS. Car jusqu’à présent, aucun démenti n’a été apporté aux déclarations suivantes :

 

-A la sortie d’un entretien avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault (Reuters, 8 novembre 2012), Pierre Laurent affirme que le PCF et le Front de gauche ont « participé à la victoire d’une majorité politique au printemps et nous considérons que nous sommes dans cette majorité politique […] mais il y a dans cette majorité un débat politique de fond ».

 

-Orientation confirmée dans L’Humanité des 10 et 11 novembre 2012 par Eliane Assassi, présidente du groupe communiste républicain et citoyen (CRC) au Sénat, qui notait que « nous appartenons à la majorité parlementaire et nous travaillons à ce que la gauche réussisse ».

 

-Dans « L’Humanité » du 12 novembre 2012, Pierre Laurent rappelait que « nous sommes dans la majorité qui a permis le changement ».

 

– Marie-George Buffet dans « L’Humanité » du 18 juin 2012 : « nous ne sommes pas dans l’opposition mais dans la majorité de gauche de façon constructive, pour réussir ».

 

-André Chassaigne, président du groupe Front de gauche à l’Assemblée nationale, affirme que son groupe se situera « clairement dans le cadre de la majorité de gauche » (Agence France presse, dépêche du 20 juin 2012).

 

3.- Etablir clairement la responsabilité de l’Union européenne et de l’euro dans les politiques d’austérité. On ne peut pas, comme le fait le Front de gauche, faire l’impasse sur les causes essentielles des politiques d’austérité qui se trouvent dans les traités européens et la politique suivie par l’Union européenne. Le système de l’Union européenne, par construction, est organisé pour entretenir l’austérité permanente. Car c’est bien l’austérité pour le plus grand nombre qui permet l’abondance pour une poignée de privilégiés. Prétendre que l’on peut changer l’Union européenne de l’intérieur est une impasse qui désarme les peuples.

 

 

4.- Débattre avec les syndicats pour qu’ils organisent une riposte digne de ce nom. Prisonniers de la Confédération européenne des syndicats, rouage intégré au système de l’Union européenne, la plupart des syndicats français ont adopté une position défensive. Certains ont même, comme la CFDT, approuvé le « Pacte de compétitivité » du gouvernement qui n’est pourtant qu’un alignement de la politique du gouvernement sur celle du grand patronat rassemblé dans le MEDEF.

 

 

5.- Refuser la participation d’Alexis Tsipras, le leader de Syriza en Grèce, tête de liste du Front de gauche à l’élection européenne. Que vient faire Alexis Tsipras à cette manifestation, si ce n’est collecter des voix ? Soit on lutte vraiment contre l’austérité, soit on fait une opération électorale en prenant la lutte contre l’austérité comme prétexte. C’est manifestement la deuxième solution qui a été choisie par les organisateurs. C’est d’autant plus regrettable que le leader de Syriza, avec le soutien du Parti de la gauche européenne (PGE), dont sont membres le PCF et le PG, s’est porté candidat à la présidence de la Commission européenne. C’est hallucinant ! On voit mal comment un président de la Commission européenne se réclamant de la « gauche » pourrait changer quoi que ce soit puisqu’il serait minoritaire et que de toute manière son rôle ne serait que d’appliquer les traités européens. En procédant de la sorte, Alexis Tsipras et le PGE (et donc le PCF et le PG) contribuent à la légitimation de tout le système de l’Union européenne. C’est gravement mystifier les électeurs qui devront sanctionner ces comportements par le boycott le 25 mai.

 

 

6.- Appeler le peuple à manifester, pas simplement la gauche. Pourquoi cette manifestation ne s’adresse-t-elle qu’à ceux qui se réclament de la « gauche » puisqu’on nous dit que « c’est un appel qu’on lance ensemble pour construire la mobilisation de ceux qui voudront exprimer un ras-le-bol de gauche à la politique du gouvernement ». C’est le peuple qui doit être appelé à se lever contre le gouvernement et l’Union européenne ! Dès le départ cette manifestation signe son échec car on ne voit pas comment les politiques d’austérité pourraient être remises en cause sans une mobilisation large et déterminée de tout le peuple.

 

Cette manifestation vise en réalité à favoriser le vote pour les listes du Front de gauche à l’élection européenne du 25 mai. Le M’PEP ne peut donc y participer car notre Mouvement ne veut pas entretenir de confusion. Le M’PEP est engagé en faveur d’une véritable rupture avec l’Union européenne et l’euro, et il dénonce la mascarade démocratique de l’élection du Parlement européen. C’est pourquoi il appelle au boycott de l’élection européenne. Le 25 mai, la seule réponse pour délégitimer le système eurolibéral sera le boycott citoyen.

2 commentaires

  1. C’est quand même désolant d’enfourcher le cheval de bataille du FN. LePen ! Clair, l’Europe sociale manque à l’appel depuis le départ ! C’est cela à revendiquer et dénoncer l’incapacité capitaliste sur cette voie ! Je ne suis pas partisan pour ces raisons à l’abstention !

  2. je suis globalement d’accord avec le M’Pep sur sa prise de position sur la marche (et pas seulement parce que c’est une opération euro-électorale, mais surtout que ne plus manifester qu’à Paris (voire à Bruxelles) c’est un grand aveu de faiblesse: on doit manifester là où on souffre, c’est le meilleur gage de regrouper des gens. Paris, ça tient de la manif spectacle.
    Néanmoins, un dirigeant du « réseau FVR » aurait pu et du se fendre d’un texte du réseau…
    C’est là un aveu d’impuissance du réseau, qui va « chercher son impuissance avec les dents »: j’ai renoncé à tenter de m’y joindre tant le pouvoir d’initiative n’y est dévolu qu’aux blogueurs, et aux gérontocrates qui n’impulsent aucune vie ni aucun débat avec leurs blogs.


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